Portrait de Maker #151 : Swanny Mouton

Swanny Mouton, designer depuis 12 ans, dévoile son talent dans l’art génératif sous le pseudonyme SwanSheep. Diplômé de l’École de design Nantes Atlantique, son parcours professionnel l’a conduit de Portland, Oregon, à Nantes, explorant le design numérique et interactif. En 2021, il plonge dans le creative coding et l’art génératif, utilisant Processing et deux traceuses AxiDraw. Ses projets, tels que « Playground » et la série « Harps », fusionnent mathématiques et créativité. Swanny se démarque dans la communauté Maker par sa liberté d’expression et son désir d’inspirer. Actuellement, il élargit ses horizons avec de nouvelles explorations et collaborations artistiques. Suivez ses projets en constante évolution entre illustration et art génératif.

Qui es-tu ?

Je m’appelle Swanny Mouton, je suis designer depuis 12 ans et j’explore l’art génératif depuis quelques années. On peut me trouver sur les réseaux sous le pseudo SwanSheep, un alias que je n’assume qu’à moitié mais qui me permet de faire passer outre-Atlantique la singularité de mon nom et de semer des cygnes et des moutons partout où je passe.

Artiste, designer et directeur artistique, tu es diplômé de l’École de design Nantes Atlantique. Peux-tu nous raconter ton parcours et nous dire d’où te vient cette appétence pour le design, l’art et la créativité ?

Il y a toujours eu une aura artistique et créative dans la maison. J’ai découvert accidentellement le graphisme alors que j’étais en fac de sciences. Être créatif au service de l’information, d’un service, créer une identité visuelle, s’exprimer graphiquement, ça me parlait. À un moment, je me suis dit qu’il fallait que je change de direction, et j’ai très vite compris que j’avais fait le bon choix. En fin de cursus à l’École de design Nantes Atlantique, j’ai fait un stage à Portland, Oregon, dans un studio de design numérique et interactif qui s’appelait à l’époque Second Story, et ça s’est transformé en un emploi à plein temps pendant 8 ans.

Je suis revenu à Nantes en 2020, puis j’ai travaillé avec les studios Casus Ludi et Design Friction sur des projets à une échelle plus humaine et locale, loin des considérations commerciales que j’ai pu trop voir au fil des années. Depuis cette année, je tente l’expérience en tant que designer indépendant, ce qui me laisse du temps pour pousser ma pratique artistique.

Quels moments marquants retires-tu de ton expérience professionnelle aux US ?

J’ai pu travailler sur plus de 60 projets, petits et énormes, avec pour clients des musées, des institutions académiques, des marques… Et les gens étaient merveilleux, on était toutes et tous très investis dans les projets, parce que tous nos talents étaient très complémentaires. On adorait bosser ensemble, que ce soit pour créer un mini-cabinet de curiosités avec des oiseaux hybrides comme pour créer des installations interactives pour des bateaux de croisière, ou pour des musées d’histoire des droits civils.

J’ai aussi énormément apprécié bosser dans une boîte qui avait un lab dédié pour l’expérimentation, avec toutes sortes de technologies. Je retrouvais une ambiance que j’avais pu un peu vivre dans mes études, mais cette fois avec des moyens et un espace plus conséquents. Il y avait une vraie collaboration entre designers et développeurs, et c’est là aussi que j’ai réalisé qu’on pouvait ne pas être seulement l’un ou l’autre.

Depuis 2021, tu t’investis dans le creative coding, l’art génératif, notamment avec une traceuse. Qu’est-ce qui a suscité ton intérêt pour cette forme artistique particulière ?

À partir du moment où j’ai entendu parler de creative coding et que j’ai réalisé qu’on pouvait brouiller un peu la frontière design / développement, ça a été le premier signal faible. Ça m’a motivé à explorer de nouvelles possibilités graphiques : créer des visuels, statiques ou animés, plus complexes, plus flexibles, plus dynamiques… Et l’art génératif, bien qu’existant depuis plusieurs décennies, s’est fait une nouvelle jeunesse avec l’apparition des cryptomonnaies comme moyen de financement, non sans débat. Beaucoup d’artistes se sont ainsi révélés, c’est un nouveau et très vaste domaine d’inspiration visuelle.

