Portrait de Makers #145 : La Famille Ducros

La Famille Ducros, composée d’inventeurs et de Makers, excelle dans la création de petits véhicules assis, idéaux pour le plaisir ou les besoins spécifiques. Leur approche repose sur la récupération, le réemploi, et le détournement d’objets, loin de toute démarche marketing. Initié par Alain, le projet a évolué vers une collaboration familiale et une passion commune. Dotée d’une appétence pour la création numérique, la famille se distingue par des projets originaux, dont des kits pour trottinettes et hoverboards. Leur philosophie DIY et leur amour pour l’impression 3D ont donné vie à des projets allant de moteurs à air chaud à des jouets innovants partagés sur des plateformes comme Thingiverse. Leur engagement au sein de l’association My Human Kit s’intensifie, orientant leur focus vers des projets axés sur le handicap, tout en explorant de nouvelles idées divertissantes. La famille Ducros, un exemple inspirant de créativité en mouvement.

Qui se cache derrière la Famille Ducros ?

La famille Ducros, composée d’inventeurs et de Makers, réalise des petits véhicules fonctionnels conçus pour se déplacer en position assise, aussi bien pour le plaisir que pour répondre à des besoins spécifiques. Elle se lance également dans des projets de création numérique, souvent en utilisant une imprimante 3D, pour la conception de jouets et divers objets. Leurs réalisations, simples, économiques et destinées à être fabriquées soi-même, reposent sur la récupération, le réemploi et le détournement d’objets.

Cette démarche n’a pas de visée marketing, mais est animée par la passion. Les projets sont partagés gratuitement et régulièrement documentés, suivant la philosophie du Do It Yourself.

Je m’appelle Alain, je suis marié, nous avons trois enfants. Initialement, j’ai commencé cette activité de création tout seul, et depuis, c’est toute la famille qui a rejoint l’activité.

Pouvez-vous nous parler de votre parcours et nous dire comment vous en êtes arrivé à développer des projets en famille ?

Enfant, j’aimais créer mes jouets. À cette époque, l’approvisionnement en composants ne se faisait pas par des sites asiatiques, mais plutôt dans des décharges en accès libre. Bien que cela ne soit pas écologique, c’était mon lieu d’approvisionnement. Animé par ma curiosité, mes premières expériences électriques n’ont pas toujours été appréciées par le disjoncteur.

L’une de mes dernières réalisations de jeunesse était une sorte de voiture de modélisme avec quatre roues motrices, directionnelles et suspensions. Je l’ai conservée, réalisée avec des pièces de récupération, y compris des cardans fabriqués avec des chevilles murales.

Mes études m’ont conduit dans le domaine de l’électrotechnique et de l’automatisme. Cependant, j’ai complètement abandonné la conception lorsque j’ai commencé à travailler, en raison de diverses contraintes : famille, manque de temps, contraintes financières et absence d’espace pour réaliser mes projets.

Mon domaine d’activité était centré sur la métallurgie, mais sans orientation créative. Vingt-six ans plus tard, suite à des problèmes de santé et une opération complexe, je me suis retrouvé en rééducation, devant composer avec une forme aléatoire, y compris aujourd’hui.

Pour m’occuper, en 2015, j’ai investi dans une imprimante 3D, une Prussa I3 en kit, qui fonctionne toujours. Nous avons également commencé à concevoir en famille de petits véhicules simples, dans un but récréatif et de promenade.

Plus tard, j’ai découvert les maisons de quartier, les Lab Fab, et ultérieurement, l’association My Human Kit.

D’où vous vient cette appétence pour l’impression 3D et plus généralement pour les nouvelles technologies, quel a été l’élément déclencheur ?

J’ai toujours aimé concevoir, comme beaucoup. Parfois, nous avons des idées intéressantes, mais il nous manque les moyens de les concrétiser, ce qui est très frustrant. Paradoxalement, ce sont des problèmes de santé qui ont rallumé la flamme de la créativité.

Les outils de création numérique sont devenus de plus en plus accessibles. L’émergence des imprimantes 3D, des cartes Arduino et des LabFab permet de donner vie à des idées sans intermédiaire. Nos enfants acquièrent également des compétences dans l’utilisation de ces outils, ce qui facilite notre activité en famille.

Quels  sont les projets les plus marquants que vous avez réalisés en tant que famille Ducros dans le domaine de la création 3D, et comment ceux-ci ont évolué au fil du temps ?

Parmi nos projets les plus amusants figure un kit conçu il y a plusieurs années pour attacher sur une trottinette. Il permet de se déplacer en position assise, avec la possibilité de basculer d’une conduite de type tricycle en mode deux roues. Ce véhicule nécessite une phase d’apprentissage, mais offre une conduite plus adaptée et confortable dans les virages.

Un autre projet innovant est notre remorque de propulsion. À première vue, elle semble être un simple chariot pour faire les courses. Équipée de deux roues motorisées de 350 W, elle peut propulser un fauteuil roulant, un vélo, et même conserver l’assistance électrique pour faire les courses et compenser le poids total du chariot.

L’objectif n’est pas la vitesse, mais d’avoir une puissance suffisante. Vous pouvez retrouver ce projet, notamment sur YouTube, sous l’appellation « Remorque de propulsion ».

La réalisation de kits démontables pour trottinettes et hoverboards est une idée intrigante. Comment est née cette initiative et quel a été le processus de conception ?

