Portrait de Maker #144 : Aurélien Vollé

Aurélien Vollé alias Chuk Cosplay & Fx, a entamé son parcours en 2008, influencé par Iron Man, transitant de l’origami géant à la maîtrise de l’impression 3D. L’intégration de l’impression 3D depuis 2013/2014 a transformé radicalement ses créations, abandonnant les armures en Pepakura au profit d’œuvres en mousse EVA et impression 3D. Ses recommandations incluent les imprimantes Ender 3 pour les débutants et l’impression résine pour la figurine, démontrant ainsi son expertise. Chaque année, son jardin de 5000 m² se métamorphose en un musée d’Halloween. Le thème Harry Potter a marqué l’édition 2023, mettant en avant des détails minutieux, notamment la Ford Anglia et le Poudlard Express. Aurélien envisage l’aménagement d’un espace dédié à la peinture et prépare des projets ambitieux pour 2024, tels qu’une Stargate et une Ecto-1, tout en cherchant des partenaires pour ces défis impressionnants.

Qui es-tu ?

Moi c’est Aurélien allias Chuk Cosplay & Fx.

Comment ton parcours, évoluant de l’origami géant à la maîtrise de l’impression 3D, s’est entremêlé avec ta passion pour la culture geek et le cosplay, et d’où tires-tu cette inspiration ?

Passionné de super-héros et de costumes depuis tout petit, je me suis vraiment plongé dans le cosplay en 2008 après avoir vu le film Iron Man au cinéma. Je suis rentré chez moi et je me suis dit qu’il fallait que je fasse cette armure. Après pas mal de mois de travail, j’ai sorti ma première armure en Pepakura, papier recouvert de résine.

Ensuite, j’ai évolué vers la mousse EVA, et maintenant, quasiment toutes mes armures et mes props sont en impression 3D. Je suis en train d’évoluer doucement pour créer un Fablab associatif afin de partager ma passion et de faire découvrir aux personnes qui n’ont pas forcément l’âme d’un bricoleur, mais qui sont motivées, que le cosplay est accessible à tous ceux qui le souhaitent.

Comment l’impression 3D est devenue une composante essentielle de ta créativité quotidienne ?

J’ai commencé à m’équiper en imprimantes en 2013/2014. Je voulais tester et voir si je pouvais réaliser de grandes pièces, comme des casques, des armures, ou des blasters, tout ce qui pourrait remplacer le moulage et la résine. À l’époque, j’étais en appartement, et il était compliqué de travailler avec de la résine polyester sur la table de la salle à manger.

J’ai réalisé une première armure de cette manière, et cela s’est avéré très compliqué lorsque l’on n’a pas la structure adéquate. La mousse EVA restait un bon compromis mais restait encore un peu longue à réaliser. Ainsi, je suis passé à ma première armure imprimée sur l’Anet 8 en 2015, et cela a changé ma vie de cosplayer.

Depuis ce moment, l’atelier s’est agrandi avec l’ajout d’imprimantes, puis d’une découpeuse laser, et maintenant d’une machine-outil. L’année prochaine, je pense que l’atelier de forge/fonderie viendra en plus, ainsi que la mise en place des machines pour le recyclage du plastique. Tout est déjà prêt, mais il faut construire les structures à l’extérieur en fonction des besoins de chaque atelier.

Quels sont tes projets d’impression 3D en cours, qu’il s’agisse de pièces artistiques uniques ou de séries industrielles ?

Eh bien, cela est très diversifié. On peut me contacter du jour au lendemain pour donner un coup de main sur une grosse série de pièces, ou alors un designer veut faire imprimer l’une de ses créations pour une exposition, ou encore un prototype pour le milieu médical.

Actuellement, je suis sur plusieurs projets. Je dois finir une armure de Buzz, j’ai un Master Chief qui est fini d’imprimer, sur lequel il me reste beaucoup de travail de post-traitement. J’ai aussi une armure d’Iron Man à terminer, trois gremlins, un crâne de T. rex échelle 1, et quelques projets à droite à gauche. C’est très varié…

Quels conseils donnerais tu à celles et ceux qui cherchent à choisir une imprimante 3D en fonction de leurs besoins ?

C’est une très bonne question. Personnellement, je n’achète que des imprimantes d’occasion de la même marque, et quasiment toujours les mêmes modèles. Surtout, évitez les imprimantes à la mode. Tout le monde se jette dessus, et finalement, lorsque les problèmes arrivent, tout le monde se retrouve à les revendre.

Si vous débutez, trouvez une imprimante qui a déjà fait ses preuves, avec un plateau entre 25 et 30 cm. Ne prenez surtout pas d’imprimantes « jouet » que l’on trouve en grande surface. C’est juste bon à être dégoûté de l’impression 3D. Sans faire de publicité, je conseille les Ender 3 basiques depuis des années.

Je passe plus ou moins 400 kg de PLA par an, et je peux vous assurer que ce sont de très bonnes machines. Il suffit de changer quelques pièces, comme les ressorts et l’entraînement d’extrudeur, et ces imprimantes ne vous laisseront pas tomber.

Pour les personnes qui voudraient faire uniquement de la figurine, là il faudra se tourner vers l’impression résine. C’est assez contraignant, mais il faut suivre un certain mode opératoire pour finalement obtenir des pièces exceptionnelles assez rapidement.

Depuis quelques années, les 5000 m² de ton jardin se métamorphosent en un musée de l’horreur pour Halloween. Le thème de cette année était Harry Potter, et le moins que l’on puisse dire, c’est que tu as le souci du détail. De la voiture volante au Poudlard Express, on s’y serait cru. Peux-tu nous fournir des détails sur cette exposition annuelle qui rassemble plusieurs milliers de visiteurs et nous dire comment t’es venue cette idée folle ?

