Portrait de Maker #108 : Lucas Saden

Diplômé de l’école Strate en Modelage 3D, fabmanager et Maker confirmé, fondateur de S-CONCEPT, Lucas Saden est spécialisé dans l’artisanat et le prototypage. Maîtrisant les outils numériques à la perfection et notamment le logiciel SOLIDWORKS ainsi que d’autres applications de la plateforme 3DEXPERIENCE de Dassault Systèmes, les projets qui en découlent sont de véritables chefs d’oeuvre. La créativité et les compétences techniques font de Lucas un artisan des temps modernes pour qui la fabrication est au coeur du projet !

Qui es-tu ?

Je me présente, je m’appelle Lucas Saden j’ai 26 ans, et j’habite à Paris. Fin 2020 j’ai créé mon entreprise S-CONCEPT spécialisée dans l’artisanat et le prototypage.

Diplômé de l’école de Design Strate en tant que Modeleur 3D tu es le fondateur de S-CONCEPT. Quel a été ton parcours et d’où te vient cette envie d’entreprendre ?

Après un Bac scientifique, j’ai intégré une école d’ingénieur Postbac. Après 3 ans plus ou moins réussies je me suis rendu compte que les études d’ingénieur actuelles ne me correspondaient pas car il y avait un gros manque de concret. Ce qui me plaisait le plus c’étaient les projets réels avec de vraies problématiques qui s’ancrent dans la réalité.

J’ai donc décidé de me réorienter vers un diplôme plus concret et plus manuel. J’ai intégré l’école Strate en Modelage 3D, ce qui m’as permis d’apprendre la modélisation 3D ainsi que la maquette.

En parallèle, je commençais à transformer le garage de ma mère en atelier en achetant au fur et à mesure des machines pour faire des projets extracurriculaires.

J’ai toujours aimé fabriquer des choses. J’aime pouvoir faire un projet complet, du dessin à la production en passant par la modélisation.

Je suis très curieux et j’adore apprendre. Si j’avais été salarié j’aurais certainement été coincé dans une case et je n’aurais traité qu’un seul aspect d’un projet. Entreprendre me permet de créer ce que je souhaite de A à Z.

Ton parcours t’a amené à travailler au sein du 3DEXPERIENCELAB de Dassault Systèmes à Boston. Quelles leçons tires-tu de cette expérience ?

La principale leçon que je retiens est que les gens adorent créer des choses ! Ils aiment expérimenter, tâtonner, jouer avec les machines (moi le premier), créer des petits objets.

Je retiendrais aussi qu’un atelier tel qu’un FabLab c’est compliqué à gérer mais bien optimisé et bien équiper, on peut ensuite créer ce qui nous plait et ça c’est un bonheur.

Enfin la dernière leçon serait la nécessité d’un FabLab ou autre atelier de prototypage pour concevoir un meilleur projet. Le prototypage rapide est à mon sens une révolution dans la façon de concevoir un objet, à tel point que j’en ai fait mon sujet de mémoire de fin d’étude en revenant en France.

Ton activité chez S-CONCEPT nécessite des compétences et des machines bien spécifiques. Quelles sont-elles et pourquoi ce choix ?

Pour réaliser des projets il faut une grande variété de machines et parfois des machines bien spécifiques et pointues. J’aime toucher à tout. Pour l’artisanat traditionnel, j’ai suivi des formations de tournage sur bois par exemple. Je me suis donc équipé d’un tour à bois. Je fais également de la coutellerie (que j’ai appris seul). J’ai donc besoin de m’équiper pour cela de machines à métaux (tour, fraiseuse, poste à souder, back stand, four de trempe, …).

J’aime aussi mélanger les matériaux, le bois, les métaux, les résines et composites ou bien les impressions 3D. Je me suis pour cela formé aux différentes techniques qui sont très différentes. Je dois donc avoir un atelier assez complet, avec toutes les machines à bois traditionnelles (raboteuse, dégauchisseuse, tour, scie à format, …), les machines à métaux, une cabine peinture pour les vernis et différentes finitions, des machines numériques (imprimante 3D filament et résines liquides, CNC grand format, …), une cuve à vide pour faire des moules silicones par exemple, sans oublier le petit outillage !

Je m’équipe au fur et à mesure ce qui me permet d’agrandir mes possibilités dans le temps. Et j’essaie d’apprendre au mieux de nouvelles techniques de fabrications pour devenir un maker complet.

Quel logiciel utilises-tu pour réaliser des prototypes et pourquoi ce choix ?

