Curieuse et touche-à-tout au quotidien, le parcours de Sarah Lacaze est impressionnant. Archéologue de formation puis ingénieur en prospection géophysique, c’est aujourd’hui en tant que Médiatrice scientifique et auteur pour les Editions ENI que Sarah excelle. Proposant des ateliers à destination des établissements scolaires, périscolaires et culturels dans divers domaines allant de la Préhistoire au futur, la transmission et l’enseignement sont devenus pour elle une véritable passion.
Qui êtes-vous ?
Vaste question. Je me décris sur mon compte Twitter comme « Curieuse de nature et touche à tout au quotidien ». En préambule aux conférences de présentation de mes ouvrages je spécifie à mon auditoire que : « Je ne suis pas une scientifique, encore moins une informaticienne. Je suis une pédagogue ».
Je crée de petits projets ludiques à partir d’objets de récupération en ajoutant des LED, des moteurs, etc. Je puise mon inspiration dans les jeux et jouets de mon enfance.
Archéologue de formation, vous êtes aujourd’hui Médiatrice scientifique et auteur. Quel a été votre parcours ?
J’ai fait des études d’Histoire et d’Archéologue. Et je me destinais à une carrière d’Égyptologue. C’est tout à fait par hasard, après avoir été ingénieur en prospection géophysique, que j’ai découvert le métier de médiatrice … en travaillant sur une exposition au Musée de l’Air et de l’Espace du Bourget. Je sais, il n’y a aucun rapport entre l’archéologie et l’aviation, mais je suis curieuse et touche à tout ! Quand j’étais enfant, je voulais être archéologue ou astronaute.
Le métier de médiateur consiste à faire le lien entre le domaine de la recherche et le grand public. C’est un travail de « vulgarisation ». Ce terme est souvent perçu comme péjoratif.
En découvrant ce métier, il y a maintenant une quinzaine d’années, j’ai ajouté une nouvelle passion à mon arc : la transmission et l’enseignement, et ce quel que soit le domaine. Cela nécessite de toujours se renouveler et d’apprendre de nouvelles choses, ce qui me convient parfaitement.
Écrire des ouvrages techniques a été une suite logique, mais fut un pur hasard. J’ai eu la chance d’être acceptée par les éditions ENI malgré mon profil atypique dans le monde de l’informatique et de la programmation.
Scratch et Raspberry Pi sont des outils que vous maîtrisez à la perfection. Comment en êtes-vous arrivée à les utiliser et quel a été l’élément déclencheur ?
L’élément déclencheur a été le besoin d’enseigner la programmation et de trouver un outil adapté. Pour la petite histoire, c’est à la demande d’un directeur de centre d’animation que j’ai commencé à encadrer des ateliers de robotique, car il ne trouvait pas d’animateur fiable. Pour lui rendre service, j’ai relevé le défi !
Afin de répondre aux besoins des élèves et à leurs connaissances, je me suis mise en quête d’un outil de programmation en français accessible aux enfants. J’ai découvert Scratch et le langage visuel, le langage par blocs. À l’époque nous étions à la version 1.4 de Scratch. Ce fut la première étape vers l’apprentissage de la programmation pour eux, comme pour moi. Dans un deuxième temps pour aborder l’électronique et la robotique j’ai recherché une carte adaptée aux plus jeunes. Mon choix s’est arrêté sur le Raspberry Pi. Finalement le Chat et la Framboise forment un bon duo pour l’apprentissage !
Depuis 2012, vous concevez et réalisez des ateliers pour les établissements scolaires, périscolaires et culturels. Pouvez-vous nous en dire davantage sur le contenu et le but de vos ateliers ?
Le contenu des ateliers que je propose est très vaste. Je le résumerai à travers la remarque faite par le fils d’une amie : de la Préhistoire au Futur ! En effet, dans la même semaine, je peux faire du feu dans un collège (non pas en frottant deux morceaux de silex, mais une marcassite et un silex, ou deux morceaux de bois). Initier des enfants du primaire aux secrets des hiéroglyphes. Confectionner des montgolfières, fabriquer du slim, construire une voiture électrique ou un drawbot, revisiter Molière avec Scratch.
