Fort de son expérience avec deux éditions nantaises, c’est au Quai, à Angers, que le Festival D à prit ses quartiers. Se tenant les 21 et 22 octobre, et organisé par l’association Ping, Aldev, l’école supérieure des Beaux-Arts d’Angers, l’ISTIA, Chabada et Terre des sciences, l’événement inaugurait le lancement de la Connected Week et du WEF en ouvrant ses portes aux visiteurs et en leur permettant de découvrir des projets et ateliers d’un nouveau genre.
Munis de blouses bleues floquées Festival D dans le dos, pas loin d’une quarantaine de nouveaux créateurs ont répondu présents pour participer à cette première édition et venir présenter leurs projets étonnants. Proposant une programmation riche en découvertes et innovante de par la qualité des projets, le Festival D a rassemblé les forces vives du territoire et d’ailleurs dont certains que nous avions eu le plaisir d’accueillir sur Make Me Fest Angers 2017 et Maker Faire.
Les FabLabs, hackerspace et associations, au cœur de l’événement étaient de la partie avec les adhérents du Boc@l, le centre socioculturel de Chemillé qui présentait « la lampe ultra-low cost » d’Augustin Chauveau et « la machine à morser » d’Emmanuel Tanguy, sans oublier « STOOL » un prototype de tabouret plus qu’original. « L’association Ping », organisatrice du Festival D et spécialiste dans l’impression 3D, partageait ses connaissances en la matière et présentait différents modèles de machines permettant de passer de l’idée à l’objet en quelques clics. L’école d’ingénieurs « ISTIA », qui inaugure son Fab Lab cette semaine invitait les visiteurs à découvrir les projets « Istiabot », un robot mobile modulaire et ouvert équipé d’un capteur Lidar (télémètre laser) lui permettant de cartographier son environnement, mais aussi « Not a number / Nan », un atelier interdisciplinaire proposant des travaux qui réinterrogent le rapport à la machine-outil pour œuvrer et penser, ou encore le projet « InMoov Controller » réalisé par trois étudiants passionnés de robotique qui ont recréé le bras gauche du robot open source développé par Gaël Langevin. L’association « l’Établi », un Fab Lab low tech situé à Les Ponts-de-Cé qui mutualise les outils et les savoir-faire manuels, mettait en avant ses valeurs qui sont, le partage, l’entraide, la réparation et la réalisation de projets comme les meubles en palette visible dans la scénographie du festival, sans oublier le projet d’orthèse connectée « Biozopix », porté par des passionnés du club ENumEA.
L’expérience était garantie avec « Le BricoLab », qui présentait « Le Vitamine Wall », réalisé par Willy Lambert, un de ses adhérents. Il s’agit d’un mur d’escalade interactif qui réagit aux mouvements réalisés par les grimpeurs et qui pour l’occasion a été adapté pour l’événement en proposant un parcours au sol avec des obstacles à éviter et des éléments à attraper. Laurent Malys invitait le public à produire des dessins géométriques en manipulant des boutons sur un boîtier en s’essayant au projet « Near Miss Harmony », une installation audiovisuelle inspirée de différents jouets aujourd’hui un peu oubliés tels que le wondergraph et autres machines à dessiner les cycloïdes. Proposé par l’atelier de créations graphiques « Prends tes palmes et ton tuba », le projet « Révélateur » plongeait les visiteurs dans des toiles à observer par le biais d’une tablette numérique révélant des secrets invisibles à l’œil nu. « Haum », le Hackerspace du Mans incitait le public à jouer au jeu collaboratif géant « Dhaumadi » qui consiste à reproduire sous un dôme en bois, un enchaînement de lumières sans se tromper. « Les Chats Cosmiques et Playfool », quant à eux présentaient « RGB Racers », un jeu de course géante vidéo projetée sur façade urbaine qui invitait 3 utilisateurs à piloter un petit vaisseau grâce à un volant et une pédale, pour collecter le maximum de bonus et obtenir la première place de la course.
La musique crée des émotions, et les projets aussi ! « PULSO », en est un qui permet de faire de la musique à partir des battements du cœur relié à un ordinateur. « RESSENTI SONORE », porté l’association « My Human Kit », a pour objectif d’offrir aux sourds et malentendants la possibilité de ressentir les sons, la musique en utilisant d’autres sens. « LOOPCARD », porté par Jean-Baptiste Lévêque, est un petit instrument très simple à fabriquer, il suffit de détourner le circuit imprimé d’une carte de vœux électronique pour pouvoir enregistrer et moduler des sons. « HEMICYCLE SYMPHONIE » dont nous n’avons vu qu’un croquis, est une installation sonore retranscrivant l’activité des députés à l’Assemblée nationale sous la forme d’une orchestration philharmonique. « SILLON’R », un graveur de disques vinyle open source qui permet aux artistes, groupes et labels indépendants de produire leurs disques en petite série de manières indépendantes. « IMPROVISARIUM » du « Collectif Récif » présentait un ensemble d’instruments de musique numérique non conventionnels qui, une fois leur comportement programmé, donne un ensemble musical harmonieux.
Des inventions de génie ! « Le Tricodeur » de l’association « Sew & Laine » est né du croisement textile et numérique, c’est une machine à tricoter qui a été hackée pour permettre de reproduire n’importe quel visuel en tricot. Le projet « Jeux de Kermesse » nous montre que l’on ne fabrique pas que des objets numériques dans les Fab Labs et qu’il est possible de construire de magnifiques jeux en bois avec des matériaux de récupération. « Proto D’Pilboo », une petite éolienne open source à axe vertical de petite taille et sa génératrice prouve qu’il est possible de produire de la vraie électricité. Marc Raynaud était également de la partie pour présenter sa « Machine de Turing » et animer des ateliers sur la lévitation. L’association « LABOMEDIA », présentait des projets ludiques : « Patatte », une patte articulée actionnée par des vérins pneumatiques. Cette maquette qui permet de valider des choix techniques, pour, à terme, fabriquer une créature géante qui interagirait avec l’homme lors d’une représentation sur scène ou dans l’espace public et l’installation artistique : « Manuel appliqué pour maltraiter les ordinateurs » qui propose de contrevenir au fonctionnement du système informatique globalisé en s’attaquant à ses interfaces avec l’extérieur et à ce qui le nourrit : données et électricité.
Pour ravir les plus jeunes, mais pas que, le « Club Robotique » de Saint-Barthélemy d’Anjou présentait les robots qui ont participé à la coupe de France de robotique en permettant aux visiteurs de s’affronter sur un dohyo. « OpenFabrick », des jeux de construction réalisés à partir de matériaux de récupération issus des machines d’un Fab Lab, permettent aux petits et grands de se familiariser avec la conception et la fabrication numérique. Le design était également à l’honneur avec « Lopoli », une série de pièces issues d’expérimentations sur le design et le dessin génératif avec des machines, à partir de scripts développés par l’artiste.
Cette première édition du Festival D à Angers est une réussite en termes d’affluence et de contenu. Intense en découvertes, rencontres, expériences, les nouveaux créateurs ont montré leur potentiel et les possibilités qui s’offre à chacun, en montrant que tout est possible ou presque !