Pianiste nomade, constructeur et comédien, KaspeЯ alias Zolt mord la vie à pleines dents. Armé de talents et curieux de nature, il a fabriqué de ses mains dans plusieurs ateliers en France : le Pianochopper. Une machine de 600 kg, 5 m de long, 1,65 m de large et 3,40 m de haut qui déambule et sur laquelle est monté un piano. Le résultat est des plus spectaculaires et tout droit sorti de l’an 2139 où l’apocalypse psychotronique a transformé nombre d’humains en androïdes obéissants. Doué de ses mains, talentueux et créatif, KaspeЯ n’a pas fini de nous étonner !
Qui es-tu ?
J’en ai une idée, mais j’essaye de savoir surtout où je suis : Les pieds sur terre et la tête dans les étoiles… sans oublier d’où je viens: mes parents instit’, la campagne Normande, les écoles de musique, les copains musicien de l’adolescence et tous les autres, les cafés-concerts, la musique dans la rue, la scène, le voyage par la route en camion pendant 15 ans en France, Espagne, Italie… et surtout hyper curieux de… à peu près tout ce qui me passe sous la dent. Je suis d’ailleurs très gourmand!
Pianiste nomade, constructeur et comédien, tu es pianiste-chanteur professionnel depuis 15 ans avec plus de 1000 dates à ton actif. Quel a été ton parcours et d’où te vient cette passion pour le piano et les inventions mécaniques ?
Après des études de musiques, et les premiers groupes de compo à l’adolescence avec lesquels on jouait en Normandie, j’ai vite envié mes amis circassiens, théâtreux, teufeurs, travelers pour leur vie de bohème. J’ai acheté mon premier camion que j’ai chargé de mon premier « Pianomobil » (un piano droit d’Emmaüs) en 2006, il y a 15 ans. D’autre part, les galères mécaniques sur la route, les discussions avec les travelers en tout genre à propos de nos « maisons » à quatre roues, et celles en festival au sujet des scénographies et machineries de spectacle, à chaque fois uniques, m’ont amené à coucher quelques croquis de pianos mobiles toujours plus délirants… Je me décide à construire une machine-piano mobile et motorisée en 2014…
Depuis 2006 tu voyages aux quatre coins de la France avec le projet Kasper & son Pianomobil. Peux-tu nous en dire davantage sur ce projet, comment t’es venu l’idée d’un piano à roulettes ?
L’idée était de me démerder pour pouvoir jouer où je voulais, quand je voulais… en voyageant en camion avec mon piano. À force de trimballer le piano, je me suis vite retrouvé confronté aux inconvénients de l’instrument, le poids en premier lieu. Des roulettes d’abord, des aménagements spéciaux dans les camions pour l’ergonomie, puis des délires artistiques sur le papier… mes premières soudures de roulettes tout terrain pour piano droit, et du piano-bar , du répertoire, beaucoup de curiosité, et travailler mon écoute du moment, à l’instant, bref faire du mieux que je peux pour être là quoi!
La compagnie des Pianos Mobiles rassemble tous tes spectacles. Quels sont-ils et quelles sont leurs particularités ?
Évidemment en lien avec le piano, j’aime travailler, pour réaliser mes spectacles, dans le sens de l’art vivant pluridisciplinaire. J’aime la musique bien sûr, mais je la vois essentiellement au service d’un récit, comme pour la pièce de théâtre « Pianochopper Baby! », ou d’un moment comme les « Pianomobil » pour des particuliers, sur des marchés de producteurs… ou dans un contexte précis, parfois à la demande, parfois dans une forme que nous proposons déjà avec notre compagnie. Ainsi Le spectacle du « Piano perché » est né de la demande particulière en 2010 du parc d’accrobranche « La belle verte » en Ariège. Le Piano Furie, rencontre de dix pianistes nomades à l’échelle d’une ville entière, avec une écriture pour dix pianos, me semble bien-être la synthèse la plus abouti de mon « parcours », commun en de nombreux points avec ces neuf autres joyeux copains pianistes nomades eux-mêmes confrontés aux mêmes contraintes, mais avec la richesse de parcours différents pour chacun.
Dans ta recherche artistique autour de la mobilité de l’objet piano, tu as travaillé pendant deux ans (2014-2016) en résidence dans plusieurs ateliers de constructeurs de machines pour réaliser le Pianochopper. Peux-tu nous présenter le projet dans sa globalité et nous dire quelles sont les spécificités du Pianochopper ?
