Portrait de Maker #158 : Mélanie Bourget

Mélanie Bourget, sculpteure céramiste nantaise, a façonné son parcours depuis l’enfance, explorant d’abord la céramique chez une potière. Après des études en art à Nantes et une carrière dans le spectacle et l’infographie, elle découvre le raku en 2004, transformant sa passion en métier. Ses sculptures unissent réalisme et fantaisie, explorant l’humain à travers des bustes expressifs, souvent ornés de tatouages et coiffures audacieuses, révélés par la technique unique du raku. À travers ses créations, Mélanie cherche à capturer l’émotion et à susciter une réflexion personnelle. Actuellement, elle prépare de nouvelles sculptures de grand format pour des expositions à venir au Luxembourg et Marseille.

Qui es-tu ?

Mélanie Bourget, sculpteure céramiste nantaise.

Peux-tu nous raconter ton parcours et nous dire comment tu es devenue artiste sculpteur céramiste ?

Et bien toute petite je faisais déjà de la céramique chez une potière !

J’ai fait ensuite une école d’art en section peinture/ trompe l’œil à Nantes et j’ai travaillé dans le milieu de spectacle et des événements culturels pendant presque 10 ans avec par exemple la compagnie de théâtre de rue « Royal de Luxe », la compagnie des marionnettes de Nantes, le festival « Les Allumées » à Nantes.

J’ai ensuite travaillé en infographie/multimédia, Chef de projet webmaster quelques années…

Plus tard, en 2004 j’ai découvert le raku par hasard, en voyant une petite expo dans une libraire.. c’est là que j’ai décidé que ce serait mon métier .

En 2008 j’ai fait une formation à la « maison du potier » pour apprendre le tournage, les techniques d’émaillage, de cuissons.. et en parallèle j’ai travaillé en autodidacte la sculpture.

L’année suivante j’ai créé mon premier Atelier de sculpteure céramiste près de Nantes et j’ai fait mes premières expos.

Comment as-tu développé ton style artistique unique, qui allie réalisme et fantaisie tout en restant centré sur l’être humain ?

Après quelques stages de sculpture d’après modèle vivant j’ai commencé à travailler sur le format buste en inventant mes propres personnages et j’ai aussitôt associé les techniques de poterie acquises, émaillage, cuisson raku, à mon travail de sculpture/modelage.

J’avais une approche nouvelle du raku et c’est ce qui a fait la différence.

Le raku était plutôt réservé aux bols ou poteries, petites pièces rapides à réaliser et légères à manipuler( à l’origine cela faisait partie de la cérémonie du thé au Japon).

Appliquer la technique de raku sur de la sculpture est assez risqué car au moment de finaliser sa pièce on remet en jeu toutes les heures de modelage : gros risque de casse avec les manipulations périlleuses à bout de pince à 1000° , le choc thermique qui peut briser la pièce…

Comment choisis-tu les sujets et les thèmes pour tes sculptures figuratives et bustes expressifs, et comment cherches-tu à transmettre des émotions à travers tes œuvres ?

Les inspirations sont vraiment multiples mais je tourne essentiellement autour de l’humain : le buste est un sujet classique dans l’histoire de l’art.
Mes sculptures ne sont pas des portraits, ces visages sont imaginaires mais je m’’attache à percer le mystère de l’âme humaine et de l’ordinaire quotidien, je tente de mettre en exergue l’essentiel en utilisant la gestuelle et les expressions du visage.

Et j’essaie toujours d’apporter une petite note décalée et actuelle, soit par des coiffures extravagantes, des tatouages ou encore des piercings.

Je casse le côté hiératique des visages des bustes classiques, j’essaie au contraire à l’instar d’une photographie, de capter le mouvement, l’émotion, de m’emparer du geste et de l’expression pour restituer un visage, un corps, un être en son intégralité.

Comment la technique du raku, que tu utilises pour tes sculptures, contribue-t-elle à l’expression de l’âme humaine dans tes œuvres ?

Elle y contribue essentiellement avec les craquelures du raku qui semblent donner vie aux sculptures et casse le côté trop lisse et parfait de l’émail, mais aussi avec les contrastes marqués brillant de l’émail / noir mat des parties enfumées :

Le principe de la de cuisson raku est de sortir les pièces du four à 1000° afin de créer un choc thermique, on joue vraiment avec le feu!

Les craquelures provoquées par ce changement brutal de température vont apparaître de manière aléatoire et être révélées par l’enfumage : on jette des copeaux de bois sur la sculpture qui aussitôt s’embrase (naissance par le feu !) puis on étouffe les flammes en recouvrant d’une bassine métallique. À l’intérieur la fumée va pénétrer les craquelures qui seront alors révélées, plus ou moins noircies.

En craquelant l’émail, en créant des chemins d’expression, des fissures telles les cicatrices laissées par le temps, témoins intimes d’une histoire personnelle, la technique du raku participe à l’expression de l’âme de mes sculptures. Il suffit alors d’écouter la terre pour découvrir la vie en ces personnalités singulières et si proches de nous.

Quels sont les messages ou les thèmes que tu cherches à transmettre à travers tes sculptures figuratives et tes bustes expressifs, et comment espères-tu que tes œuvres affectent le public qui les observe ?

J’espère en premier lieu susciter une émotion au public. Il semble parfois illusoire d’avoir la capacité de percer l’âme humaine, l’essence même de l’homme et de son individualité. Je suis dans cette quête, création après création : Mettre à nu les êtres qui peuplent le monde, exposer leur pensée et leurs ressentis, une mission complexe que l’Art, depuis des siècles, s’exerce à développer.

J’essaie que mes bustes nous transportent dans un ailleurs poétique, onirique, un quotidien teinté d’imaginaire.

Parfois sages, parfois sérieux, charmeurs ou encore effrontés, accompagnés ou non d’animaux, de fleurs ou d’ornements, mes sujets prennent encore plus de profondeur grâce au tatouage, retranscrit sur la terre grâce à l’utilisation de la technique de sérigraphie sur argile que j’ai développée.

De grands bustes aux coiffures extravagantes, des femmes aux expressions rocks, espiègles ou langoureuses, des hommes énigmatiques ou rêveurs.. et les tatouages, ces marques sur la peau retracent le parcours de chaque personnage et racontent son histoire, en laissant suffisamment de mystère pour nous inviter à une interprétation toute personnelle.

Sur quoi travailles-tu en ce moment et quels sont tes projets pour les mois à venir ?

Actuellement je me lance dans la réalisation de sculpture de plain-pied en maxi format, et je vais présenter ces nouveautés cet automne à l’occasion des salons d’art contemporain art3f : au Luxembourg, en septembre, et à Marseille en Octobre.

Jean-Marc Méléard
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