Passionné du 7ème art depuis le plus jeune âge, Ronan Liot en a fait son métier et est aujourd’hui CEO de BPI Studio, une entreprise spécialisée dans la création et l’animation d’expressions faciales pour le cinéma et le jeu vidéo. En l’espace de quelques années, BPI Studio a pu travailler pour de nombreuses franchises internationales et de prestigieux studios tels que Dynamixyz, 2K, Asobo Studio, Unit Image et ainsi apporter son savoir faire sur des projets diffusés en TV ou sur des plateformes de streaming comme Netflix avec par exemple « Derrière la faille » issu de la série “Love death and Robots”.
Qui es-tu ?
Je suis Ronan Liot, CEO de BPI Studio, entreprise créée en 2006 avec Marc Mordelet, directeur artistique et spécialiste du visage en 3D depuis de nombreuses années (modélisation, rigging, animation et rendu).
BPI Studio (Bretagne Production International) est une société spécialisée dans la création et la production de films. Quel a été ton parcours et d’où te vient cet intérêt pour le 7ème art ?
Petit, j’avalais des séries et des docus dès que c’était possible. Des histoires, des rythmes, des sujets, des acteurs tous différents… quoi qu’il en soit dès qu’une chaîne était allumée (il n’y en avait que 6 en France à cette époque là) je commençais mon repas.
Avec mon frère nous attendions toute la semaine durant “le mardi c’est permis” car c’était le seul soir de la semaine où les parents nous autorisaient à regarder un film. En rentrant de l’école nous regardions des séries au lieu de bosser nos devoirs.
Un jour notre père a coupé la prise d’alim du poste pour qu’on arrête de regarder la télé dans son dos, un peu extrême j’avoue… alors nous étions comme sans réseau… obligé d’aller “faire mes devoirs” chez mon pote Ludo en bas de la rue : Gremlins, Scarface, Le Père Noël est une ordure, Indiana Jones, Il était une fois en Amérique, La mouche, … De nouveaux univers que je ne connaissais pas, j’ai adoré ça…
Au début du collège, j’ai découvert qu’il existait des écoles de cinéma… Incroyable ! On pouvait apprendre à faire du cinéma… J’ai eu comme une révélation : devenir réalisateur de films. On apprend vite qu’on ne devient pas tous réal et moi également.
On apprend surtout qu’un film existe et voit le jour grâce à l’implication de quantité de professionnels, tous plus essentiels les uns que les autres. Plus tard, j’ai eu la chance d’intégrer une option ciné au Lycée St Martin de Rennes avec d’excellents profs, passionnés et amoureux de l’image et du 7ème art.
Peux-tu nous présenter plus en détails BPI Studio et nous dire comment a débuté cette aventure ?
J’ai visionné des quantités de productions et découvert parmi tant d’autres des réals qui m’étaient inconnus : Méliès, Pialat, Kubrick, Miyazaki, Kitano, … J’ai ensuite écrit et réalisé un court-métrage avec Manu, un ami qui continue de nous accompagner, au sein de Bpi Studio, dans nos projets quotidiens. Mais nous étions trop jeunes, avec sans doute une méconnaissance du circuit, pas les bons réflexes et certainement pas les bons partenaires avec qui travailler.
Ce n’est que quelques années plus tard que j’ai rencontré Marc et que nous avons lancé la boîte de prod avec pour ambition de réaliser le premier long-métrage gratuit en animation 3D sur internet… Autant vous dire que le projet est encore dans les cartons !
C’était l’époque du modem 56k et nous étions de parfaits inconnus auprès des partenaires institutionnels qui nous ont conseillé de faire comme tout le monde : nos preuves en anim.
On a vendu des images 3D à destination de plateformes mobiles, bossé dans la pub comme sous-traitant d’agences parisiennes pour des marques comme Dior, Bulgari, Renault, Kérastase (…) et rencontré de nombreux partenaires technologiques différents.
Il y a eu notamment Dynamixyz, avec qui nous avons fait beaucoup de chemin en produisant du contenu et en étant beta tester de leur logiciel de traitement d’animation faciale « Performer ».