Le Pianochopper à beaucoup évolué. D’abord, j’ai pu le réaliser sans aucune contrainte de temps, mais surtout aucun but précis de représentation. Libéré de toute obligation à propos de cette réalisation, je l’ai d’abord abordé comme un travail de sculpture mécanisée et mobile. J’espérais bien sûr pouvoir en faire quelque chose un jour, comme un spectacle ou une déambulation, mais à ce moment-là, aucune pression. Puis des discussions, des rencontres et des rêves ont fait germer un spectacle déambulatoire en 2016, et l’écriture avec Benjamin Chapeau, d’une pièce de théâtre musicale et burlesque. Vient tout le tsointsoin de mise en scène, production, répétition, et les premières dates officielles en 2017.
Cette année, nous avons fait le choix de continuer l’aventure du « Pianochopper Baby! » avec l’écriture d’une deuxième pièce de théâtre, suite des aventures du premier spectacle que nous avons joué une soixantaine de fois depuis 2017.
Quels sont les ateliers dans lesquels tu as construit le Pianochopper et comment ton projet a-t-il été accueilli ?
Je suis très reconnaissant de l’élan que Fabrice Deperrois, directeur artistique et fondateur de la cie « Les plastiqueurs » à Sotteville-lès-Rouen m’a insufflé. En voyant mes croquis, et après m’avoir fait jouer sur ses installations, il m’a clairement invité à en réalisé un en particulier : Le Pianochopper. Il m’a ouvert les portes de son atelier, fait une place pendant huit mois, mis mon premier poste à soudé entre les mains et m’a dit, en gros « c’est parti mon grand, fait comme chez toi et demmerde toi! »
Merci Fabrice!
Vivant en camion à cette époque avec ma remorque de fortune faite dans une caravane pour transporter le Pianochopper, j’ai cherché quelques résidences ici ou là, ainsi je me suis retrouvé à l’Elaboratoire à Rennes, chez Pierre de Roissard, spécialiste de la 2CV dans le Tarn-et-Garonne (le moteur du Pianochopper provient d’une 2CV), chez Benjamin Chapeau, coauteur du premier spectacle, le No Man’s Land Industry dans le Maine-et-Loire… À chaque fois l’invitation venait ou du coeur, ou du rêve, ou des deux à la fois!
Quelles difficultés as-tu rencontrées lors de sa construction et comment as-tu fait pour y remédier ?
C’est un projet avec beaucoup de technique dans des domaines assez éloignés parfois. Instruments de musique et sonorisation autonome, lumières, effets spéciaux, mécanique automobile avec adaptation sur châssis artisanal, hydraulique, électrique, accessoire, costumes pour le théâtre…
Je crois que ce qui m’ a d’abord permis de construire la base c’est l’inconscience de la technique, fait bien connu de tous les autodidactes plus ou moins ambitieux, mais non sans moins de folie.
Évidemment, l’imaginaire induit par ma machine m’a ouvert beaucoup de portes, et ouvert des coeurs aussi. Dès lors que j’ai eu des problèmes que je ne savais pas régler moi-même, un ange est tombé du ciel. Ainsi, la liste des contributeurs est longue. Je ne sais même pas, honnêtement, si je pourrais tous les citer, car de nombreuses solutions ont pu arriver autant en atelier avec Benjamain Guilbaud, super technicien-mécano (salut mon Guilbal!) qu’à 5 h du mat au bar du festival avec l’employé municipal en fin de soirée et le punk noctambule, qu’en discutant avec le marchand de batteries, d’un seul coup passionné par la contrainte dans ma demande…
À ce jour, deux spectacles du Pianochopper Baby ont été montés autour de l’univers déjanté de Zolt et Burg. L’un est une pièce de théâtre musicale et burlesque et l’autre un spectacle de déambulation musicale. Où avez-vous trouvé l’inspiration pour monter ces deux spectacles, quelles sont vos références ?
Je suis grand fan de spectacle de rue, et de cinéma de science-fiction. Benjamin chapeau l’auteur du premier scénario voulait la teinte burlesque. J’ai continué dans cette voie pour le nouveau spectacle et je découvre l’univers passionnant de la dramaturgie et la culture du « rire » au sens propre et figuré.
Après une année difficile pour les artistes, les concerts reprennent enfin. Où pourra-t-on vous voir dans les prochains mois ?
Bien sûr, aux Machines de l’île pour le graaaaand rassemblemeeeeeeent des Maaaaaaaaakers!!!!!
C’est les 3 et 4 juillet, sur l’île de Nantes, aux Machines de l’île! Venez nombrexzeuxxzeueeses!!
Je vous invite aussi à jeter un oeil à notre programmation sur www.pianosmobiles.com où vous trouverez la programmation de l’été de tous nos spectacles.
Et cette adresse-là , c’est cadeau! www.pianochopperbaby.com