Portrait de Maker #153 : Vincent Grison

Vincent Grison, 37 ans, résidant à Rennes depuis de nombreuses années, est le visage de l’engagement écologique et de l’aventure. En tant que responsable d’une association multifacette axée sur la protection de l’environnement, il orchestre des expéditions polaires, des programmes éducatifs, des documentaires et des repair cafés. Son parcours atypique, naviguant entre le secteur maritime, la solidarité internationale et la protection de l’environnement, révèle un esprit résolument tourné vers l’action et le changement. Sa traversée en solitaire lors de la Mini-Transat 2015 et ses expéditions au Groenland attestent de sa détermination à repousser les limites et à sensibiliser aux enjeux climatiques. Son dernier projet, « L’Atelier des Transitions », fusionne réparation, fabrication et mutualisation d’objets pour ancrer l’écologie dans le quotidien des citoyens. En quête perpétuelle de solutions durables et d’innovations sociales, Vincent incarne l’esprit du Maker moderne.

Qui es-tu ?

Je m’appelle Vincent Grison, j’ai 37 ans et j’habite à Rennes depuis de nombreuses années. Je suis le responsable d’une association qui fait pas mal de choses en lien avec la protection de l’environnement : expéditions polaires, programmes éducatifs, films documentaires et repair café.

Coordinateur d’expédition, travailleur humanitaire, architecte naval, navigateur, le moins que l’on puisse dire, c’est que tu as plusieurs casquettes. Peux-tu nous raconter ton parcours et nous dire d’où te vient ce goût de l’aventure ?

Petit, j’ai beaucoup voyagé avec mes parents en camion pour faire de la planche à voile, ce qui m’a amené plus tard à travailler dans le secteur maritime en tant qu’architecte naval et skipper. Cependant, ce domaine m’a quelque peu déçu, car il répond principalement aux besoins d’une société bourgeoise et généralement peu respectueuse de l’environnement. J’ai donc décidé de me consacrer à des missions d’intérêt général dans la solidarité internationale avec Médecins Sans Frontières, puis dans la protection de l’environnement avec Arctic Lab.

© Anne Beaugé – Vincent Grison

Comment as-tu développé ta passion pour la navigation et l’architecture navale, et quelles ont été tes expériences les plus marquantes en tant que skipper et navigateur ?

Hahaha, tout a commencé sur l’étang d’Apigné, à quelques kilomètres de Rennes, où je pratiquais la planche à voile. Ensuite, j’ai participé à des colonies de vacances en bord de mer et j’ai ensuite servi d’équipier pour des régates. Le nautisme étant une activité coûteuse, j’ai rapidement décidé d’en faire mon métier, faute de moyens pour en faire une passion. Le moment le plus marquant de ma carrière de navigateur est sans doute le départ de la Minitransat 2015, où je me suis lancé en solitaire dans la traversée de l’Atlantique à bord d’un bateau de 6 mètres 50. C’était très fort !

Peux-tu nous raconter ton expérience lors de la Mini-Transat 2015 et comment cela a influencé tes projets futurs ?

Cette expérience a été très introspective… Quinze jours seul sur un bateau, c’est long. Cela m’a permis de prendre le temps de réfléchir à ce que je voulais faire de ma vie, sans forcément suivre une voie habituelle. J’en suis ressorti avec deux certitudes : le désir de m’engager dans l’intérêt général et une confiance en moi renforcée par le succès de cette épreuve assez extrême.

Quelle a été ton expérience la plus marquante en tant que coordinateur de projet humanitaire pour Médecins Sans Frontières, et comment cela a-t-il influencé ton approche en tant que Maker et navigateur ?

Je n’ai jamais eu de formation médicale… Et pourtant, j’ai été directeur d’hôpital dans le nord-est de la Syrie. Mon travail avec Médecins Sans Frontières m’a fait réaliser que beaucoup de choses étaient possibles si on les fait collectivement, et que le format associatif était un formidable outil pour répondre aux besoins de notre société. Du coup, le modèle associatif est devenu incontournable dans mes projets !

