Portrait de Maker #132 : Marie-Serge Coïc

Marie-Serge Coïc, artiste et fondatrice de Tricéphale Création, mêle le crochet en fil de cuivre avec la conception de sculptures animées. Sa passion pour la couture depuis son enfance l’a conduite à acquérir différentes techniques et à développer son expertise. Elle crée des œuvres allant des ex-voto brodés aux installations, avec une attention particulière portée aux différents systèmes du corps humain. Ce qui rend son approche originale, c’est l’utilisation de matériaux et de techniques variés, notamment en combinant la dentelle et les engrenages pour atteindre un équilibre. Son dernier projet, Chrysaora, est une installation immersive et émouvante qui a constitué un défi pour elle et a influencé sa pratique artistique. Bien que son travail n’ait pas de signification particulière, elle laisse au public le soin de projeter ses émotions ou ses références sur ses créations.

Qui es-tu ?

Je suis Marie-Serge Coïc, artiste et fondatrice de Tricéphale Création.

Tricéphale Création réunit l’art du crochet en fil de cuivre argenté et la conception de sculptures animées. Comment est né ce projet artistique et qu’est-ce qui t’a inspiré pour fonder Tricéphale Création ?

C’est lors de tests matière que j’ai abordé le fil de cuivre. De cette découverte a découlé naturellement la mise en mouvement Cette matière est souple et résistante. La dentelle avec son impression de légèreté est préservée.

Pour « Tricéphale », cela signifie, qui a trois têtes. L’idée est de me permettre de mélanger, techniques, disciplines, médiums, univers.

Peux-tu nous parler de ton parcours et des expériences qui t’ont conduites à développer cette expertise unique en matière d’artisanat et de conception de sculptures animées ?

La base de ma pratique artistique découle d’une passion d’enfance pour la dentelle et la broderie. J’ai appris divers travaux d’aiguilles( crochet, dentelles aux fuseaux, broderie de Lunéville) auprès de dames âgées. C’est la nécessité pour accomplir mes créations, qui m’a guidée vers d’autres techniques. J’étais depuis longtemps intéressée à l’horlogerie, les automates… C’est aussi mes incapacités et mon inimitié pour les »nouvelles technologies », l’informatique… et un certain manque de moyens, qui induisent une simplicité d’exécution.

Je suis opportuniste, les rencontres et les demandes extérieures orientent mon parcours.

Quels types de créations proposes-tu et d’où te viens ton inspiration ?                                                                                                

Je suis fascinée par l’étrange simplicité du fonctionnement, pourtant complexe, du  corps humain. Ces divers systèmes, nerveux, vasculaires la magie de l’électricité, le pouvoir de la mécanique… J’aime aborder différentes facettes pour le représenter. Cela va de l’ex-voto brodé de perles, à l’installation. Je suis dissipée dans ma proposition, je ne souhaite pas me spécialiser.

Quels sont les défis auxquels tu es confrontée lors de la création de tes sculptures, et comment fais-tu pour les surmonter ?

Je n’ai pas de formation académique dans le milieu de l’art ou de l’artisanat. J’élabore les modèles pour mes créations en crochet. La maille en fil de fer ne se défait pas, s’il y a une erreur, il n’y a pas de réelle possibilité de retour en arrière. Il y a comme un engagement physique avec la matière, car pour former la maille, chaque brin doit être poussé, parfois, non pas sans difficulté. C’est une pratique chronophage.

De plus, le fil de cuivre ou de laiton a tendance à couper.  En ce qui concerne les mécanismes ou la partie son, je n’ai pas plus de formation. Je dois me documenter, ou compter sur la patience de passionnés. Ma curiosité, et probablement une certaine naïveté, m’incitent à approfondir jusqu’à la concrétisation de ma lubie.