Mais quand je suis rentré en France en 2020, j’ai réalisé que la grande majorité de ce que j’avais créé existait uniquement sous forme numérique, immatérielle, ou bien les projets n’étaient visibles que là où ils étaient installés. Je me suis fait le vœu de trouver un moyen de m’exprimer créativement d’une manière plus tangible. Dans la pratique de l’art génératif et du pen plotting (dessin à la traceuse), je me suis complètement retrouvé : créer des visuels en utilisant du code, avec ma sensibilité graphique, et pouvoir moi-même les coucher sur papier ou n’importe quel support pour en garder trace moi-même et pouvoir les partager.

Quels outils et logiciels utilises-tu pour réaliser tes créations ? Peux-tu partager quelques projets réalisés par tes soins ?

J’utilise principalement Processing pour la partie code et génération des visuels, mais p5.js me fait de l’œil depuis un petit moment. Pour la partie traçage, j’ai deux traceuses de type AxiDraw, créées par Evil Mad Scientist, qui me permettent de facilement envoyer mes visuels depuis un plugin sur Inkscape.

Un projet comme “Playground” part d’idées très basiques de construction : des carrés qui sont subdivisés en 4 carrés, chacun étant subdivisé à nouveau et ainsi de suite. L’aléatoire que permet le code crée des arrangements toujours différents, faisant des choix si telle subdivision arrivera ou non. Au final, cela crée un contraste fort entre des formes de tailles différentes.

Pour révéler le dynamisme, j’utilise des feutres acryliques comme des Posca pour avoir une couleur très saturée contre le fond noir.

Itération après itération, un simple exercice de construction devient plus complexe, en intégrant différentes formes et couleurs, jusqu’à devenir une composition très saturée et pleine d’énergie.

La série “Harps” repose sur le même principe de subdivision, mais est plus démonstrative de technique, avec beaucoup de mathématiques. Chaque exemplaire repose sur un grand mouvement dynamique sur l’ensemble de la composition, mais chaque ensemble de lignes, puis chaque ligne, a ses propres règles de construction. Je ne le dessine qu’au Rotring pour pouvoir pleinement montrer la précision technique dont le visuel a besoin.

Quelles sources d’inspiration nourrissent ta créativité en tant qu’artiste, et comment es-tu initialement entré dans le domaine artistique, en particulier dans le creative coding et l’art génératif ?

Il y a un certain nombre d’artistes et de créateurs qui travaillent avec des machines à dessiner et qui forment une petite communauté qui se reconnaît bien. Voir le travail de chacun est déjà très varié, très riche. Il y a d’ailleurs une très forte tentation de faire du “reverse engineering” dès qu’on voit un visuel généré avec du code, où l’on est tenté de décortiquer comment il a été réalisé. Mais ce serait se limiter que de regarder uniquement des œuvres numériques sans remarquer ce que font d’autres personnes en matière d’illustration, de bande dessinée, de mosaïque, de peinture, de sculpture, d’architecture… Quelque chose accroche mon œil et je me demande comment extrapoler avec ce que permet le code. J’aime autant explorer l’abstrait que jouer avec des motifs et scènes plus figuratives.

Que signifie pour toi le mouvement Maker ?

C’est une vraie liberté d’expression et d’échange d’idées, de processus de création. Il ne s’agit pas nécessairement d’arriver à un produit fini, à une proposition commerciale, mais avant tout de montrer ce qui est possible en matière de technologie et d’inspirer les autres.

Comment envisages-tu d’évoluer dans ton parcours de Maker, et quelles nouvelles compétences ou explorations prévois-tu ?

Ce n’est que depuis peu que je peux prendre le temps d’explorer cette pratique. J’ai envie de continuer des expérimentations avec différents outils, différents supports… Je vois certains travailler avec de l’aquarelle, peindre et graver sur du verre et d’autres volumes… Il y a tant à explorer au-delà du papier avec ces machines.

Quels sont tes projets en cours et à venir dans le domaine du creative coding et du design ?

J’ai la chance de pouvoir mettre temporairement en pause les prestations en design. Je prends surtout le temps en ce moment de pousser ma pratique artistique le plus loin possible. En ce moment, je travaille sur une nouvelle série de prints, entre illustration et art génératif. J’ai prévu aussi de travailler avec un groupe de musique pour leur fournir des visuels à projeter sur scène, générés avec du code, mais je ne peux en dire plus !

Jean-Marc Méléard
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