Eh bien, tout a commencé lorsque nous avons déménagé. Nous avons quitté un appartement de 40 m² pour notre maison actuelle, et vu la façade atypique de la maison, je me suis dit qu’il faudrait vraiment l’exploiter. À peine arrivé, encore le nez dans les cartons, j’ai organisé une mini-expo pour Halloween en 2018 avec quelques mannequins, une enceinte, et des bonbons pour les enfants.

D’année en année, de plus en plus de gens se sont donné le mot, et nous en sommes arrivés à cette édition assez conséquente.

En effet, c’est un, voire deux ans de préparation pour Halloween et ensuite pour Noël qui suit très rapidement. L’ambiance n’est pas tout à fait horrifique ; nous sommes plus sur une ambiance familiale. D’ailleurs, ma famille est également impliquée, ainsi que mes voisins. Chacun apporte sa touche lors de l’événement. Toute l’année, des gens me ramènent des matériaux ou des objets qui pourraient me servir, ce qui crée une véritable notion d’échange, devenu plutôt rare.

Cette année, j’ai ciblé le thème sur la saga Harry Potter, trouvant que cela se marie très bien avec le style de l’événement, et je voulais vraiment faire plaisir aux fans.

Quant à la voiture et au train, on peut dire que c’était le gros défi de cette année !

Le train était un projet que je voulais réaliser depuis plusieurs années, mais avec un budget limité, c’était compliqué. J’ai récupéré des blocs de polystyrène dans une entreprise qui devait payer pour leur recyclage, ce qui m’a permis de sauver le stock et de valoriser les déchets en même temps. Pratiquement tout est en récupération.

Cela m’a pris plusieurs années pour réunir tout le matériel adéquat. J’ai travaillé en fonction des plans trouvés en contactant des clubs de modélisme ferroviaires en Écosse, et j’ai converti toutes les cotes en centimètres. Il a fallu calculer pas mal de cotes non présentes sur les plans.

J’ai dû créer une machine à découper le polystyrène en grand format, car la citerne mesure 1m80 de diamètre sur 8m de long, donc impossible de travailler avec le matériel du commerce, déjà hors de prix et surtout qui n’est pas adapté à cette taille.

Mon père est venu me donner un coup de main pour finir la loco, et nous avons passé une semaine à travailler sous la pluie pour qu’elle soit finie le jour J.

En ce qui concerne la Ford Anglia, après avoir fait plusieurs devis à des prix exorbitants, j’ai décidé de chercher une voiture moi-même.

Après presque 7 mois de recherche, j’en ai trouvé une à 800 km de chez moi, mais j’ai fait la route, très motivé. Une fois rapatriée, j’ai démonté le moteur, la boîte, ainsi que tout ce qui ne me servirait plus et qui pouvait me faire gagner du poids. Il a fallu la poncer et la peindre. Ensuite, j’ai recherché les bons enjoliveurs, les bonnes flasques rétroviseurs.

J’ai fait faire les plaques d’immatriculation avec une police des années 60 identique au film. J’ai repassé le volant à droite, travaillé sur une Edwige et sa cage pour mettre dans la voiture, comme dans la chambre des secrets. Je suis plutôt content du résultat.

Quelles compétences sont nécessaires pour réaliser de telles répliques, et quelles difficultés as-tu rencontrées ?

Je pense qu’il faut toucher à tout sans se poser de questions. Si je n’obtiens pas un résultat satisfaisant, je recommence, car cela me permet de comprendre que la première approche n’était pas la bonne. Le plus important lorsque l’on s’attaque à des projets assez conséquents, c’est de garder la motivation et la constance.

Surtout, j’essaie de mettre tout mon cœur dans ce que je fais. Je pense à la joie que cela procurera aux enfants. Quand je crée quelque chose, c’est comme si mon enfant intérieur me disait, « On va faire ça, c’est cool. » La réaction des gens, petits ou grands, est ce qui me motive à continuer et me conforte dans l’idée que j’ai choisi la bonne direction.

Les difficultés que j’ai rencontrées sont principalement d’ordre budgétaire, ce qui me pousse à être créatif. Je récupère des objets dans les encombrants et demande aux gens s’ils ont du matériel, du bois, de la visserie. C’est vraiment le gros point noir. Ensuite, c’est le manque de temps.

Malgré mes efforts pour m’y prendre à l’avance, j’ai toujours du mal à réaliser tout ce qui était prévu. Pour finir, il y a le climat. En général, nous sommes confrontés à la saison des tempêtes, des pluies torrentielles, ce qui retarde énormément l’installation électrique des mannequins ou même la finition des décors extérieurs.

Quels sont tes objectifs actuels en matière de création, as-tu des projets spécifiques sur lesquels tu travailles en ce moment ?

J’ai un objectif à atteindre l’année prochaine : créer un espace dédié à la peinture. J’ai besoin d’améliorer mes finitions en utilisant de meilleurs produits, mais pour cela, il faut créer une atmosphère propice à la peinture. Affaire à suivre.

Deux gros projets me tiennent à cœur pour 2024. Tout d’abord, je souhaite réaliser une Stargate à l’échelle originale, soit environ 6 mètres de diamètre. Si le temps le permet, j’aimerais également entamer la construction d’une Ecto-1 de Ghostbusters, également à l’échelle de 6 mètres. Je suis à la recherche de partenaires ou sponsors pour fournir du filament pour ces deux projets.

Jean-Marc Méléard
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