
Léo Paul est un créateur d’objets qui fusionne art, mécanique et interaction pour donner vie à des œuvres ludiques et inattendues. Inspiré à l’origine par des personnages-ustensiles articulés, il a conçu des manèges interactifs et des véhicules insolites pour enfants, tels que les Vélos à Plumes et les Chignoles de Courtoisie. Fabriquées à partir de matériaux de récupération, ses créations réinventent l’expérience du manège en privilégiant l’exploration sensorielle et la participation active, loin de toute passivité. Son univers s’étend également à la peinture, au collage et aux installations dans des lieux atypiques, comme son exposition à Hédé. Actuellement, il développe des projets itinérants et cherche à ancrer davantage ses œuvres dans le paysage local.
Qui es-tu ?
Je suis Léo Paul, créateur d’objets assurément, mais au-delà de cela, défricheur d’idées, inventeur de choses qui tiennent plus ou moins la route, parce que le plus souvent roulantes et destinées aux enfants. J’aime ce qui a de la gueule, du corps, qui sort des conventions, tout un programme, en quête de saveurs nouvelles.
Peux-tu nous raconter ton parcours et ce qui t’a conduit à mêler art, mécanique et interaction dans tes créations ?
Au début, j’avais une quincaillerie plutôt inhabituelle et je mesurais l’engouement des jeunes spectateurs qui me suppliaient de leur prêter mes personnages-ustensiles articulés. Puis, je les ai agrandis : mes cafetières animées se sont faites crocodiles et mon bazar est devenu manège. Je me suis ainsi orienté vers des créations interactives et ludiques, en explorant le mouvement et l’interaction entre l’enfant et l’objet.
Comment est née l’idée du Manège sans fil ? Quelle a été l’étincelle de départ ?
L’idée du Manège sans fil est venue de cette envie de créer un univers unique, une sorte de zoo où tout est relié à l’exploration et à la créativité. Les enfants grimpent à bord de véhicules insolites, tandis que les parents les propulsent. Cela ouvre des perspectives : il y a des crocs, du bec, des ailes, des volants, des roulements, des suspensions… et du son ! Des sonorités mises au point pour l’occasion, car chaque création est aussi une expérience sensorielle.
En quoi ces attractions sont-elles une alternative aux manèges traditionnels ? Quel message souhaites-tu transmettre à travers elles ?
Ces objets sont des récup’, certes, mais avec un design des plus exigeants. Les belles lignes et la justesse des proportions sont des valeurs sacrées, même avec zéro budget ! Mon objectif est de proposer des expériences interactives, non passives, où les enfants et leurs parents deviennent acteurs du jeu. Ce sont des espaces de liberté et d’échange, loin de la consommation classique.
Peux-tu nous parler des Vélos à Plumes et des Chignoles de Courtoisie ? Comment fonctionnent-ils et quel est leur esprit ?
Avec Les Vélos à Plumes, j’ai voulu hisser mes créations au rang de véritables véhicules, capables de circuler partout. Les enfants sont passagers, on bavarde, et l’oiseau-carrosse est du genre impulsif. « Un parfum de liberté… ! » me dit une gamine en actionnant les ailes du grand oiseau bleu. Ma création la plus récente, ce sont Les Chignoles de Courtoisie. Les enfants disposent là de leur propre véhicule, un animal gracile et articulé. L’engouement est au rendez-vous.
En parallèle de tes manèges et vélos, tu réalises aussi des peintures et des installations. Comment ces pratiques s’intègrent-elles dans ton travail ?
La créativité n’est pas une activité saisonnière, mais bien un reflet de la vie à tout instant. Parfois, des choses plus mystérieuses se font jour sous forme de peintures, de couleurs, de collages… Un art essentiel qui me ressemble. Mon travail explore le lien entre matière, mouvement et esthétique, qu’il s’agisse d’objets mécaniques ou d’œuvres picturales.
Tu as exposé une de tes installations sur le site des onze écluses à Hédé. Peux-tu nous en dire plus sur ce projet et sur tes autres actualités artistiques ?
J’aime proposer des installations dans des lieux insolites, en plein air ou en lien avec leur environnement. Cette exposition à Hédé était une occasion d’expérimenter différemment la présentation de mes créations et d’ouvrir le dialogue avec un public varié. D’autres projets sont en cours, notamment dans ma commune et dans le pays de Brocéliande.
Sur quels projets travailles-tu en ce moment ? Où pourra-t-on découvrir tes créations prochainement ?
Les Vélos à Plumes seront visibles dans ma commune au mois de mai, et également à La Rochelle et au grand festival de Chassepierre en Belgique cet été. J’aimerais aussi avoir la possibilité de me produire plus souvent en local, sans avoir systématiquement besoin d’être programmé ou contractualisé.
Comment vois-tu l’évolution de ton travail dans les prochaines années ? As-tu des défis que tu aimerais relever ?
Mon travail s’oriente vers une approche toujours plus interactive et immersive. J’aimerais développer encore davantage l’aspect itinérant de mes structures et proposer des expériences encore plus accessibles au plus grand nombre. Rendre mes créations visibles localement est un défi que je souhaite relever.
Quelle est ta vision du mouvement Maker et de l’art interactif aujourd’hui ?
Je me considère comme un assembleur, que ce soit d’objets métalliques ou de papiers, avec une certaine aptitude à faire émerger quelque chose d’unique. Ce que je cherche, c’est que la surprise prenne forme et devienne une expérience vivante, presque musculaire plus que robotique. Pour moi, être Maker, c’est poursuivre une démarche créative et technique en direction des plus jeunes, leur donner la possibilité d’interagir, d’expérimenter et d’inventer leur propre histoire à travers mes créations.