Portrait de Makers #49 > Romain Chefdor

Chargé de mission projets numériques et coordinateur du réseau des FabLabs à Rennes, Romain Chefdor est un enfant d’internet. Diplômé en urbanisme et aménagement, et s’intéressant à la fabrication numérique par le biais du hacking et de l’open-source, il est aujourd’hui en charge d’une mission de développement des usages numériques au sein de Rennes Métropole.

Qui êtes-vous ?

Bonjour les internet, je m’appelle Romain, je viens d’avoir 30 ans, je travaille au sein de Rennes Métropole, avec le collectif du LabFab de Rennes.

Diplômé en Urbanisme et aménagement, vous êtes aujourd’hui Chargé de mission projets numériques pour Rennes Métropole. Quel a été votre parcours ?

J’ai découvert Internet à 8 ans, avec les limites d’accès de l’époque dans les villages bretons : on se connectait à internet à La Poste, dans les « Cyberbases », ou chez les copains, qui avaient un abonnement 128 kbit/s pour les plus chanceux. Confronté à cette inégalité territoriale, j’ai assez tôt été intéressé par le développement de l’accès à Internet, et plus particulièrement dans les zones rurales en France.

J’ai fait mes études autour de l’aménagement du territoire, à l’Université Rennes 2, et en fin de cursus, j’ai souhaité étudier les politiques publiques de résorption de zones blanches et grises de l’ADSL. Dans le même temps, j’ai commencé à m’intéresser à la fabrication numérique par le biais du hacking et de l’open-source.

Ces centres d’intérêt m’ont permis de travailler sur les sujets d’infrastructure à Manche Numérique, le syndicat mixte en charge du numérique pour les collectivités du département de la Manche, avant de travailler autour du développement des usages du numérique et plus particulièrement autour de l’économie numérique. C’est ainsi que j’ai pu participer, en 2013, à la création du premier FabLab mobile en France, le MancheLab, et ainsi commencer à travailler sur les enjeux territoriaux de la fabrication numérique. Aujourd’hui, je suis chargé de mission Numérique à Rennes Métropole.

En quoi consiste votre travail ?

Je travaille au sein du service numérique de Rennes Métropole depuis 2 ans. Je suis chargé d’une mission de développement des usages numériques. Dans ce cadre, je travaille avec un collectif d’acteurs universitaires, associatifs, ou d’entreprises, qui œuvrent pour le développement de la fabrication numérique. Je coordonne l’ensemble de ce réseau, regroupant aujourd’hui 15 lieux de fabrication numérique qui composent le LabFab étendu de Rennes Métropole, en lien avec les politiques territoriales.

Rennes a choisi de créer plusieurs FabLab. Vous êtes chargé de leur coordination, pouvez-vous nous en dire un peu plus ?

Le premier FabLab à Rennes, créé en 2012, a vu le jour au sein de l’École Européenne Supérieure d’Arts de Bretagne. Avec l’EESAB, un ensemble de personnes et d’acteurs ont animé des ateliers et accompagné la création de ce lieu de fabrication numérique : l’association Bug, l’école IMT Télécom, la Ville de Rennes et Rennes Métropole, l’ENS, la Région Bretagne, … Ces partenaires ont, très rapidement, développé l’idée de distribuer les LabFabs partout dans la ville et dans la Métropole de Rennes. C’est chose faite à partir de 2014, avec l’ouverture du LabFab de la Maison des Associations, puis, en 2016, avec l’ouverture de LabFab à Rennes 1, l’Université Bretagne Loire, IMT Atlantique ou encore Rennes 2, à Epitech, ou encore dans des associations comme le Lab’O Cesson ou encore à l’Eco Domaine de l’Etrillet à Bruz.

Aujourd’hui, le LabFab étendu est constitué de 15 lieux de fabrication numérique. L’ensemble de ces lieux sont ouverts à tou.te.s durant les OpenLabs, c’est l’une des composantes communes à tous ces lieux, aux activités et compétences plurielles.

C’est un modèle atypique au niveau français (et même mondial), d’ouvrir autant de lieux de fabrication numérique à tous, dans une Métropole.

