Portrait de Maker #175 : Jimmy Daniel

Jimmy Daniel, Maker nantais passionné d’innovation, explore sans cesse de nouvelles approches en mécanique, électronique et ingénierie. Son projet phare ? Un side-car autonome conçu comme un véritable laboratoire mobile. Inspiré par les conditions extrêmes des Millevaches Authentic 2018, il a relevé le défi de créer un véhicule alliant confort et autonomie énergétique. Grâce à des compétences variées – impression 3D, soudure TIG, domotique, usinage – il a optimisé chaque détail, intégrant panneaux solaires, batteries lithium et capteurs intelligents. Aujourd’hui, il partage son expérience avec la communauté Maker et cherche à rejoindre un fablab nantais pour enrichir encore son aventure.

Qui es-tu ?

Je suis Jimmy, Nantais d’origine, passionné d’innovation et de bricolage, toujours à la recherche de solutions créatives et innovantes. Mon parcours de Maker reflète une curiosité insatiable pour tout ce qui touche à l’électronique, la mécanique et l’ingénierie.

Comment t’est venue l’idée de concevoir un side-car aussi innovant ?

L’idée m’est venue lors d’un rassemblement moto, les Millevaches Authentic 2018. En réfléchissant à la manière d’allier mobilité et confort dans des conditions climatiques extrêmes, j’ai imaginé un side-car qui serait bien plus qu’un simple accessoire : un véritable laboratoire mobile.

Peux-tu nous parler de ton parcours et de ce qui t’a amené à explorer la création et l’innovation sous toutes ses formes ?

Depuis mon enfance, j’ai toujours aimé démonter, comprendre et reconstruire le monde qui m’entoure. Mon parcours débute dans la déchèterie, juste à côté de chez moi, où je bricolais sur de petits projets : fabriquer un vélo cerf-volant à partir d’un vélo, transformer une boîte à chaussures en enceinte en récupérant des haut-parleurs de télévision, ou encore construire une alarme sous la moquette de ma chambre avec une pile 9V et un buzzer. Tout cela, à 8 ans.

Au fil des années, jusqu’à l’adolescence, quatre personnes marquantes m’ont accompagné et initié à l’univers de la bidouille, du bricolage et de l’innovation, univers auquel j’étais profondément attaché :

Henri Huet : La première personne que j’ai rencontrée et que j’admirais. Avec lui, j’ai démonté mon premier grille-pain défaillant – un appareil devenu inutilisable à cause d’une accumulation de miettes sur l’électroaimant – et réparé une télécommande simplement en nettoyant ses contacts. J’ai même ouvert mes premiers potentiomètres pour redessiner la piste en carbone avec un crayon de bois et leur redonner un peu de vie. Henri, c’était aussi l’image d’une montre Casio au poignet et d’un Victorinox à la ceinture, et surtout la découverte de la musique : il m’a appris mes premiers accords à la guitare, m’a fait décrocher le téléphone fixe pour capter le LA afin d’accorder sa guitare, et un jour, il m’a parlé de Georges Brassens, une révélation que je comprends encore mieux aujourd’hui. Avec lui, j’ai réalisé d’autres projets plus aboutis, comme des boomerangs, une station météo, des micro-fusées ou encore la fabrication d’un ballon géant en couverture de survie gonflé à l’aide d’un décapeur thermique, un projet que nous testions dans une salle de sport pour pouvoir réaliser des photos aériennes.

Xavier Greveche : Avec Xavier, j’ai eu mon premier contact avec le travail du bois et l’univers des deux-roues. Ensemble, nous avons fabriqué mes premiers petits voiliers en bois, que nous faisions voyager sur l’étang, qui voyageait grâce au vent, ainsi que ma première boîte à pêche en bois, sans oublier, en passant, la pêche de grosses carpes au pain. Il m’a aussi initié aux premiers entretiens des deux-roues, en commençant par l’entretien des vélos, alors que je regardais de loin les mobylettes, bien que je n’avais pas encore l’âge pour y toucher.

Bertrand Pierson : Imaginez-vous, du haut de vos 10 ans, rencontrer un personnage à l’allure d’Agride, arrivant sur une moto BMW des années 80, un peu trop jaune, car oui, elle avait déjà pris feu et avait dû être repeinte, vêtu en sandales-chaussettes toute l’année, ou encore avec sa 205 transformée en « caverne d’Alibaba » dont on ne savait jamais ce qu’il y avait à l’intérieur. Cela donnait l’impression qu’il y avait de quoi construire une deuxième voiture. Il m’a surtout permis de me questionner sur mes réalisations et de me poser les bonnes questions. Qu’il s’agisse de bricoler sur des microtracteurs sans permis, de modélisme ou même de doubler les bougies d’allumage sur la BMW – des mystères techniques que je ne comprenais pas toujours – Bertrand possédait d’excellentes bases techniques. Même aujourd’hui, j’ai l’impression qu’il est comme ces goulottes au bowling, le mec qui t’aide à réfléchir et à remettre ton projet sur le bon chemin.

