Maker, ingénieur, et passionné, Stéphane Laborde est aussi le président de l’association Technistub, le FabLab et Makerspace de Mulhouse qui organise le 21 avril prochain, la quatrième édition du tournoi de combats de robots : Makerfight. Débordant d’idées et d’envies, Stéphane nous raconte tout dans cette interview qu’il a bien voulu nous donner.
– Qui êtes-vous ?
Je suis Stephane Laborde, presque 40 ans et heureux papa de 3 petits monstres que j’essaye d’initier aux joies du DIY. À la ville, je suis ingénieur d’étude en contrôle non destructif, principalement par ultrasons (échographie industrielle). Je travaille dans le domaine de l’énergie et pour imager, je dis souvent que je suis gynéco pour turbine…
Quand le dieu Kronos m’épargne un petit peu, je passe aussi pas mal de temps au Technistub, le FabLab & Makerspace de Mulhouse. J’aimerais y faire encore plus de choses, mais aujourd’hui, cela tourne principalement autour de l’impression 3D, des microcontrôleurs (surtout de type arduino), des robots et je commence doucement à m’intéresser à l’internet des objets (IoT).
– Vous faites partie de l’association Technistub, le FabLab & Makerspace de Mulhouse. Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur ce lieu (date de création, vos valeurs, le nombre d’adhérents, la mission du FabLab…) et quel est votre rôle dans l’association ?
Technistub est le FabLab & Makerspace de Mulhouse. Nous sommes une association à but non lucratif de type loi de 1908 (non pas 1901, Mulhouse n’était pas en France en 1901)… L’association a été fondée en mars 2012 et compte aujourd’hui près de 60 membres actifs. Nous faisons également partie du réseau français des Fablabs (RFFLabs). Nous tenons à l’idée de Fablab *et* Makerspace car même si nous adhérons pleinement aux valeurs des FabLabs et donc à la fabrication *numérique*, nous accordons aussi tout autant de valeur à la fabrication artisanale (non numérique). Nos valeurs sont très classiques pour ce type de lieu avec le fameux triptyque « Apprendre – créer – partager ». On a encore des progrès à faire sur le partage documenté, mais on a quand même quelques choses qui se mettent en place (installation de Fab-manager.com, etc.). On organise aussi quelques événements et en particulier Makerfight !
Pour ma part, je suis au CA de l’association depuis 4 ou 5 ans et le tout nouveau président de l’association (élu hier) et je m’occupe de l’essentiel de l’organisation de Makerfight qui est un mini festival DIY autour des combats de robots.
– S’inspirant de la coupe de France de robotique et des tournois tels que Battlebots, Technistub est à l’origine du tournoi de robots Makerfight avec une quatrième édition qui se tiendra le 21 avril prochain à Mulhouse. Comment en êtes-vous arrivé à monter ce projet, quels ont été les difficultés rencontrées, et pourquoi des combats de robots ?
Le projet a démarré de la façon la plus « Maker » qui soit… Lors d’une session « Open Stub » un vendredi soir tard avec probablement quelques bières déjà éclusées, l’un de nos membres, Julien, a demandé à la volée : « Hey ! Et si on faisait des robots et qu’on les faisait se battre !? ». Et là, on a dit : « Allez ! On le fait ! », trois mois plus tard, on avait 3 robots dans une cage en grillage dans nos anciens locaux avec 50 personnes autour. À partir de là, on s’est dit qu’on avait un truc sympa et on a voulu en tirer parti et s’en servir pour réaliser l’objet de notre association à savoir créer et de gérer un atelier-laboratoire permettant à des personnes de réaliser des projets à caractère technique, technologique ou artisanal, dans un esprit de partage de connaissances. Le lien avec les combats de robot est un prétexte. Un prétexte ludique pour attirer le public, le faire venir afin de lui faire réaliser que faire un robot n’est pas si compliqué. Un peu d’électronique, un peu de code informatique, un peu de mécanique et avec un peu d’aide, on peut y arriver.
En effet, fabriquer un robot pour Makerfight permet deux choses essentielles et les associe entre elles : apprendre et s’amuser. Cela permet de se frotter à de nombreux domaines et de s’initier ou se perfectionner à ces nombreux sujets. On peut voir au moins 3 axes de développement permettant soit d’apprendre de nouvelles choses soit de composer une équipe polyvalente pour arriver au résultat final. D’un point de vue pédagogique, les concurrents pourront notamment utiliser les domaines suivants :
- Mécanique. Le châssis et la structure de votre robot devront être adaptés à votre stratégie et aux contraintes du règlement. Sa fabrication peut se faire en bois, en acier ou tout autre matériau tant qu’il est conforme. Certains voudront modéliser leur robot en 3D avant de le fabriquer d’autres passeront directement à l’établi, mais dans tous les cas, la partie mécanique est inévitable.
- Électronique. Pour se déplacer, se défendre et attaquer, le robot devra comporter des moteurs ainsi que toutes sortes de systèmes plus ou moins sophistiqués. Pour contrôler tout cela, il est nécessaire de recourir à un minimum d’électronique. Cela servira à contrôler les trajectoires et le comportement du robot dans telle ou telle situation.
