Portrait de Maker #70 : Sébastien Canet

Enseignant de Technologie au collège, de Sciences de l’Ingénieur en Lycée et d’électronique en BTS, Sébastien Canet est un passionné et un grand connaisseur des logiciels libres. Développant ses propres logiciels et solutions, Sébastien intervient régulièrement dans différentes structures en fonction des besoins de formation pour animer des ateliers pour des débutants.

Qui êtes-vous ?

Je m’appelle Sébastien Canet, j’ai été enseignant de Technologie au collège, de Sciences de l’Ingénieur en lycée et d’électronique en BTS.

Sur mon temps ‘presque’ libre, j’anime régulièrement des ateliers pour des débutants, aussi bien pour enfants que pour adultes, dans différentes structures en fonction des besoins de formation : Stereolux, Ping, Petits Débrouillards, médiathèques, centres socioculturels, etc.

Enseignant plusieurs matières telles que la Technologie, les Sciences de l’Ingénierie et l’électronique, vous êtes passionnés par les logiciels libres. Quel a été votre parcours, d’où vous vient cet intérêt pour ces logiciels et quels sont-ils ?

Cela me passionne de voir les gens comprendre des principes jusque-là inaccessibles et de les leur démystifier afin de les rendre capables de mener leurs projets par eux-mêmes.

Mais il y a toujours eu les problématiques des matériels et des logiciels, indépendamment de la stratégie pédagogique : il faut que le matériel soit robuste, facile d’utilisation, etc., et que le logiciel soit ergonomique et s’adapte au niveau de l’utilisateur et non l’inverse. Du coup à un moment il a fallu se remonter les manches quand la programmation a pris de plus en plus de place dans les programmes scolaires au niveau international, car aucune solution n’était vraiment satisfaisante.

Sentant l’importance que cela prenait, j’ai cherché de nouveaux supports qui pourraient être utiles pour les élèves du collège au lycée, ainsi que de nouveaux logiciels, car on était juste au début de l’explosion de Scratch 2 ainsi que du déploiement des plateformes Arduino un peu partout, les Fablabs se multipliaient en France, c’était le début du DIY. Mais rien n’était prévu pour les débutants et les aider à progresser.

Soit le logiciel éditait directement du code (pas très grand public…), soit c’était très limité, destiné à des enfants, avec peu de possibilités et seulement pour un type de matériels. Soit le matériel était professionnel (et fermé) avec des protocoles complexes, soit des cartes bridées trop simplistes, voire chères, et donc non ré exploitables par chacun chez soi. Pourtant entre Arduino et Scratch, on avait un énorme potentiel…

Alors je me suis remonté les manches à la création d’une solution intermédiaire, et grâce à l’aide d’un ami, olivier Métayer, je me suis mis à coder durant de longues et nombreuses nuits pour permettre d’utiliser les cartes Arduino sans connaissances préalables. Au début je suis parti du projet s2a (https://github.com/MrYsLab/S2A) que j’ai boosté, traduit, en contact avec son créateur Alan Yorinks. Puis j’ai bossé sur Scratchbot, un projet équivalent développé dans un coin d’Internet, par une petite équipe de 5 bidouilleurs chinois qui venaient de fonder l’entreprise Makeblock, légèrement connue maintenant… Bref, répondre aux mails des collègues qui découvraient ces plateformes, les USA avec Alan, et la Chine avec Makeblock, les nuits existaient peu, mais c’était plus qu’enthousiasmant, on faisait progresser le schmilblick ! Et les retombées étaient internationales.

Mais il manquait quelque chose entre Scratch + s2a, qui ne permettait pas de téléverser, et le code dans l’EDI Arduino, et là je suis parti de la souche de BlocklyDuino créée par Gasolin afin de développer ma solution : Blockly@rduino.

Quel est le but du logiciel Blockly@rduino, quelles sont ces caractéristiques et à qui s’adresse-t-il ?