Que représente pour toi le mouvement Maker ?

Être acteur, créateur de son monde est ce qui me semble important de nos jours. C’est un mouvement qui combat l’immobilisme que veut nous imposer notre société moderne… Faire des choses avec ses mains et sa tête, c’est tellement mieux que de se goinfrer de Netflix et de pizzas industrielles !

En 2021, l’expédition Rennes – Pôle Nord d’Arctic Lab t’a conduit à rejoindre le Grand Nord en solo. Peux-tu nous raconter ton périple et nous expliquer l’importance d’une telle expédition ?

En 2021, a eu lieu la première expédition d’Arctic Lab au Groenland. Les objectifs étaient ambitieux et les moyens limités : je suis parti seul sur un gros canoé habitable que j’avais construit pour réaliser des conférences en direct avec des classes et de la photographie aérienne pour un laboratoire de l’université Rennes 2. Ça a été assez fou, tellement que l’on en a fait un film : « Vincent et les Ours« . Je ne spoile pas trop, mais il y a eu beaucoup plus d’ours que ce que j’aurais aimé !

© Anne Beaugé – Vincent Grison

Comment se prépare-t-on pour une telle expédition ?

Le nerf de la guerre, c’est le financement ; il faut rassembler beaucoup d’argent, comptant entre 40 000 et 70 000 euros chaque année. Ensuite, il faut valider tous les aspects techniques : le matériel, la construction du bateau et effectuer de nombreux essais. Enfin, à la toute fin, se préparer physiquement pour s’assurer de ne pas se blesser. Ce serait dommage que l’aventure s’arrête si vite ! En parallèle de tout cela, il faut gérer les programmes de recherche et éducatifs… On ne s’ennuie pas !

Portée par l’association Lamas Production, cette aventure en Arctique a été reconduite en 2022 et 2023, mais avec une équipe à tes côtés. Peux-tu nous en dire davantage sur ces missions, les objectifs, les enjeux ?

Chaque année, nous proposons à des scientifiques et artistes d’embarquer à bord de notre voilier basé en Islande. Nous les aidons afin qu’ils puissent réaliser leurs recherches. En contrepartie, nous pouvons utiliser leurs résultats pour alimenter notre programme éducatif !

© Anne Beaugé – Vincent Grison

© Anne Beaugé – Vincent Grison

© Anne Beaugé – Vincent Grison

As-tu pu constater des changements majeurs sur le climat en trois ans d’expéditions ?

Le climat est quelque chose qui s’observe à l’échelle planétaire, il est donc difficile de le caractériser en un lieu précis à un moment donné. Cependant, nous avons été témoins de vagues de chaleur inhabituelles au Groenland en juin 2021 et septembre 2022. Cette année, le niveau des mers a été deux fois supérieur aux prévisions, en partie à cause de la fonte du Groenland.

Dans quelques semaines « L’Atelier des Transitions », la nouvelle activité en faveur des transitions écologiques d’Arctic Lab ouvrira à Rennes. Peux-tu nous en dire davantage sur ce nouveau projet et à qui s’adresse-t-il ?

Avec notre programme Arctic Lab, nous avons déjà mené des activités de recherche et d’éducation sur l’environnement. Cependant, il nous manquait un programme d’actions concrètes pour provoquer des changements positifs pour tous, pour toutes, et pour notre planète. C’est pourquoi nous sommes en train de lancer l’Atelier des Transitions dans le quartier de Villejean à Rennes. Ce lieu sera dédié à la mutualisation d’objets sous forme d’une bibliothèque gratuite, ainsi qu’à la réparation et à la fabrication. Il s’agira d’une sorte de mélange entre un Repair Café et un FabLab.

Quelles sont les actualités à venir et les événements à ne pas louper ?

Avec l’ouverture de L’atelier des transitions début mai, nous cherchons à recruter son-sa responsable ! Alors en ce moment je suis en pleine recherche de la personne idéale : avis à tous et toutes, on embauche !!!

Jean-Marc Méléard
Nous serions ravis de connaître votre avis

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