- Transmission & communication. Le règlement impose que les robots soient pilotés par un membre de l’équipe. Pour des raisons évidentes, la transmission doit être sans fil. Il est possible d’utiliser des modules semblables au modélisme ou de hacker un autre système comme une manette de console de jeux par exemple.
- Programmation. Pour réagir aux différentes commandes, le robot peut (mais cela n’est pas obligatoire) embarquer un ou plusieurs microcontrôleurs. Dans ce cas, un peu de programmation est nécessaire pour s’assurer du bon comportement du robot.
On en profite ensuite pour leur montrer plein de choses autour du DIY autour de l’arène. Faire faire des choses aux gens et les faire expérimenter. On espère créer des vocations et amener des gens dans les FabLabs pour qu’ils créent et partagent les connaissances qu’ils ont acquises.
– Qui peut participer à Makerfight, et quels sont les critères de sélection ?
Il n’y a pas de critères de sélection autres que de se conformer au règlement qui est disponible sur makerfight.fr. Il faut faire le robot soi-même et être capable de le réparer entre les combats.
On encourage tout un chacun à se lancer. On a des exemples de membres de notre FabLab qui ne se sentaient pas de le faire en nous disant qu’ils maitrisaient telle partie, mais pas telle autre. Nous les avons encouragés en expliquant que l’entraide dans un FabLab leur permettra de surmonter les difficultés. Cela a marché et ils reviennent cette année avec un nouveau robot.Ne restez pas seul, si vous avez un FabLab ou makerspace près de chez vous, n’hésitez pas à vous jeter à l’eau, ce sera l’occasion de faire de belles rencontres et de vous familiariser avec toutes les disciplines. Le Réseau français des Fablabs (RFFLabs) compte de plus en plus de labs et il en existe probablement un près de chez vous.
Une autre bonne raison de participer est l’ensemble des récompenses prévues pour les plus vaillants. Cette année, c’est RS components qui offre les lots pour les équipes qui monteront sur le podium. Le vainqueur remportera une imprimante 3D.
- Le finaliste repartira un scanner 3D.
- Le troisième repartira avec une station de soudage et dessoudage.
D’autres lots sont encore en discussions avec nos partenaires, la liste suivra bientôt…
Nous avons aussi prévu que le robot qui sera le plus beau ou le plus original remportera un abonnement d’un an au magazine Hackable.
– Sur le même temps que Makerfight, plusieurs ateliers seront proposés aux visiteurs, quels sont-ils et dans quel but ?
Quels sont-ils ? Il y en a plein ! Le plus important pour nous quand nous invitons des associations ou des Makers à présenter leurs projets, on les incite à proposer des démos ou des ateliers pratiques. On voudrait que les visiteurs puissent faire des choses sur presque tous les stands. On veut faire faire, c’est le plus important. La dernière chose que l’on veut voir sur les stands le jour de Makerfight serait un panneau « ne pas toucher », on veut pouvoir examiner les choses exposées et les manipuler pour comprendre comment elles fonctionnent.
Là aussi, le but est d’intéresser les visiteurs et de susciter des vocations, de ramener le public vers les technologies et lui permettre de se les réapproprier.
Pour cela, on utilise des domaines très différents. On pourra trouver :
- des imprimantes 3D et des fraiseuses CNC
- un pinewood derby
- de la programmation de robot-lego
- un défi robotique « Crunch the flag » par Kidslab
- des tongs connectées
- la fabrication de gel douche DIY par l’école de Chimie de Mulhouse
- du cosplay
- diverses démos de robots
- des bornes d’arcade
- un bras robotique Mrobot
- des drones FPV (volant et roulant)
- des petits jeux comme hack n’ splash
- etc.
Certains de nos partenaires comme le magasin Leroy Merlin de Mulhouse, Thurmelec ou le magazine Hackable tiendront un stand le jour de Makerfight.
– Avez-vous des projets personnels sur lesquels vous travaillez en ce moment ?
En ce moment, je travaille essentiellement à l’organisation de Makerfight… Après cela j’aimerais bien m’attaquer à quelques petits projets comme une TV lift pour cacher l’écran de ma TV quand je ne l’utilise pas et en profiter pour m’intéresser d’un peu plus près à l’internet des objets. Les possibilités sont infinies et la borne TTN qui sera bientôt installée à Technistub permettra de tester ce genre de développement assez facilement. La refonte du mobilier de certaines pièces chez moi est aussi une chose que je voudrais faire cette année. Ce sera l’occasion rêvée de me perfectionner en soudage.
Mon fils aimerait que je fabrique un R2D2 ou un BB8, mais mon niveau en robotique ne me le permet pas encore. Un objectif plus raisonnable et tout de même très sympa pourrait être de transformer un robot de Makerfight en robot-tondeuse pour mon jardin, il faudra juste que mes enfants fassent attention au chien…