Portrait de Maker #164 : Sandrine Proserpine

Sandrine Proserpine est une artiste aux multiples talents. D’abord peintre, elle a développé son art pendant plus de 40 ans, en se spécialisant dans les portraits et les fresques. En 2022, des problèmes de santé l’ont amenée à explorer la mosaïque, une pratique qui l’a immédiatement passionnée. Aujourd’hui, elle crée des œuvres inspirées des grands maîtres, comme Van Gogh et Klimt, avec une précision minutieuse. À travers son atelier mobile, Pause Créa, elle partage son savoir-faire lors de team buildings et ateliers, offrant une pause créative à tous, tout en poursuivant ses propres projets artistiques.

Qui es-tu ?

Je m’appelle Sandrine PROSERPINE, j’ai 53 ans, et je vis près d’Angers, dans le Maine-et-Loire.

Peux-tu nous parler de ton parcours artistique, depuis tes débuts en tant qu’artiste-peintre jusqu’à ta pratique actuelle de la mosaïque artistique ?

J’ai commencé à dessiner très jeune et j’ai peint ma première toile à 12 ans. J’ai appris le dessin académique aux Beaux-Arts pendant 5 ans, puis j’ai suivi une scolarité artistique jusqu’à 21 ans, en passant un BTS Stylisme.

Pendant 40 ans, j’ai beaucoup produit de peintures, en me spécialisant dans les portraits. J’ai également exercé la peinture en décorant des murs, des vitrines, et des assiettes. Étant touche-à-tout, j’ai testé le modelage après avoir été modèle nu pour plusieurs sculpteurs, et j’ai adoré réaliser mes propres sculptures, en m’inspirant des conseils glanés durant mes heures de pose.

Qu’est-ce qui t’a poussée à explorer le modelage et la mosaïque après avoir longtemps travaillé sur des portraits, des fresques murales et des objets décorés, et comment ton expérience en peinture a-t-elle influencé ton approche de la mosaïque ?

En 2022, j’ai découvert la mosaïque par hasard. Je ne pratiquais plus la peinture depuis 4 ans à cause de problèmes de santé affectant mes bras et mes épaules. Aujourd’hui, je suis atteinte d’un handicap invisible et je dois donc adapter ma pratique à mon état de santé.

Il m’était devenu impossible de peindre sur chevalet, alors j’ai adoré le fait de pouvoir travailler à plat avec la mosaïque. En près de 2 ans de pratique, j’ai réalisé une vingtaine de pièces, et j’adore ça ! Je trouve que c’est un art vibrant qui apporte une autre dimension.

Tu mentionnes une affection particulière pour Van Gogh. En quoi ses œuvres et ses techniques t’ont-elles inspirée dans ton travail en mosaïque ?

Après avoir réalisé un arbre de vie, ma première mosaïque, je me suis essayée au style abstrait, puis j’ai choisi de rendre hommage aux grands maîtres de la peinture. J’ai commencé par Van Gogh, car ses coups de pinceau sont très intéressants à reproduire en mosaïque. Cela nécessite de couper et assembler de très petites pièces, mais le rendu est formidable.

J’ai reproduit deux de ses toiles les plus connues, et je n’exclus pas d’en réaliser une troisième. Dans cette démarche d’hommage, j’ai également travaillé sur des œuvres de De Vinci, Picasso, Dali, et je suis actuellement sur un Klimt. Mes pièces sont de plus en plus grandes et nécessitent entre 2 et 5 mois de travail.

Peux-tu décrire l’évolution de ta pratique artistique au fil des ans ? Comment as-tu trouvé ton style et ta méthode de création en mosaïque ?

J’ai développé une méthode de travail personnelle que j’ai perfectionnée au fil du temps. Je réalise tous mes dessins à main levée, puis je crée mes pièces comme un puzzle. Je trace mes lignes sur les tesselles et je les assemble pour qu’elles s’emboîtent parfaitement. Cela demande de la patience et de la dextérité, mais le résultat est fabuleux.

Peux-tu nous expliquer le concept de Pause Créa ? Quel a été le point de départ pour la création de cet atelier de mosaïque avec l’association d’arts créatifs, et quels sont les objectifs que tu vises à travers cet accompagnement des groupes dans la création d’œuvres personnelles en mosaïque artistique ?

Après être restée en arrêt pendant 4 ans, et n’étant plus capable de travailler sur ordinateur à cause de mes problèmes de santé, j’ai réfléchi à une reconversion. J’étais formatrice et superviseure de centre d’appels, mais j’ai été licenciée pour incapacité.

