Portrait de Maker #91 : Ophélie Cornec

Amoureuse de la mer, passionnée, créative et toujours de bonne humeur, Ophélie alias Atelier Cosmique fabrique des trucs en résine avec des paillettes dans sa cuisine ✨ Les déchets retrouvés sur la plage sont pour elle un trésor qu’elle emprisonne dans la résine. Le résultat est haut en couleur et la démarche engagée. Une chose est sûre, vous n’avez pas fini d’entendre parler d’elle !

Qui es-tu ?

Je m’appelle Ophélie et j’adore ramasser des déchets sur la plage pour leur donner une seconde vie. Avec des paillettes. Presque toujours.

Créative et engagée, tu es la fondatrice de l’Atelier Cosmique qui consiste à fabriquer des trucs avec de la résine. Quel a été ton parcours et d’où te vient cette passion pour ce matériau et pour les arts plastiques en général ?

J’ai un parcours complètement atypique, j’ai un bac L spécialité arts plastiques, j’ai toujours travaillé dans la relation clients, et un BTS commerce international mais je n’ai jamais trop voulu bosser là-dedans.

J’ai fait une reconversion dans les métiers du digital il y a deux ans, j’ai trouvé un CDI dans la branche que je voulais post premier confinement, qui n’a duré que 4 mois car dépôt de bilan. Ça m’a fichu un sacré coup. J’ai enchaîné les entretiens mais rien. Donc je suis allée prendre l’air au Cap Ferret en plein hiver nettoyer la dune pour réfléchir à quoi faire.

En gros j’ai toujours aimé coller des trucs et en bricoler d’autres. J’ai plastifié du bacon à la plastifieuse avec des paillettes il y a quelques années, je fabrique des pinatas, je brode sur du carton… mais le côté conservateur de la résine me fascine.

Les trucs sont figés dans mes machins pour l’éternité. Genre ces emballages jaunes en polystyrène (pour les kebabs par exemple), eh bah ils sont interdits depuis peu. J’aime bien pouvoir faire des objets où tu peux observer des choses qui sont amenées à disparaître.

J’avais commencé à bricoler des trucs en résine et même des moules au premier confinement, et j’en offrais à droite à gauche. Et apparemment ça plaisait !

Donc pourquoi ne pas essayer ? (ça c’est mes copines qui me disaient ça, moi j’avais peur, mais un jour je sais pas, j’ai tenté, j’ai créé mon insta).

Ton créneau avec l’Atelier Cosmique : emprisonner des déchets que tu ramasses sur la plage dans de la résine. Comment t’es venu l’idée d’un tel projet et quel a été l’élément déclencheur ?

La mer c’est génial. On le sait tous, mais moi je l’utilise un peu comme un médicament.

Parfois, quand j’étais trop stressée à cause du travail, je faisais très facilement un aller-retour à Saint-Malo pour piquer une tête et faire redescendre la pression, hiver comme été. Avec même une préférence pour l’hiver.

Et à chaque fois, trouver des déchets même sur une plage déserte, ça me rendait triste donc je ramassais. Ça a commencé par les mégots en haut des escaliers.

Puis je me suis prise de passion pour ces saletés de larmes de sirène (microgranulés de plastique qui ressemblent à des jolis mini-cailloux et servent à faire des bidons par exemple).

Tu secoues les algues à St Malo tu es sûr d’en trouver. Je passe des heures à fouiller le sable, les algues et les rochers et je vois pas le temps passer, c’est un peu comme une chasse au trésor.

Puis il y a eu de plus en plus de trouvailles rigolotes, des bougies d’anniversaire, des leurres de pêche à paillettes, des bouchons de sérum physiologique… et sans m’en rendre compte je me suis mise à imaginer leurs histoires. Comment ces trucs sont arrivés jusque là ?

Et il y a aussi les perles phosphorescentes des pêcheurs. Au début, je croyais que c’était un bracelet. J’ai trouvé 5 perles vertes sur la même plage, sur plusieurs semaines, j’en ai parlé sur mon insta perso “est ce que je vais réussir à reconstituer ce bracelet en entier ?” et on m’a répondu que ça fait partie des accessoires de pêche. Voilà. J’en apprends tous les jours. Et c’est le côté très cool des réseaux sociaux.

Quelles techniques de fabrication utilises-tu pour réaliser tes créations ?

J’utilise de la résine que je mélange à un catalyseur, le mélange se solidifie en une douzaine d’heures.

Comme j’utilise des matériaux toujours un peu différents, il y a souvent des surprises. Ça flotte, ça fait des bulles, la résine prend mal… J’ai testé la résine bio, ça a été une cata car elle rejette tout ce qu’on met dedans en moussant.

