Titouan Montfort est animateur technique Habitat aux Compagnons Bâtisseurs Bretagne. Après avoir débuté dans l’animation et l’accompagnement des personnes en situation de handicap, il s’est spécialisé dans l’éducation populaire et l’inclusion. Il coordonne divers projets, dont l’Atelier solidaire et le Bricobus urbain, où il utilise le bricolage comme outil d’apprentissage et de réinsertion. Titouan participe également au projet de la Locomotive au Grand Huit, où il intervient auprès de jeunes en réinsertion pour leur transmettre des compétences en menuiserie. Passionné par le manuel et le collectif, il cherche à offrir aux jeunes un cadre propice à la découverte de soi et à l’acquisition de compétences pratiques. En parallèle, il rénove une maison en pierre dans le Finistère et aménage un van pour ses voyages.
Qui es-tu ?
Bonjour, moi, c’est Titouan Montfort. Je suis actuellement animateur technique Habitat aux Compagnons Bâtisseurs Bretagne. J’aime l’art, le bricolage et le voyage. Je suis très curieux, et j’adore partager avec les gens et faire collectif.
Peux-tu nous parler de ton parcours et de ce qui t’a conduit à travailler dans le domaine de la construction ou de l’accompagnement sur les chantiers ?
J’ai débuté dans l’animation en centre de loisirs avant de décider de me spécialiser dans l’accompagnement des personnes en situation de handicap. Cela m’a orienté vers une formation en éducation spécialisée. Mon expérience en tant qu’éducateur m’a permis d’accompagner de nombreux projets de personnes dans les secteurs du handicap, de l’insertion et de la protection de l’enfance.
Dans l’éducation spécialisée, les financements pour les différents projets sont souvent limités. Il faut donc faire preuve de créativité pour amuser et mobiliser des groupes, qu’ils soient jeunes ou âgés, avec peu de moyens. Le bricolage est un formidable support d’apprentissage qui permet aux personnes de prendre conscience de leur capacité à agir.
Par ailleurs, je n’ai aucune expérience formelle dans le secteur de la construction et du bâtiment.
Qu’est-ce qui t’a poussé à rejoindre Les Compagnons Bâtisseurs ?
J’ai eu l’occasion de participer au projet du Laboratoire Artistique Populaire, mené par l’association Keur Eskemm à Maurepas en 2021. C’est à cette occasion que j’ai découvert les Compagnons Bâtisseurs Bretagne.
Lorsque je suis revenu du Québec fin 2023, je cherchais un travail alliant manuel et éducatif. Il se trouvait que les CBB cherchaient quelqu’un. Parfait ! J’adore l’idée d’apprendre par soi-même et de développer des compétences grâce à l’éducation populaire. Le projet des CBB me correspond pleinement.
Sur quels types de chantiers interviens-tu et quel est ton rôle au quotidien ?
Je m’occupe de quatre projets au sein des CBB :
- Atelier solidaire : accueillir et coordonner des projets d’habitants (ex : fabrication de meubles) au sein de cet atelier de quartier.
- Bricobus urbain : dépannage pédagogique chez les habitants de Rennes Métropole.
- Actions collectives : divers projets visant à fédérer bénévoles et habitants autour du réemploi, de l’inclusion et du « faire ensemble ».
- Projets d’inclusion, comme La Locomotive.
Le chantier école au Grand Huit accompagne des jeunes en réinsertion. Comment participes-tu à leur formation ?
Quelles sont, selon toi, les compétences les plus précieuses à transmettre à ces jeunes dans ce contexte ?
Je pense que les compétences les plus précieuses sont la curiosité et la capacité à s’autoriser à rêver et à créer. Trop souvent, les problèmes familiaux, financiers ou de santé viennent perturber l’introspection de la personne et l’empêchent de se projeter. C’est pourquoi elles ont besoin d’un coup de pouce.
Quels sont les défis majeurs que tu rencontres dans ton travail avec les jeunes en réinsertion ?
Les défis majeurs du projet La Locomotive consistent à se coordonner avec les différents acteurs et accompagnateurs afin de permettre, autant que possible, un « après » pour la personne. L’objectif est que cette expérience lui permette de se remobiliser et d’enclencher un projet.
As-tu des projets personnels en lien avec la construction, le bâtiment ou des initiatives dans le mouvement Maker ?
En parallèle des Compagnons Bâtisseurs Bretagne, j’aménage un van pour partir en voyage, je rénove une vieille maison en pierre dans le Finistère et j’essaie d’apprendre constamment de nouvelles disciplines.
Comment vois-tu l’évolution des métiers liés à la construction et à l’accompagnement des jeunes face aux nouvelles technologies et aux enjeux actuels ?
Malgré les nombreux enjeux des prochaines décennies, comme l’environnement, la justice sociale et la santé, il est essentiel de placer l’éducation sur un piédestal, sous toutes ses formes. Même si notre combat pour l’éducation reste incompris par certains, il me semble primordial que chacun apprenne à comprendre autrui et à se comprendre soi-même. Si l’éducation était au cœur des priorités politiques, il y aurait sûrement moins de décrochage scolaire, moins de personnes isolées et moins d’exclusion.
Quels sont tes objectifs ou envies pour les années à venir dans ton domaine ?
Mon travail aux Compagnons Bâtisseurs Bretagne me plaît et me permet de me projeter. Je suis heureux de pouvoir expérimenter la dynamique des tiers-lieux et de développer des projets d’inclusion. Je souhaite réellement devenir polyvalent en menuiserie ainsi que dans d’autres domaines. J’aimerais également intégrer une dimension plus artistique à mon travail.