Maryline et Royco : Arrivé à l’âge de la mobylette et de l’apprentissage, j’ai trouvé mon premier job en CAP en alternance dans leur atelier moto à Oudon. J’avais alors 14 ans. Là, j’ai expérimenté toutes sortes de situations, parfois plus ou moins dangereuses. Obnubilé par ma nouvelle monture, la mobylette, j’ai pratiquement tout fait : installer un carburateur de tronçonneuse, tester tous les liquides inflammables à ma disposition, voir utiliser des bouteilles de butagaz, toujours dans l’optique d’aller plus vite. Le résultat était souvent une mobylette en panne sur le bord de la route. Pendant deux ans, je parcourais 32 km aller-retour chaque jour entre Anetz et Oudon pendant trois semaines, puis 90 km aller-retour entre Anetz et Sainte-Luce-sur-Loire, hiver comme été. Ma mobylette se transformait en laboratoire de bricolage plutôt qu’en simple moyen de transport. Je partais même avec un moteur en pièces détachées dans mon sac à la place du matériel scolaire, tant la passion était plus forte que tout. Il m’est arrivé un nombre incalculable de fois de devoir refaire le moteur sur le bord de la route ou de chercher des pièces dans le fossé, ce qui retardait souvent mon arrivée au travail.

Quant à Royco, avec ses lunettes rondes, une cigarette au bec et les mains sur les hanches, et sa clope au-dessus de l’essence, il me répétait souvent : « Quelqu’un qui a peur, c’est un peureux. » Je lui dois énormément pour toute l’expérience qu’il m’a transmise. Aujourd’hui, on le considérerait comme un Maker, mais à mes yeux, il était un génie.
En combinant cet apprentissage théorique et ces innombrables expérimentations personnelles, j’ai découvert la véritable puissance de l’innovation. Pour moi, la création est une aventure où chaque défi est une opportunité d’apprendre et de repousser les limites de ce qui est possible.

Quelles ont été les principales étapes et défis de sa conception ?

La première étape a été d’identifier précisément mes besoins, grâce à l’expérience accumulée lors de sorties en conditions extrêmes avec ma compagne Fanny. Après avoir listé ces besoins, j’ai esquissé des idées, défini les dimensions (avec un retour en enfance en construisant avec Fanny des cabanes en carton pour tester l’espace) et modélisé le tout sur Fusion 360. Le choix des matériaux et la conception du châssis reliant le panier à la moto, élément crucial pour la tenue de route, le freinage et la sécurité, ont constitué des défis techniques majeurs.

Ton side-car est un véritable laboratoire mobile. Quels savoir-faire et techniques as-tu utilisés pour le concevoir ?

J’ai mobilisé un large éventail de compétences et techniques :

– Impression 3D pour la fabrication de pièces personnalisées.
– Soudure TIG.
– Programmation sur ESP32.
– Conception assistée par ordinateur (CAO) avec Fusion 360.
– Découpe laser.
– Domotique connectée via le réseau 5G.
– Fabrication de batteries lithium LiFePO4.
– Usinage avec tour et fraiseuse (j’ai même construit une fraiseuse à commande numérique).
– Travail du bois, du carbone et de la résine époxy.
– Couture, menuiserie, peinture et vernissage.
– Intégration de systèmes électroniques pour l’autonomie énergétique.

Une évolution prochaine inclura l’hydraulique pour améliorer la motricité de la roue du panier.

Comment as-tu intégré et optimisé les différentes sources d’énergie embarquées pour garantir une autonomie totale ?

Pour garantir une autonomie optimale, j’ai intégré un système de gestion d’énergie intelligent (Victron) qui combine :

– Deux batteries lithium 12V de 100Ah.
– Quatre panneaux solaires totalisant 215W.
– Une éolienne de 90W.
– Un chargeur Victron 15Ah et l’alternateur de la moto, qui recharge ma batterie.

Ce système ajuste automatiquement la distribution d’énergie en fonction des besoins, permettant d’alimenter le réfrigérateur, l’éclairage, les ports USB et le ventilateur du poêle à bois.

Quel rôle joue l’Arduino dans ton projet et quelles solutions technologiques t’a-t-il permis d’apporter ?

Dans mon projet, l’ESP32 (similaire à Arduino) joue un rôle central en centralisant la gestion de tous les capteurs et systèmes embarqués. Par exemple :

– Trois sondes de température surveillent la doublure du poêle à bois ; dès qu’une sonde dépasse 40°C, un relais active un ventilateur tangentiel pour éviter la surchauffe.
– Une sonde dans le réfrigérateur gère son allumage.
– Une autre option permet d’allumer l’éclairage extérieur à distance pour faciliter la localisation du side-car.

Comment comptes-tu partager ce projet et tes découvertes avec la communauté Maker ?

Je souhaite faire de ce side-car et de mes autres projets de véritables vitrines de création. Mon plan est de documenter l’ensemble du processus à travers des tutoriels, des articles et l’organisation d’ateliers participatifs. Mon objectif est de partager mes apprentissages et d’accompagner d’autres Makers dans leurs propres aventures.

À terme, j’envisage également de rejoindre un fablab dans la région nantaise, et toute suggestion d’adresse est la bienvenue.

Où en es-tu aujourd’hui dans la finalisation du projet, et quand prévois-tu le départ pour ton tour du monde ?

Aujourd’hui, le side-car est en phase finale de tests et de validation, avec quelques ajustements techniques en cours pour garantir une fiabilité optimale en conditions réelles. Je prévois de partir à l’été 2025 pour mon tour du monde, accompagné de Fanny. Le projet sera également enrichi de plusieurs autres prototypes au fil du voyage, au fur et à mesure que de nouvelles idées et améliorations verront le jour.

Jean-Marc Méléard
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