Le but de ce logiciel est de permettre à un débutant de rebondir sur la programmation graphique facile, dite par blocs que Scratch 2 a permis de vulgariser, afin de ne se concentrer que sur cela dans une logique de progression. En effet l’idée est de démarrer de façon créative avec Scratch 2, puis d’apprendre le matériel en le connectant grâce à s2a, de ne se concentrer que sur la carte grâce à Blockly@rduino et de téléverser (grâce au compilateur arduino-cli), et enfin finir par apprendre le code pour être entièrement autonome.

J’ai implémenté de nombreuses cartes à choisir ainsi qu’une bibliothèque très fournie de capteurs et d’actionneurs grâce à une petite communauté de contributeurs. Grâce à cela le logiciel est utilisé en collège, en lycée, voire en BTS, et ce dans de nombreux pays, car traduit en 8 langues. Pour faciliter l’apprentissage j’y ai aussi inclus une liste d’exemples, la possibilité de superviser les entrées/sorties des cartes en communiquant avec Firmata Plus, puis quelques autres outils.

Avez-vous rencontré des difficultés lors du développement de ces logiciels ? Si oui, quelles solutions avez-vous trouvées pour y faire face ?

Une partie qui me semblait importante a été délaissée : le multiniveaux.

Le but était de fournir des blocs différents, plus ou moins complexes, en fonction du niveau de l’apprenant, et ‘TOUT’ n’aurait été que la fusion des 5 autres niveaux, un fourre-tout, mais hélas les contributeurs ne sont pas assez entrés dans ce raffinement. Du coup les niveaux 1 à 4 ne contiennent que quelques tentatives. Pour moi cela était primordial pour accompagner dans le même logiciel une progression. Par manque de temps et de collaboration, les blocs ont été par facilité rajoutés en grande partie dans ‘TOUT’.

En contact avec l’équipe de Blockly, le framework progresse, mais pas Blockly@rduino, devenu trop gros, fait à une époque où je m’y connaissais moins, pas adapté aux difficultés visuelles des
élèves. Du coup je suis reparti à 0 et Gasolin m’a confié les dépôts du projet BlocklyDuino pour que j’y refonde BlocklyDuino 2.

En effet, j’essaie de promouvoir des solutions accessibles à tout le monde (je ne comprends pas pourquoi après tant d’années Scratch contient encore des couleurs si proches ? Un daltonien voit la moitié du logiciel en gris, gris et gris) et pertinentes, pas juste fun ou à la mode, mais au service de l’apprentissage. Dans cette optique, avec des copains animateurs, d’éducpop, d’associations diverses, on a lancé le groupe LibrEduc pour y faire figurer nos trouvailles et travaux.

Sur quoi travaillez-vous en ce moment et comment peut-on vous aider ?

En plus de ce projet, maintenant je développe aussi pour STMicroelectronics une solution compatible avec leurs cartes, ainsi qu’une solution pour faire du Fritzing online.

Bien sûr l’objectif serait de pouvoir préparer le câblage puis de l’utiliser dans un BlocklyDuino prérempli grâce à cela. J’aimerais aussi reprendre l’idée d’étendre les possibilités à d’autres environnements comme je l’avais fait avec ScratchHome (Scratch ←→ SweetHome 3). Mais pour cela j’ai besoin de temps et surtout d’aide…. Tout est accessible sur Github et j’espère bien que cet article permettra aux bonnes volontés de contribuer !

Sitographie

Projets :
Logiciels à tester :
Logiciels cités s2aio :
Scratchbot, devenu mBlock :
arduino-cli :
FirmataExpress :
ScratchHome :
Jean-Marc Méléard
1 commentaire
  1. Répondre
    Portrait de Maker #70 : moi – A.S.T.U.C.E. octobre 18, 2020 à 1:56

    […] Portrait de Maker #70 : Sébastien Canet […]

Laisser un commentaire

Makeme
Logo
Register New Account
%d blogueurs aiment cette page :
Shopping cart