Mon rôle aujourd’hui est d’aider leur développement, l’essaimage de nouveaux lieux en lien avec le collectif existant sur le territoire, et le développement de projets collaboratifs dans tous ces lieux.

Parlez-nous du projet FabCity et de l’ambition de la ville de Rennes sur le sujet ?

La FabCity est un mouvement né il y a  7 ans, à Barcelone. L’objectif de cette démarche est d’expérimenter et créer des modèles de villes résilientes, répondant aux enjeux d’un développement soutenable.

Cette démarche s’appuie en grande partie sur les FabLabs et les collectifs de Makers, afin de recréer des circuits courts sur les territoires, et relocaliser de la production de biens, sur les territoires. Ainsi, très schématiquement, ces villes sortent du modèle industriel actuel, où l’on importe des biens  et on en exporte des déchets (« Product In – Trash Out »), vers un modèle où, en s’appuyant sur les filières locales, on relocalise la production sur les territoires. Cette relocalisation transforme le modèle grâce à la documentation ouverte des projets et des méthodes de production, pour aboutir à uniquement un échange de données entre les villes et les territoires (« Data In – Data Out »).

Rennes, a intégré le réseau mondial en juin dernier, et figure parmi les 32 villes pionnières dans le monde. Là où l’ensemble des FabCities s’appuient sur deux ou trois FabLabs, le territoire de Rennes bénéficie d’un réseau de lieu déjà très important avec 15 LabFabs. En s’appuyant sur ces lieux, aux compétences plurielles, il est possible de travailler sur des champs visant à « fabriquer la Ville » de manière concrète, avec les citoyens, les Makers … Par exemple, le collectif IDLV, qui porte l’animation de l’Atelier commun, développe le seul projet Precious Plastic du Grand Ouest français, au croisement entre l’Art et l’Écologie, sur-le-champ du recyclage de la matière plastique. Autour de la captation de la qualité de l’air par les habitants, les LabFabs ont travaillé à l’essaimage du projet allemand  Luftdaten à Rennes, avec plus de 100 capteurs assemblés dans les LabFabs par les citoyens. Enfin, on retrouve des projets autour de la mobilité, avec le prototypage de Vélo Cargo Open Source, le développement de l’OSV, le Véhicule Électrique Open Source, le développement de ViKart avec les enfants rennais, autour de la pédagogie, avec le prototypage de MooCs de la fabrication numérique hybrides, alternant cours en ligne et ateliers présentiels … Tous ces projets, ouverts et documentés, peuvent bénéficier aux FabCities, mais aussi, à tou.te.s, afin de découvrir la fabrication numérique !

Que représente pour vous le mouvement des Makers ?

Le mouvement des Makers remet en valeur les métiers de l’artisanat, qui sont, malheureusement, généralement peu valorisés. Surtout, ce mouvement permet d’apprendre à Faire et de réapprendre à utiliser ses 10 doigts, avec une éthique qui découle de la culture numérique, celle de l’apprentissage, de la transmission en pair à pair et de l’ouverture.

Selon vous, qu’apporte-t-il dans notre société ?

C’est un mouvement qui incarne les concepts d’ouverture, de coopération et de transmission. Le mouvement des Makers incarne les méthodes nécessaires aux transitions écologiques et économiques, à l’aune des enjeux climatiques.

Aussi, ce mouvement peut permettre à certaines personnes de retrouver du sens, en construisant des objets tangibles, et en reprenant confiance dans leur capacité à Faire.

Si vous deviez être une machine à commande numérique, que seriez-vous ?

Je n’ai pas vraiment envie de me réincarner dans une machine de fabrication numérique vue comment elles sont maltraitées et utilisées de manière éreintante !

Mais, comme beaucoup, j’adore utiliser les découpeuses laser : l’apprentissage de la modélisation 2D est simple, et, à la fois, les capacités des machines sont monstrueuses ! On peut découper beaucoup de matériaux, les assembler, et créer rapidement un objet concret !

C’est l’exemple parfait de la rapidité dans le « prototypage rapide ».

Jean-Marc Méléard
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