Portrait de Makers #76 : Emmanuel Robin

Conducteur d’opérations de construction de bâtiments publics et passionné par l’aérospatiale depuis ses 12 ans, Emmanuel Robin est devenu au fil du temps expert dans les domaines de la construction de fusées et de l’impression 3D. À ce jour, Emmanuel a réalisé une vingtaine de modèles à l’échelle 1/60e. De Saturn 5 à Ariane 5, tous les fichiers STL sont disponibles en téléchargement pour le plus grand plaisir des passionnés de la conquête spatiale et pas que !!

Qui êtes-vous ?

Je suis Emmanuel ROBIN, j’ai 52 ans. Je suis titulaire d’un bac F2 électronique et j’ai commencé ma carrière pro comme technicien de maintenance.

Aujourd’hui, je suis conducteur d’opérations de construction de bâtiments publics comme les piscines, cinéma, bibliothèque, etc. Mais j’ai toujours été passionné par l’aérospatiale.

Dès que j’ai pu gagner mon premier salaire, j’ai passé mes brevets de pilote privé hélicoptère à Nantes en 1992 puis avion en 1996 à Cholet. J’ai aussi été agent AFIS sur la plateforme d’Ancenis pour la mise en place de la certification vols de nuit de l’aérodrome. S’il m’avait été possible de passer un brevet d’astronaute, je l’aurai fait aussi !

Passionné par la conquête spatiale, vous imprimez en 3D des fusées au 1/60e. D’où vous vient cette passion et comment devient-on expert dans les domaines de la construction de fusées et de l’impression 3D ?

Cette passion remonte à mes 12 ans en 1980. J’étais nourri à l’espoir de connaître les voitures volantes et les voyages vers Mars pour les années 2000. La société et l’essor technologique de l’époque nous invitaient à y croire.

À cette époque que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître, je dessinais déjà la Saturn 5 sur papier A4 avec des volets dépliables permettant de voir l’intérieur du lanceur. J’obtenais mes informations en fouinant dans les bibliothèques et boutiques de presse. J’avais besoin de comprendre pourquoi ce lanceur était conçu comme ça. Puis j’ai grandi, sans jamais vraiment oublier l’actualité spatiale.

En 2013, l’enfant de 12 ans que j’ai été est revenu frapper à la porte de ma conscience pour me dire quelque chose comme :

« Aujourd’hui il existe des logiciels de modélisation performants, des ressources documentaires de folie, et une technologie d’impression 3d à ta portée. Qu’attends-tu pour terminer ton idée de création d’un modèle de la Saturn 5 ? » il ne faut jamais contrarier un enfant de 12 ans… mon bac technique m’a sans doute apporté quelques facilités pour le dessin et la maîtrise de l’imprimante. j’ai commencé par modéliser, sous Freecad puis sous Blender.

En 2016, lors de ma première visite au Maker campus de Nantes, j’ai craqué et j’ai acheté ma première imprimante : la Microdelta d’eMotion Tech. Et là, c’était parti. Bien sûr, l’utilisation première de ces machines reste encore dévouée aux pièces très variées pour dépanner, modifier, ou améliorer tout un tas de trucs. Le choix de l’échelle 1/60e de mes modèles est issu de la nécessité de faire tenir toutes les pièces imprimables de ma Saturn 5 (1.9m une fois terminé) sur le petit plateau de la Microdelta.

Vos modèles se composent de beaucoup de détails, comment vous procédez pour les respecter, quels documents utilisez-vous ?

Toutes les sources sont bonnes à prendre :

– les livres, comme les collections Haynes

– achat de blueprints,

– les ressources internet :

– sites officiels, nasa, spacex, esa, Ariane espace, ula, etc.

– les bibliothèques en ligne aux états unis notamment,

– les sites des musées de l’air et de l’espace, en Europe ou aux États unis

– les forums sur l’espace ou le modélisme,

– Wikipédia

– les images Google, Flickr, Pinterest…

– les vidéos YouTube, Dailymotion, Vimeo…

– les youtubeurs, Techniques spatiales, Hugo Lisoir, Rêve d’Espace, Cosmonavtika, SCI news, Journal de l’Espace, Stardust, Astronogeek, etc., pour ne citer que les Français !

– les ressources 3d, Blendswap, Thingiverse, Cults3d, Pinshape, etc.

À partir d’un modèle en particulier, j’apprends tout de son histoire. Puis je choisis une mission en particulier. Je commence la collecte de tous les documents, plans et informations que je peux obtenir sur cette mission. Je note tous les détails, et je constitue un dossier complet.

Puis je démarre la modélisation sous Blender ou j’essaie de reproduire tous les détails qui me semblent importants. Ça passe en partie par de la rétro-ingénierie.

Après, je réfléchis à la possibilité d’imprimer le modèle, couleur par couleur, pièce par pièce. Enfin, l’étape suivante consiste au prototypage. Impression, test d’assemblage, reprise de la modélisation, réimpression, remontage, etc. Il me faut aussi réaliser la notice de montage, et enfin la mise en ligne du modèle sur les sites de téléchargement.

En moyenne, entre l’idée et la mise en ligne, il se passe 3 mois. Finalement, les modèles sont toujours le fruit d’un compromis entre réalisme et facilité d’impression et de montage.

À ce jour, combien de répliques de fusées avez-vous modélisées et quels sont les modèles qui vous ont le plus inspiré ?

Aujourd’hui j’ai modélisé une vingtaine de modèles. Mes modèles favoris sont la Saturn 5 bien sûr, mais aussi Ariane 5 que je trouve très belle et la fusée de Tintin.

Les fichiers STL de chacune de vos créations sont accessibles en téléchargement. À qui s’adressent-ils et où peut-on se les procurer ?

Les fichiers STL ou OBJ de mes modèles s’adressent à tout le monde. Ils peuvent être imprimés sur n’importe quelles imprimantes à fusion de filament du commerce, et dans certains cas aussi sur imprimante résine SLA. S’agissant parfois de pièces un peu techniques, il faut bien connaître sa machine et son slicer.

Beaucoup de téléchargements sont faits par des passionnés et collectionneurs, mais j’en ai aussi venant d’associations, clubs, écoles et musées américains. Ces derniers me demandent en général l’autorisation d’utiliser mes modèles à des fins pédagogiques ou d’expositions permanentes ou temporaires. J’ai aussi un modèle de Saturn 5 qui a été acheté pour les besoins d’un film. LA BELLE EPOQUE de Nicolas Bedos pour une apparition 3 secondes à l’image. Le plus incroyable des téléchargements a été pour les besoins de création d’un musée à la gloire du spatial russe, uniquement en impression 3D, à MAGADAN, à l’extrémité Est de la Russie. Mes modèles peuvent être téléchargés sur Thingiverse ou Cults3d (site français).

Combien de fois ont-ils été téléchargés ?

À ce jour, mes modèles ont été téléchargés plus de 4000 fois. Environ 40 % aux US, Mexique et Canada, 30 % depuis l’Europe, 10 % pour la Russie et l’Australie, le reste pour l’Afrique du Nord et l’Amérique du Sud.

Quelle sera votre prochaine création ?

Je ne sais pas encore. J’ai beaucoup de demandes pour le Starship, la N1, Vega, la New Glenn et l’Electron. Entre les lanceurs historiques et le New Space il me faut jongler.

J’ai beaucoup de demandes aussi pour l’ISS, les satellites et sondes qui ont marqué l’histoire (Zond, Voyager, Curiosity, etc.).

Le thème est immense. Je n’ai pas encore fait mon choix !

Jean-Marc Méléard
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