Et elle coûte très cher donc j’étais super déçue.

Puis finalement je vais bientôt en commander à nouveau car j’ai un peu appris à la dompter. J’ai toujours été nulle en physique-chimie mais par contre j’aime beaucoup les réactions chimiques.

Je dois aussi beaucoup jouer sur les couches, les superpositions.

Et puis chaque session de résine se fait en musique, sur une playlist précise. Des fois je chante (très souvent mais souvent faux aussi, vaut mieux pas m’entendre).

À quoi ressemblent les trucs que tu fabriques ?

Je dirais qu’on part sur une base de produits assez bruts : souvent bien attaqués par leur précédente vie et par la mer, que j’essaie de rendre agréable à l’œil alors qu’en temps normal on se serait (au mieux) contenté de le jeter à la poubelle.

J’aime beaucoup les jeux de lumière donc une grosse partie de mon travail est constituée de papiers holographiques de seconde main, de pigments phosphorescents et de paillettes.

(Je sais que les paillettes ne sont pas la meilleure chose qui existe pour l’environnement mais au moins les miennes, elles ne risquent pas de se retrouver dans l’eau et je travaille en pleine conscience écologique en réutilisant au max les ustensiles par exemple).

En gros je veux fabriquer des trucs qui te font du bien quand tu les regardes et qui te permettent éventuellement de lancer une conversation ou pour briller en société : “tu connais les larmes de sirène ? Non ? Regarde ça ressemble à ça et c’est une cata environnementale” (BIM : conversation lancée !)

Tu es actuellement en résidence à l’Hôtel Pasteur pour travailler sur ton projet. Que t’apportes ce lieu des possibles et quels sont tes objectifs ?

Je connaissais déjà le lieu depuis La première édition de Teenage Kicks, un pote m’avait conviée au vernissage et wow !

Mais j’ai surtout rencontré Marie Derrien car elle a acheté un de mes machins.

Elle est très cool (et très douée) donc on s’est revues, dont à Pasteur, où elle faisait sa résidence. J’ai découvert le fonctionnement : mise à disposition d’une chambre pour créer. Il faut avoir un besoin et si les dispos le permettent, l’asso te laisse les clés pour une durée maximum de 3 mois afin de laisser place à d’autres, eux aussi dans le besoin. Il y a un principe de réciprocité, apporter ce que tu peux apporter au lieu.

J’ai aussi découvert l’ancienne fac dentaire fraîchement refaite, remplie de good vibes, avec l’école maternelle au rez-de-chaussée et son lot de petits mignons.

Et j’ai donc eu la chance d’hériter de la chambre que Marie avait occupée. Je travaille face à cette trop belle fresque qu’elle a laissée et je rencontre souvent de chouettes personnes.

Mon objectif principal est de voir si un atelier m’aide à produire convenablement et à développer la Cosmiquerie. Et profiter des good vibes au max.

Si tout se passe bien je participe à un super event en fin d’année aussi.

Je n’en parle pas pour l’instant pour ne pas me porter la poisse mais je suis trop trop contente !

Où peut-on se procurer tes créations, as-tu une boutique en ligne ?

Je me suis contentée jusque-là de poster mes produits à coup de “drops”, en fonction de ce que je pouvais produire. C’est toujours assez ric-rac, en gros je produits pour vendre pour pouvoir racheter de la résine pour pouvoir reproduire et revendre.

Et comme les produits que je postais partaient rapidement, je ne me suis pas tant souciée de cette problématique.

Mais ma (trop cool) communauté grandit et il faut que je grandisse avec.

Donc j’ai commencé à parler de ça à droite à gauche.

Et c’est là que la magie MakeMe Family opère à nouveau, après la merveilleuse édition du Nantes Maker Campus 2021.

Vous allez très très trèèèès bientôt pouvoir trouver mes machins sur une vraie plateforme de vente.

Quelles sont tes ambitions pour les mois à venir ?

Développer la vague cosmique au maximum car j’aime tellement tout ce qui se passe autour de ce projet. Les rencontres, les échanges, ma place à Pasteur c’est fou !

Il va aussi falloir que je me remette à chercher du travail mais je fonctionne par étapes et la prochaine étape c’est la fin de l’année.

La dernière fois que j’avais un goal c’est le Nantes Maker Campus et wow tout ce qui est arrivé depuis est trop cool.

Puis continuer à nettoyer les plages, faire en sorte que la mairie de Saint-Malo accroche définitivement ma poubelle à l’entrée de ma plage et vivre une joyeuse vie aussi ! Être plus concise peut-être ?

Jean-Marc Méléard
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