Portrait de Maker #92 : Gorka Birot

Ingénieur indépendant en électronique et systèmes embarqués, Gorka Birot s’est donné pour objectif d’alimenter une maison en produisant soi-même son électricité. Branché sur la question et partant du constat qu’aucune technologie ne peut soutenir un monde en croissance, il développe le projet Solambre qui consiste à devenir autonome en électricité en assemblant son propre moyen de production composé d’un poêle à bois, d’un moteur Stirling et d’une parabole solaire.

1/ Qui es-tu ?

Gorka BIROT, père de deux (presque) adorables enfants de 10 et 13 ans, je travaille en tant qu’ingénieur indépendant en électronique et systèmes embarqués.

2/ Ingénieur électronique & logiciel embarqué de formation, tu développes en ce moment un moteur stirling. Quel a été ton parcours et d’où te vient cet intérêt pour les moteurs à combustion ?

L’électronique m’a permis de travailler depuis plus de 15 ans pour des bureaux d’études dans différents domaines d’activité comme l’industrie, l’automobile ou le médical. C’est un travail varié mais, depuis 2 ans, grâce à un collègue qui évoquait Jean-Marc Jancovici, j’ai pris conscience des enjeux du climat.

En approfondissant la question, on se rend compte que la majorité de nos métiers n’ont comme unique sens que d’augmenter nos consommations et donc aggraver le problème. Le verrou à l’inaction étant lié à notre modèle économique, il est illusoire de croire que l’on va amorcer une décroissance volontaire.

Les débats actuels pour la présidence montrent que les idéologies (capitalisme, anti-nucléaire, pro-ENR,…) prévalent sur les faits : aucune technologie ne peut soutenir un monde en croissance. Une fois ce réjouissant constat effectué, l’issue la plus probable est l’effondrement de nos modes de production car nous nous entêtons à consommer toujours plus. Reste à trouver la meilleure façon d’agir : convaincre de changer ou s’adapter.

De nature pragmatique, je préfère commencer à améliorer notre adaptation car cela permet aussi de sensibiliser en montrant des solutions concrètes. J’essaie donc d’orienter mon activité vers la résilience énergétique avec cette question simple : Peut-on produire de l’électricité localement, de façon durable au moyen d’un système réparable ?

L’énergie solaire thermique (et non photovoltaïque) est une solution répondant à tous les critères car son exploitation repose sur un principe simple : chauffer pour faire tourner un moteur afin d’entraîner une génératrice. C’est ainsi que j’ai redécouvert le moteur Stirling qui nécessite uniquement une source de chaleur pour tourner : la chaleur peut être issue de la concentration des rayons du soleil ou d’un foyer de combustion comme un poêle à bois.

3/ Peux-tu nous en dire davantage sur le projet que tu développes, quel est le but et à qui s’adresse-t-il ?

Le projet Solambre permet au particulier de devenir autonome en électricité en assemblant son propre moyen de production composé d’un poêle à bois, d’un moteur Stirling et d’une parabole solaire.

En plus de générer de l’électricité, il est possible de récupérer la chaleur produite. Cette production simultanée d’électricité et de chauffage est appelée cogénération et permet d’exploiter pleinement l’énergie contenue dans la biomasse.

La cogénération fait partie des recommandations du GIEC afin de diminuer nos émissions de CO2.

En effet, il faut savoir que la production d’électricité (nucléaire, charbon,…) consiste avant tout à produire de la chaleur perdue et un peu d’électricité. En décentralisant la production, il devient possible d’exploiter la chaleur pour l’eau chaude ou le chauffage et ainsi extraire un maximum d’énergie de la ressource utilisée.

À terme, l’objectif est de certifier la solution afin d’en faciliter l’installation et donc la diffusion de cette technologie.

4/ Quelles compétences sont nécessaires pour mener à bien un projet comme celui-ci ?

Le résultat final de la maquette nécessite de souder, découper du bois, assembler de l’électronique et programmer.

Il est relativement facile de s’y mettre ou de s’entourer quand la motivation est bien ancrée.

Concrètement, les compétences s’acquièrent par l’expérience hors celle-ci peut prendre beaucoup de temps donc j’essaie de trouver un équilibre entre documentations préalables, échanges avec des personnes compétentes puis expérimentation.

5/ As-tu rencontré des difficultés pour développer ton projet et si oui quelles sont-elles et quelles solutions as-tu trouvé pour y remédier ?

Si je touchais de l’argent à chaque difficulté je serais riche !

Même si la technologie de ce projet n’est pas le coeur de mon métier cela reste du développement et la solution réside en deux mots: « essayer » et « recommencer ».

Au-delà de la blague, il convient surtout de se documenter pour échanger au mieux avec des personnes expertes puis de s’entourer de compétences. C’est ainsi que j’ai découvert l’équipe de l’Etabli aux Ponts-de-Cé qui m’a de suite permis de réaliser la première maquette et offert la possibilité de présenter le projet.

6/ Quels sont tes objectifs pour les mois à venir ?

Alimenter une maison !

La maquette de démonstration montre le principe de fonctionnement, les retours sont positifs et maintenant il faut concrétiser en réalisant une maquette fonctionnelle.

Cette prochaine maquette permettra de montrer la faisabilité et j’espère, l’intérêt des particuliers pour la solution.

Le cas échéant, l’objectif final est d’industrialiser et certifier la solution afin de la rendre accessible en auto-construction. Cette prochaine maquette sera conçue autour de la gazéification du bois afin d’alimenter d’autres types de moteur en plus du Stirling…la suite dans quelques semaines 😉

7/ As-tu d’autres projets en développement et si oui lesquels ?

Il y a toujours des idées mais je me focalise sur celui-ci car c’est déjà un assemblage de plusieurs projets.

Jean-Marc Méléard
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