L’idée est liée à l’envie d’avoir un véhicule simple à réaliser pour se promener, à faible coût, et avec l’outillage classique du bricoleur.

La philosophie a donc été la suivante :

Que voulons-nous ? Que pouvons-nous récupérer ? Ensuite, il faut réfléchir entre les deux pour faire quelque chose de simple.

Premier principe : Le kit à adapter à un hoverboard ou à une trottinette répondait à notre besoin. C’est amusant, et l’on peut simplement enlever le kit pour retrouver son matériel dans son état d’origine. Cependant, ce principe a ses limites, car on doit s’adapter au matériel, avec parfois une conduite facile à prendre en main, mais qui ne correspond pas forcément à ce que l’on connaît.

Deuxième principe : C’est la même philosophie, mais à l’inverse. On réalise un kit motorisé que l’on peut ensuite ajouter à un véhicule existant non motorisé, un fauteuil roulant, un vélo ou autre. De même, le kit motorisé se fait avec des trottinettes ou des hoverboards en panne.

Évidemment, on n’obtient pas les caractéristiques ni l’homologation du commerce, mais on peut se faire plaisir et prendre l’air dans un lieu de promenade. Les réalisations sont à faire soi-même et reviennent à rajouter un coût situé entre 80 € et 300 €, selon la récupération et ce que l’on souhaite. L’objectif n’est pas la vitesse, mais plutôt d’avoir suffisamment de couple et d’assistance.

En parlant de création d’objets pour l’impression 3D, pourriez-vous partager quelques-uns de vos projets favoris ou les plus originaux que vous avez développés en famille ou individuellement ?

Nous avons une préférence pour nos moteurs à air chaud réalisés à partir de pièces modélisées et imprimées en 3D. Nous les assemblons ensuite sur des boîtes de conserve ; cela fonctionne avec une simple bougie.

https://youtu.be/p66OsTgjHlM?si=yd6oG3yoSa138-PW

À l’époque des hand spinners, nous avions réalisé un concept, le « hand spinner ficelle ». Au lieu d’élancer avec le doigt, on tire une ficelle enroulée, et on obtient une vitesse bien plus élevée.

Lors de la découverte de l’impression 3D, nous avons aussi été amusés par le fait qu’une seule pièce imprimée pouvait comporter des articulations, des fonctions ressorts, et autres ; nous en avons donc réalisé.

C’est le cas de nos mini pistolets à élastique qui plaisent aux enfants. De même, la plupart de nos projets 3D sont partagés sur des sites tels que Thingiverse ou équivalent.

La remise en circulation de jouets défectueux à l’aide de composants Arduino et de pièces imprimées en 3D semble être une approche innovante. Comment avez-vous eu cette idée et quelles ont été les réactions à ce projet ?

L’idée vient des brocantes, où des jouets télécommandés en panne sont vendus pour 1 ou 2 €. Quand nous trouvons une voiture sympathique avec l’électronique en panne, nous lui redonnons vie avec une carte Arduino. Par contre, si c’est la mécanique qui est cassée, nous récupérons la carte et ses moteurs d’origine pour en faire un bateau télécommandé.

Lors de la participation à des salons Maker, ce sont surtout des jeunes et des professeurs qui sont intéressés par cette démarche que nous leur présentons. Suivant la possibilité, nous leur donnons aussi le moyen de récupérer nos fichiers 3D utilisés pour l’assemblage.

Pourriez-vous nous parler de votre collaboration au sein de l’association MHK, notamment en ce qui concerne les projets de mobilité ? Comment ces collaborations influencent-elles vos créations au quotidien ?

Notre collaboration avec My Human Kit s’inscrit dans la suite logique de nos créations et de notre fonctionnement.

Nos concepts de mobilité sont également partagés dans la documentation de l’association, même lorsqu’ils sont plus orientés vers le divertissement que vers le handicap.

Nos réalisations liées au handicap concernent plutôt différents concepts de 5e roue pour fauteuil roulant. Le retour des porteurs de projet et des utilisateurs est formateur.

Pour ma part, je participe à des ateliers ou à des préparations en amont.

My Human Kit fonctionne sur l’entraide, le partage des projets et des connaissances. C’est une association qui est humainement et techniquement intéressante.

Quels sont les projets en cours et à venir ?

Dans la continuité de notre démarche, il serait bien de réaliser quelques projets entièrement orientés vers le handicap, sans nécessairement se limiter à la mobilité.

Nous avons également envisagé la création d’un véhicule amusant et innovant.

Suivant la même philosophie, nous envisageons probablement de refaire des projets divertissants basés sur l’impression 3D, la découpe laser et l’Arduino. Peut-être même un instrument de musique pour les personnes qui n’ont ni l’oreille ni la connaissance du solfège.

Nous ne pourrons pas tout faire, il faut composer avec la disponibilité de chacun, sachant qu’il faut souvent un temps d’apprentissage pour chaque domaine technique.

Pour l’instant, nous partageons nos projets simultanément sous différents pseudos et sur plusieurs réseaux afin que nos concepts et modes de réalisation se retrouvent immédiatement dans le domaine public, sous licence Creative Commons BY-SA.

La famille se questionne actuellement sur ses modes de communication et sur la stratégie à adopter pour regrouper ses créations.

Il faudra aussi trouver un espace de rangement pour les futurs projets qui, paraît-il, n’ont pas toujours leur place dans la salle à manger.

Jean-Marc Méléard
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