Grâce à cette rencontre nous avons développé des compétences en rig et en animation faciale, ce qui nous a permis de travailler sur des projets diffusés en TV ou sur des plateformes de streaming comme Netflix avec par exemple « Derrière la faille » issu de la série “Love death and Robots”.
Beyond the Aquila Rift – Série Love Death and Robots – Studio Unit Image – Réalisation Gabriele Pennacchioli (supervising director), Dominique Boidin, Léon Bérelle
Mais c’est surtout le jeu vidéo qui est très demandeur d’animations faciales. Nous avons donc pu travailler sur « Resident evil 7 », « NBA 2K21 et 22 » ou encore dernièrement « A Plague Tale: Requiem ».
NBA 2K21 – 2K Games – Take-Two Interactive Software, Inc.
A Plague Tale: Requiem – Asobo Studio – Focus Entertainment
Depuis le covid, nous avons posé nos valises au Rheu dans les locaux de Triotech (CL Corp division France). Ils avaient un peu de place, on en cherchait… Ils sont surtout leaders mondiaux dans le milieu des attractions dynamiques. En dehors des sièges, ils sont capables de faire bouger presque n’importe quoi : des ascenseurs, des avions, des trains, …
Quant à nous, nous sommes désireux de produire du contenu pour des « rides » à leurs côtés, alors partager leurs locaux fait sens.
Quelles sont tes principales missions en tant que dirigeant de BPI Studio ?
Dans l’entreprise, je suis, la plupart du temps, le point d’entrée pour chaque projet.
J’organise la prod avec le client. J’évalue le travail que l’on doit réaliser, monte les équipes, veille à ce que la mission soit bien faite en m’assurant du bien-être de chacun tout en respectant les délais de livraison.
Nous travaillons aussi bien pour d’autres studios 3D, que pour des sociétés de production audiovisuelles, des éditeurs de jeux vidéo, des institutionnels, …
Spécialisé dans la 3D et en particulier l’animation faciale, BPI Studio excelle dans ces domaines. Quels logiciels utilisez-vous et quelles compétences sont nécessaires pour les maîtriser ?
Aujourd’hui, nous ne sommes encore qu’un petit studio d’une dizaine de personnes, mais nous avons l’ambition des plus grands et sommes admiratifs de la réussite de nos grands frères.
C’est pour ces raisons que nous devons poursuivre nos investissements et que nous souhaitons nous équiper encore davantage, à la fois pour répondre aux demandes ou en susciter de nouvelles mais aussi pour produire nos propres contenus.
Cela passe par l’acquisition de nouveau matériel de capture de mouvements, de stations 3D encore plus performantes, de matériel audiovisuel spécifique à certains projets, …
Le jeu vidéo qui est en plein essor a également une place importante dans votre travail. Dans la production et dans la réalisation, qu’est-ce qui différencie le jeu vidéo d’un film ou d’une série, utilisez-vous les mêmes techniques et logiciels ?
Que ce soit pour un jeu ou un film, nous utilisons généralement les mêmes logiciels : Performer 2 pour l’animation faciale, Maya pour l’animation, OctaneRender pour du rendu et aussi Unreal Engine pour notre pipe de production en particulier pour les prods temps réel.
En plus de la créativité et du savoir-faire, quel est le secret pour réaliser une belle animation, un bon film ?
Certes, nous maîtrisons toute la chaîne de création 3D, mais pas que. Nous finalisons actuellement le compositing image et son d’un film 180° en relief sur la thématique du moyen-âge, que nous avons réalisé pour la ville de Grand Fougeray avec le soutien de la Région Bretagne et le programme Leader de l’Union Européenne.
Ce qui prime, ce n’est pas tant d’utiliser telle ou telle techno, mais plutôt d’avoir une bonne histoire à raconter. La techno ou le choix du média vient ensuite au service du contenu.
Sur quoi travaillez-vous en ce moment et quels sont vos projets pour le futur ?
Nous avons plusieurs discussions en cours et plusieurs projets sont en train d’émerger tant du côté studio que du côté production : clip, série docu, dessin animé, court-métrage, jeux vidéo… Il faudra suivre nos actus pour voir les projets auxquels nous participons.
