Portrait de Maker #88 : Carole Gaborieau

Passionnée de dessin depuis toute petite, de tatouage et de musique, Carole alias Krol.handpoke est diplômée de l’école Pivaut à Nantes. Elle a fait de sa passion son métier et exerce aujourd’hui en tant que tatoueuse handpoke, une technique de tatouage qui consiste à piquer la peau avec de l’encre pour la déposer dans le derme où elle va rester. N’utilisant pas de dermographe, Carole tatoue à la main et le résultat est des plus impressionnants.
Qui es-tu ?
Je suis Carole, 31 ans, passionnée de dessin, de tatouage et de musique.
Tatoueuse handpoke et illustratrice, le dessin est un art que tu maîtrises à la perfection. Quel a été ton parcours et d’où te vient cet intérêt pour le dessin ?
J’ai toujours dessiné, depuis toute petite, il y a toujours eu beaucoup de livres, dont des livres illustrés et des BDs à la maison et des revues comme JE Bouquine qui m’on beaucoup marquées, car il y avait pas mal de dessins dedans et des illustrateurs différents à chaque fois pour l’histoire principale. J’aimais cette profusion de styles, ça m’a donné envie de faire la même chose. Et puis les dessins animés à la TV, toutes les séries qui passaient à l’époque : les tortues ninjas, Bib Bip et Coyotte, Jumanji, Hé Arnold, la famille pirate… Et bien entendu, les films d’animation du studio Ghibli et de Disney…
Tout cela m’a amené à entrer à l’école Pivaut à Nantes où j’ai étudié le dessin de manière traditionnelle et puis j’ai naturellement choisi de m’orienter vers le cinéma d’animation.
Comment es-tu devenue tatoueuse ?
Le tatouage pour moi en 2010, de ce que j’en avais vu, c’était des dessins un peu mal faits, plutôt sommaires et assez « kitsch » que l’on voyait dans les catalogues de boutique de tatouage ou sur la peau des stars, je n’étais pas du tout intéressée par ça à ce moment-là, j’étais trop concentrée sur mon travail à l’école pour aller découvrir ce monde… Et puis, une camarade de classe s’est fait tatouer dans le dos, et j’ai été surprise de la qualité de son tattoo, j’ai commencé à prendre conscience qu’il était possible de faire quelque chose de beau sur la peau !
Et donc, je me suis de plus en plus informée sur cette pratique en regardant tout ce que je pouvais sur le sujet : vidéos, articles sur internet, books de tatoueurs, magazines… Et à en parler beaucoup avec des tatoués(es) de mon entourage !
Le moment décisif pour moi a été mon premier tattoo en 2012, à ce moment-là, je me suis dit que c’était ce que je voulais faire dans ma vie professionnelle !
En quoi consiste le Handpoke et pourquoi utiliser cette technique plutôt qu’une machine électrique ?
Avant l’apparition de la machine à tatouer en 1891, tous les tatouages étaient réalisés à la main, avec divers outils comme des os d’animaux ou même humains, du bambou, des dents de requin, des cornes, des épines, des aiguilles taillées dans le bronze… Maintenant, pour des raisons d’hygiène évidentes, on utilise des aiguilles stériles, mais la technique reste la même : piquer la peau avec de l’encre pour la déposer dans le derme où elle va rester !
Le handpoke, c’est ça, c’est utiliser une aiguille à tatouer et de l’encre et c’est les mains du/de la tatoueur/euse qui font tout le travail !
La différence avec la machine c’est principalement le temps d’exécution, on met en moyenne 2 à 3 fois plus de temps pour une pièce : un dermographe peut faire entre 80 et 180 battements à la seconde ! Alors oui, un tattoo à la main est assurément moins douloureux, car on n’effectue qu’un coup/seconde, c’est bien plus doux pour la peau !
Ce qui permet un temps de cicatrisation rapide !
Un autre gros avantage du handpoke, c’est que c’est une pratique « silencieuse », le seul bruit que l’on entend c’est le contact de la peau et de l’aiguille : « poke, poke » (d’où le nom de la pratique), et puis c’est très intuitif, j’ai l’impression d’avoir un crayon dans ma main, c’est bien plus agréable qu’une machine qui vibre !
Lorsque l’on découvre ton travail, on remarque de suite que tu as ta propre identité visuelle. Où puises-tu ton inspiration et quels sont tes univers de prédilection ?
Alors, comme je l’ai dit tout à l’heure, je suis très inspirée à la base par tout ce qui vient des films, séries, bandes dessinées… Parmi mes préférées je peux citer Moebius et Jirô Taniguchi pour les masters en bd, Joann Sfar avec son personnage de Fernand le Vampire, j’aime aussi beaucoup l’univers de Tony Sandoval, plus récemment, on m’a offert « la fille maudite du capitaine pirate » de Jeremy Bastian dont je suis complètement fan!
Pour les thèmes, j’aime beaucoup tout ce qui touche au mystique, à la magie, la mort, la nature… et bien sûr l’ornemental. Mais j’aime aussi faire des tattoos fun de temps en temps !
Je m’inspire aussi de ce que font d’autres tatoueurs, un dessin pour la peau n’est pas à construire de la même manière qu’un décor de film ou un personnage de bd, il faut vraiment penser au volume du corps, et aussi il y a des choses qui fonctionnent mieux que d’autres sur la peau, comme les gros tracés, les dégradés et le dot par exemple. J’aime beaucoup le travail de Gakkin, ou encore James Lau, Alexander Grim, Alix Ge, Will Geary, Encre mécanique, Maxvorax … (la liste est longue !)
Aujourd’hui, environ 20% de la population française est tatouée. Comment expliques-tu cet engouement pour le tatouage ?
L’être humain a toujours une raison d’écrire quelque chose sur sa peau, la pratique du tatouage n’est pas nouvelle, et elle va perdurer avec l’espèce humaine.
À l’heure actuelle, le tatouage est beaucoup perçu comme un ornement dans nos sociétés occidentales, mais c’est aussi une façon de se réapproprier son corps, s’affirmer, marquer des souvenirs, un exutoire, on peut se tatouer pour l’amour de l’art, se sentir appartenir à un groupe, pour avoir son groupe de musique favori toujours avec soi…
Chaque tatouage raconte une histoire, celle de son porteur.
Si tu devais choisir un tatouage coup de cœur, celui dont tu es le plus fière. Quel serait-il ?
Dure question ! Je suis très fière de tous mes gros projets, car ils ont été difficiles à réaliser, car très longs, je pense à ces deux gros serpents, un qui fait le tour d’un bras et l’autre sur le côté d’une cuisse (Big up à ma cliente qui a fait les trois sessions en trois jours de suite d’ailleurs ! ), les deux corbeaux « Munin » et « Hugin » sur le haut du dos, le projet « Miyazaki » sur un mollet, ce crâne de cerf sur une cuisse, ce gros projet qui n’est pas encore fini qui prend tout le haut du chest plus le cou…
Mais si je devais choisir absolument une pièce je dirais la dague dans la rose que j’ai faite sur un côté du bassin d’une cliente, car j’aime beaucoup le rendu et l’esprit « traditionnel » du dessin, il marche vraiment bien sur la peau.
Je cherche d’ailleurs à m’orienter de plus en plus vers un style comme celui-là, je suis toujours satisfaite du rendu de ce genre de pièce !

Jean-Marc Méléard
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