Je travaille avec SolidWorks principalement, ainsi que d’autres applications de la plateforme 3DEXPERIENCE de Dassault Systèmes.

J’ai commencé à travailler sur SolidWorks lors de mes études d’ingénieur, et pour moi qui suis très cartésien et qui aime les fonctionnements mécaniques, c’est le logiciel parfait ! Pendant mes études, j’ai beaucoup travaillé sur des logiciels de modélisation 3D de type surfaciques, et à part dans quelques domaines niches dans lesquels je ne travaille pas, ils ne me sont pas très utiles.

J’utilise beaucoup les logiciels XDesign et XShape sur la plateforme 3DEXPERIENCE. Ils me permettent de faire des modélisations de prototypage rapide. Je passe ensuite sur SolidWorks pour les modèles plus complexes et enfin je fais mes rendus virtuels sur SolidWorks Visualize. Avec ce combo-là, la seule limite à la modélisation 3D c’est moi…

Ton activité nécessite l’utilisation de matériaux nobles. Quels sont-ils et comment fais-tu face à la pénurie de certains matériaux ?

Je travaille principalement le bois pour le mobilier et heureusement à part une hausse constante des prix, je n’ai pas eu de problème d’approvisionnement pour l’instant. Pour la coutellerie, j’ai des fournisseurs spécialisés dans les aciers pour les lames ainsi que dans les bois très nobles pour les manches. Heureusement, je n’ai besoin que de quantités assez faibles.

Mon souci réside plutôt dans la provenance des matériaux. J’essaie de promouvoir une fabrication la plus locale possible en utilisant le maximum de matériaux sourcés localement. Je prends donc mon temps pour sélectionner les bons fournisseurs. J’essaie de travailler avec des élagueurs locaux pour le bois par exemple. J’ai eu la chance de faire de belles rencontres avec des artisans très d’expérimentés qui me conseillent quand j’ai besoin.

On ressent la fibre Maker dans ton travail. Que représente pour toi ce mouvement ?

Le mouvement Maker représente pour moi de grande opportunité d’apprentissage et de partage de savoir. J’ai eu la chance de suivre certains étudiants du cours « how to make almost anything » du MIT pour la fondation des Fablabs, et je me suis rendu compte que ce mouvement maker pousse les gens à développer des projets extraordinaires ! Il permet le partage de connaissances pour mieux avancer dans chaque projet et pousse à l’innovation.

Le mouvement Maker permet aussi de mettre en avant le savoir-faire de la fabrication, lequel je pense, a été dénigré pendant longtemps en France.

Ce mouvement représente le mieux ce que je fais à mon avis, car je fabrique de tout. Je modélise en 3D, j’utilise l’artisanat, le prototypage, l’impression 3D, mais les points communs à tout ça, ce sont le design et l’innovation.  Je pense que c’est ce qui définit entre autres le mouvement Maker.

Si tu devais choisir l’objet ou le projet dont tu es le plus fier, quel serait-il et pourquoi ?

C’est une question très difficile, mais je pense que j’en choisirais deux.

Le premier est mon meuble à alcool MAW 211 que j’ai fabriqué fin 2017. Je pense c’est ce qui m’a ensuite poussé à construire d’autre meubles. C’est le premier vrai projet que j’ai conceptualisé et réalisé avant même de concrétiser mon projet professionnel.

Le deuxième est le couteau Deba 642.  C’est l’un de mes premiers couteaux. Sa fabrication m’as pris beaucoup de temps, m’a demandé de la rigueur et de la patience. Je suis fier de son aspect final, de sa qualité de construction et de son design. Ce couteau m’a prouvé que je pouvais apprendre un artisanat via internet et YouTube…et que en y mettant du temps et de l’énergie on pouvait réussir.

Quelles sont tes ambitions pour S-CONCEPT dans les mois à venir ?

S-Concept va prendre une autre dimension dans les mois à venir…Je déménage dans des locaux plus grands !

J’ai créé la société avec comme atelier un petit garage transformé en atelier, ce qui ne me permettait pas d’avoir toutes les machines dont j’avais besoin, je devais donc trouver des solutions pour faire ou faire faire à l’extérieur certaines manipulations nécessitant des grosses machines. Après un an de recherche, et donc à partir du mois de septembre, je serai installé à côté de la porte de Bagnolet en région parisienne. Je vais pouvoir travailler sur S-CONCEPT 2.0, avec plus de capacités, plus de productions et plein de nouveautés.

Jean-Marc Méléard
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