J’ai donc créé mon activité professionnelle et décidé de mettre à profit mes compétences artistiques au service de mes clients. En tant qu’auto-entrepreneuse, je propose des ateliers artistiques mobiles avec Pause Créa. Je donne des cours de dessin, peinture, modelage ou mosaïque. J’interviens pour des team buildings créatifs, des ateliers de mosaïque lors de mariages, et chez les particuliers, mais aussi dans des lieux tels que des magasins de créateurs, où l’on peut s’inscrire pour des ateliers découverte.

Ma particularité est que je n’ai pas d’atelier fixe : je me déplace chez les particuliers, les associations et les entreprises avec tout le matériel nécessaire, offrant un service clé en main. Mes séances permettent de passer un moment de détente et de convivialité, en groupe ou en individuel. J’offre ainsi une pause créative, qui permet d’explorer sa créativité tout en apprenant de nouvelles techniques artistiques.

Mes ateliers procurent un vrai bien-être, et beaucoup de fierté, car les participants réalisent eux-mêmes leur création, qu’ils garderont toute leur vie. Pour moi, l’art est accessible à tous et se partage. Je constate au fil du temps que chacun est capable de créer de ses mains, ce qui permet une jolie expression de soi. Selon moi, l’art est une forme de thérapie : il permet de se régénérer. Je vois mes clients arriver en me disant « ça va être moche, je suis nul(le) » et repartir avec le sourire et une œuvre réussie, en s’exclamant « C’est moi qui ai fait ça ? Je suis fier(ère) ». C’est un pur bonheur à observer.

Quels sont tes projets actuels dans le domaine de la mosaïque ? Y a-t-il des œuvres spécifiques ou des thèmes que tu explores en ce moment ?

Actuellement, je termine Le Baiser de Klimt, un hommage que je crée avec des tesselles dorées. J’avais envie de donner une dimension étincelante à cette œuvre, un peu comme une pièce de joaillerie. Cela me demande beaucoup de précision, car les pièces sont petites. J’ai encore quelques heures de travail, mais j’ai hâte de la terminer.

As-tu des projets futurs que tu aimerais partager avec nous ? Quelles directions envisages-tu pour ta pratique artistique ?

Ma prochaine œuvre est déjà en réflexion. J’envisage de réaliser La Vague de Hokusai, mais je ne suis pas encore sûre. Mon objectif est de réaliser une exposition en hommage aux grands peintres. J’ai actuellement six mosaïques, et il m’en faudrait encore quatre pour compléter la collection. J’aimerais vraiment faire connaître la mosaïque artistique, qui n’est pas très répandue dans ma région, et partager cet art avec le plus grand nombre.

Comment vois-tu le mouvement Maker et son influence sur ton travail ? En quoi cette approche correspond-elle à ta vision artistique et à tes méthodes de création ?

J’ai rejoint les Makers en 2023 et j’adore ce concept qui réunit tous ceux qui créent ou inventent des pièces ou des concepts autour de la création avec un grand « C ». Je suis émerveillée à chaque fois par ce que propose le Nantes Maker Campus, et je trouve cela très stimulant.

Participer à cet événement depuis deux ans est un moment privilégié pour rencontrer des créateurs français et internationaux, et tisser des liens avec des artistes incroyables. Ce sont aussi des moments de partage exceptionnels avec les visiteurs grâce à l’atelier mosaïque que je propose. Ensemble, nous créons une œuvre collective où les gens se rencontrent et échangent autour de la créativité. C’est une expérience très enrichissante sur le plan humain.

Être Maker, c’est faire et créer, et c’est mon quotidien. Je trouve essentiel de revenir au DIY et de valoriser l’usage de ses mains dans un monde dominé par le numérique, afin de se ressourcer en dehors des écrans. Cela dit, j’ai aussi rencontré des artistes qui utilisent le numérique, et je dois avouer que leurs œuvres sont très réussies. Je ne rejette donc absolument pas cette forme de création, qui complète la mienne.

Enfin, à cinquante ans passés, j’assume pleinement le fait d’être multipotentielle, et d’avoir besoin de m’épanouir à travers plusieurs formes d’art, tout en partageant mes compétences avec mes clients. J’encourage les artistes à essayer de nouvelles techniques et à enrichir leurs capacités créatives, car cela permet de se sentir pleinement artiste, avec un grand « A ». Aujourd’hui, j’ai plusieurs cordes à mon arc, mais la mosaïque me procure un réel sentiment d’accomplissement pour le moment. Cela ne m’empêche pas de penser à revenir un jour à la peinture ou à créer des sculptures plus grandes. Je ne me ferme aucune porte.

Quels conseils donnerais-tu à d’autres artistes qui souhaitent passer de la peinture ou d’autres formes d’art à la mosaïque ?

La mosaïque est accessible à tous, et j’encourage chacun à s’y essayer pour découvrir les bienfaits qu’elle procure, qui sont très différents de ceux ressentis en peinture.

Hâte d’être en 2025 pour le Nantes Maker Campus !

Jean-Marc Méléard
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