Comment tes sculptures sont-elles reçues par le public et les critiques, et qu’est-ce qui les rend uniques sur le marché de l’art et de l’artisanat ?                                                                                                                                                                                      

Mes créations n’ont ni signification, ni message. Je souhaite que le public les accueille selon sa sensibilité. Certains sont sensibles à l’esthétique, d’autres à la technique et au process. Je soumets une proposition, mais c’est à chacun d’y investir, ou non, une émotion, une référence.  Il n’y a pas de réelle invention, ni originalité  dans mon travail. J’utilise les travaux d’aiguilles traditionnels et technologie simple et séculaire.

Mon thème de prédilection, l’anatomie. Il me semble que l’originalité de ma démarche, réside dans les matières et techniques utilisées. Je mélange la dentelle avec les engrenages en y trouvant un équilibre.

Comment est né le projet Chrysaora et en quoi cette installation immersive et en mouvement se distingue-t-elle de tes créations précédentes ? Quels ont été les défis et les opportunités liés à la réalisation de cette œuvre, et comment cette expérience a-t-elle influencé ta pratique artistique ?

En 2020, on m’a proposé d’investir le scriptorium de l’abbaye royale de l’Epau, pour une exposition. Quelques mois plus tôt j’avais, créé des marionnettes pour Hubert Jégat et son spectacle « Cabaret Kraken ». Il m’a invité à participer au festival de petites formes qu’il organisait.

Mon projet initial a évolué au gré des multiples confinements. L’installation s’est agrémentée d’une mise en mouvement, puis de la mise en son. C’est la collaboration avec Vincent Jarry, soudeur métallier, qui m’a permise la transition vers les installations. Grâce à son travail de l’acier et de ses multiples compétences, j’ai pu envisager que mes créations prennent de l’ampleur, que ce soit en volume, ou dans les spectres explorés.

Avec l’installation Chrysaora, je me suis permis d’aborder la partie son. Je ne suis pas musicienne et laisse le soin aux objets de produire l’univers sonore. J’ai été accompagné par différents musiciens/techniciens, comme Judi-K(Old Capital) et Alexandre Berthaud. J’ai abordé l’utilisation d’une console, d’effets, la fabrication de piezzo… Je travaille sans ordinateur, j’ai donc développé un vif intérêt pour les magnétophones à bande, les tapes loop et autres bricolages du style.

Comment perçois-tu le mouvement des Makers et comment cela se reflète-t-il dans ta collaboration avec d’autres artistes Makers pour développer de nouveaux projets ?

Le mouvement des Makers est une émulation. Les questions trouvent réponse grâce à des confrères/consœurs de divers horizons. On peut échanger sur des sujets insoupçonnables. C’est aussi la liberté de proposer des concepts transdisciplinaires.

C’est d’ailleurs à l’occasion d’un Nantes Maker Campus que j’ai fait la rencontre d’Alexandre Berthaud. Il m’a accompagné lorsque je me suis intéressée à la mise en son. À une autre édition, la rencontre avec le danseur Puppet Boy va d’aboutir à la forme marionnettique « Gloria in Kage »( marionnette taille humaine, évoluant dans une cage avec le danseur).

Sur quoi travailles-tu en ce moment et quels sont tes projets à venir ?

Cette année, je travaille à étoffer l’exposition « Ô mon corps! » (sculptures cinétiques, anatomie humaine).

Avec mon binôme, Vincent Jarry, nous avons créé l’entité ]Careil[ . Nous sommes en réflexion sur deux nouvelles installations. En ce moment, nous « restaurons » un piano mécanique de 1911.

 

                                                                                   

Je collabore pour la compagnie Contr’Pied à la réalisation de la scénographie cinétique de « Paysages Mouvants ».

Où peut-on découvrir ton travail et tes créations ?

Je suis quelque peu désarmée en matière de communication, pour le moment Instagram et Facebook sous le nom de Tricéphale création ou Marie-Serge Coïc.

J’y indique les boutiques où je propose certaines créations et les événement à venir.

Jean-Marc Méléard
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