À l’heure où le monde médical manque de respirateurs pour pouvoir travailler convenablement et sauver le maximum de vies, les Makers et les Fablabs du monde entier se mobilisent pour soutenir et venir en aide aux personnels soignants. Depuis le lundi 16 mars, Le Club Sandwich Studio, composé de 4 designers industriels basé à Paris, s’est entouré d’une équipe (ingénieurs, designers, développeurs, coordinateurs…) pour travailler d’arrache-pied sur la création d’un dispositif de respiration artificielle d’urgence, peu onéreux et facilement reproductible : le MUR – Minimal Universal Respirator. Conçu à partir du minimum de matériel possible et en favorisant l’utilisation de composants accessibles au plus grand nombre, le dispositif MUR est une réponse à une urgence sanitaire dans le contexte actuel pour développer au plus vite un prototype de respirateur artificiel.
Vous avez fondé Le Club Sandwitch Studio qui est à la frontière entre l’agence de design, le bureau d’études, le FabLab et l’usine. Comment est née l’idée d’un tel projet ?
Le Club Sandwich Studio est composé de 4 designers associés basés à Paris (Paul Couderc, Arthur Siau, Simon Juif, Antoine Berr) dont les domaines de compétence sont l’ingénierie, l’électronique, les logiciels embarqués et le développement industriel.
Cela fait maintenant 5 ans qu’on bosse ensemble, sur différents projets, pour différentes raisons… nous avons juste décidé à un moment donné de mutualiser nos réseaux, nos compétences et notre portefeuille pour kiffer ensemble et pour avancer.
À l’heure où le monde fait face à une pandémie inédite, la communauté des Makers, fait preuve d’une grande mobilisation. Quelles ont été vos réactions ?
Le 16 mars après l’annonce du confinement, nous nous sommes posé la question de ce que nous allions faire de nos journées… et il s’avère que le 16 au soir, tous les 4, on s’est dit qu’on allait faire ce qu’on peut faire : du Design. C’est alors que nous nous sommes lancés dans la conception et le développement d’un respirateur artificiel.
Le 18 mars, nous avons lancé un appel aux Makers qui a été relayé par une ONG qui nous accompagne depuis le départ, Science International. C’était aussi pour nous, l’occasion de se lancer dans une course contre la montre comme on a l’habitude de le faire pour intervenir dans des situations complexes ou de crise.
Le fait aussi d’être intervenu tous les 4 en Afrique et d’avoir fabriqué des trucs avec rien dans des endroits extrêmement critiques est pour nous une bonne occasion de boucler la boucle 🙂
Depuis le 16 mars vous travaillez d’arrache-pied sur le dispositif MUR – Minimal Universal Respirator : un dispositif de respiration artificielle d’urgence, peu onéreux et facilement reproductible. À partir de quels constats et avec quels moyens vous êtes-vous lancés ?
Notre constat est que nous savions qu’il y aurait :
1/une pénurie énorme de matériel, de dispositifs et d’équipements médicaux
2/des dysfonctionnements en approvisionnement
3/un manque de matériels, de compétences de soignants
Les moyens : étant donné que nous étions en confinement, on a pris ce qu’on avait dans l’atelier et nous avons de la chance, car comme on mixe des activités de Design produit et avec le matos que nous avions de notre ancienne boîte « La Cool Co » (une entreprise dans l’iOt dédiée à l’agriculture connectée), nous avions de quoi travailler sur les premiers dispositifs (capteurs en tout genre, boîtier hermétique…).
Aujourd’hui vous avez un dispositif prêt à être testé avec l’AP-HP. Quels sont vos objectifs et vos besoins dans l’immédiat ?
Prêt à être testé par l’AP-HP c’est beaucoup dire… Mercredi dernier, nous avons pu accéder à une borne test avec un ingénieur biomédical de l’Hôpital Henri Mondor de Créteil. Le vendredi suivant, nous avons été reçus par le Professeur Jean-Michel Constantin afin de lui présenter le dispositif pour, dans un premier temps le faire valider par un ingénieur puis, par un médecin.
Le professeur Constantin n’ayant pas été choqué, nous avons comme objectifs de 1/fiabiliser le MUR, car faut pas rigoler, il y a une vie derrière. Pour cela, nous sommes accompagnés d’institutions publiques et d’industriels, 2/sortir une présérie le plus rapidement possible de 10 respirateurs pour pouvoir les déployer dans différents endroits et les mettre en test sur le long terme. Dans le même temps, se préparer à lancer une production de masse d’au moins un millier d’exemplaires dans les semaines et les jours à venir.
Nos besoins : merci à la communauté des Makers qui ont déjà répondu, nous avions besoin d’approvisionnement en capteurs (BME280) et de cerveaux moteurs standards (metal gear) qui permettent d’activer les électrovalves.
Comment et qui peut vous soutenir ?
Pour nous soutenir, c’est très simple. Vous trouverez sur notre site (tout en bas) les différents dispositifs d’aides auxquels nous pourrions avoir besoin. Nous avons principalement besoin d’avoir des courcircuitages dans les systèmes d’approvisionnement. Le bouche-à-oreille avec les Makers marche très bien, nous avons suffisamment de réseaux pour nous faire livrer rapidement des pièces entre nous, mais ce n’est pas assez.
Maintenant, nous sommes accompagnés par de gros chasseurs et des distributeurs pour pouvoir sourcer des pièces qui permettront, lorsque nous pourrons appuyer sur le bouton de reproduction, d’avoir tout le stock qu’il faut pour produire les dispositifs MUR. Une cinquantaine de personnes travaillent sur le projet pour nous accompagner sur de nombreux problèmes tels que la logistique, l’humain, le financement et nous n’avons que très peu de temps.
Pour nous aider, vous pouvez proposer vos idées ou des points d’aide directement sur le Github ou en nous contactant par mail à l’adresse contact@mur-project.org.