Le but de ces ateliers ? Enseigner d’une manière ludique et active. Que ce soit dans le cadre de centres d’animations, dans des classes du primaire ou du collège, les ateliers que je propose sont basés sur la manipulation. J’ai réussi mon travail quand les enseignants me font remarquer que des élèves, en échec scolaire, se révèlent dans le cadre de mes interventions et participent activement.
Auteur d’ouvrages techniques et de vidéos pour les Editions ENI depuis 2016, vous avez écrit trois livres sur le logiciel Scratch et sur le Raspberry Pi. Quels sont-ils ?
Scratch – S’initier à a la programmation par le jeu (2016)
Scratch et Raspberry Pi – S’initier à l’électronique et à la robotique par le jeu, co-signé avec François MOCQ (2017).
Scratch 3 – S’initier à la programmation et à la robotique par le jeu (2019).
À qui ces livres sont-ils destinés et que peut-on y apprendre ?
Ces ouvrages sont destinés à toute personne qui souhaite découvrir ou faire découvrir la programmation avec Scratch et l’électronique avec Raspberry Pi et Scratch. Je les ai conçus de manière à ce qu’ils soient accessibles à un public d’adultes, mais également d’enfants grâce aux nombreux exemples qui y sont développés. La plupart des projets décrits ont été testés par mes élèves.
Maker dans l’âme et adepte des FabLabs, que vous inspire ce mouvement et ces laboratoires de fabrication ?
J’ai entendu parler pour la première fois du mouvement des FabLab à travers le projet RepRap. Le principe, basé sur le partage, consistait à créer une imprimante 3D auto réplicable. Chaque personne qui obtenait les pièces pour construire son imprimante, devait à son tour imprimer les pièces pour un futur propriétaire, et ainsi de suite.
C’est ce côté partage qui m’a le plus plu. Petit à petit j’ai découvert tous les outils utilisés dans un FabLab mais je n’ai pas encore eu le temps de tous les prendre en main.
La découpeuse laser est notamment un outil incroyable. Je l’ai utilisé pour la première fois afin de réaliser des claveaux (éléments de voutes) pour du matériel pédagogique sur l’architecture médiévale. Dans un premier temps j’ai fréquenté les FabLab pour les ressources machines afin de créer mon propre matériel pédagogique lié à l’archéologie. Aujourd’hui c’est plus un lieu de création pour mes projets personnels liés à l’électronique et à la robotique.
Toujours à la recherche de nouveaux objets à transformer, et créative, vous êtes une passionnée. Sur quoi travaillez-vous en ce moment ?
Je travaille sur plusieurs choses à la fois. J’ai un carnet rempli d’idées, comme la plupart des Makers, je pense.
Dans le domaine de la transformation et de la récupération, je prépare actuellement un petit tuto pour recycler une lampe LED pour Halloween en utilisant une LED RGB.
Au mois de novembre, je vais proposer une série de « défi » à travers mon blog et Twitter pour permettre à tous ceux qui le souhaitent de se familiariser avec Scratch d’une manière ludique. Et montrer que « Scratch ce n’est pas que pour les enfants » et « qu’on ne fait pas que des maths avec ».
Dans le cadre de mon troisième ouvrage consacré à Scratch 3 ma maison d’édition m’a demandé de réaliser de nouvelles vidéos. Ce n’est pas un exercice facile, mais j’aime les défis.
Enfin, l’année 2020 sera une année encore riche en salons notamment en partenariat avec Makeme. Je travaille donc sur de nouveaux projets de jeux à présenter au public pour remplacer la Course de Pingouins qui a pris sa retraite. Les Pingouins seront toujours à l’honneur, mais il faudra leur taper dessus !