Portrait de Makers #45 > David Guglielmini & Ronan Pincemin

Passionnés par le patrimoine, les arts graphiques et les univers légendaires, David Guglielmini & Ronan Pincemin se sont bien trouvés. Ils ont fondé ensemble La fabrique chimérique qui met valeur le patrimoine bâti et paysager, suivant une démarche originale, en transposant des contes et légendes sur des communes via la fusion de deux médias : la photographie et le dessin à la palette graphique.

Qui êtes-vous ?

Ronan Pincemin: Architecte de formation, après un bac STI Arts appliqué à Rennes, je suis revenu à l’illustration qui était ma première passion. Le travail en architecture était très intéressant et m’a beaucoup appris, mais la frustration de ne plus pouvoir dessiner est vite devenue trop importante.
Au début, cette reprise s’est faite ponctuellement, depuis la création de la Fabrique Chimérique en 2014, je continuais à travailler sur quelques missions pour différents architectes du patrimoine. Puis j’ai pris la décision de travailler l’illustration à temps plein il y a maintenant deux ans, sur des projets très variés. Autodidacte, je travaille essentiellement sur des sujets de mise en valeur du patrimoine de Bretagne et dans le fantastique, source inépuisable d’inspirations. J’adore le cinéma, la bande dessinée, littérature SF ou fantasy, les contes et légendes avec le bestiaire fantastique les jeux de société et vidéos… mais également découvrir et visiter des nouveaux secteurs, par des randonnées ou en assistant à différents événements.

David Guglielmini: Passionné par le numérique depuis les années 80, j’ai toujours voulu travailler avec un ordinateur au plus loin que je m’en souvienne. Après des études en errance, j’ai finalement intégré une formation de développeur, pour finalement me rendre compte que ce qui m’intéressait vraiment c’était la création et la manipulation d’images avec l’outil informatique. Au moment de ma formation, la notion de « multimédia » était tout juste naissante et vouloir faire des « gribouillis » sur un ordinateur n’avait pas sens pour beaucoup de gens. C’est aussi à cette période où j’ai compris que le système scolaire était en total décalage avec l’avenir des jeunes. J’ai donc décidé de tout apprendre par moi même au travers de livres et de ce truc émergeant qu’on appelle internet. En parallèle à cette passion numérique, il y a le cinéma et plus particulièrement le cinéma de genre. On y trouve une richesse créative et pluridisciplinaire qu’on ne retrouve nulle part ailleurs. Et pour finir, ma passion s’est étendue à toutes les formes d’art et d’activités liées aux univers fantastiques (BD, jeux, musiques …). Curieusement j’ai découvert la photo relativement tard et c’est le passage au numérique des appareils qui a fait que je m’y suis intéressé. Le côté expérimental était vraiment fun.

Comment la connexion s’est faite entre vous deux ?

Ronan: C’était tout juste après mon diplôme en architecture, j’ai commencé un stage dans une agence d’architecture et du patrimoine, où travaillait Delphine, la femme de David. Elle m’a naturellement accueilli chez eux au début où je cherchais un logement proche de l’agence. J’ai donc rencontré David, on a commencé à discuter cinéma, jeux vidéo, bd et on a tout de suite sympathisé, pour devenir de bons amis !

David: Voilà c’est exactement ça. Delphine me dit « on aura un coloc pendant quelque temps ». Et au final, il est devenu bien plus que ça. Je ne compte plus les parties de jeu de plateau et les discussions interminables sur certains films :). C’est un peu le second enfant de la famille 😀

Passionnés par le patrimoine, les arts graphiques et les univers légendaires, vous fondez La fabrique chimérique. Comment a germé l’idée d’un tel projet et quel est-il ?

Ronan: Ce projet avait commencé avec Delphine, on était admiratifs du patrimoine nous environnant, et souhaitions réaliser un projet de mise en valeur de celui-ci. La question du support s’étant posée, on souhaitait créer un projet original qui pouvait sensibiliser toutes tranches d’âge. David étant photographe, l’idée de mélanger le dessin et la photographie est assez vite arrivée. La photographie devait témoigner de l’existant et l’illustration ajouter ce côté fantastique et décalé  qui ne pouvait pas être photographié. Travaillant à l’encre sur papier, la cohabitation des 2 médiums posait problème techniquement, comment faire les raccords? Un premier test avec un dessin tout numérique à la tablette graphique nous a plutôt séduits et on a commencé un premier projet-test sur la commune de Saint-Pierre-De-Plesguen.

En sélectionnant plusieurs lieux à mettre en valeur, autant architecturaux que paysager, nous avons décidé d’y inclure un conte pour créer un fil conducteur : on allait découvrir un territoire en suivant les aventures de personnages, ici le Chaperon rouge ! Des mises en scènes avec Delphine costumée, prises de photos, et travail en illustration, quelques semaines plus tard, le projet est exposé sur Saint-Pierre-De-Plesguen et trouve un public curieux et très intéressé par notre démarche. Quelques expositions plus tard, un premier contact de la mairie de La Baussaine nous permet de créer notre 2e projet. Conforté par des retours positifs et une autre commande de projet,  c’est vraiment à partir de ce moment là que l’on a décidé de créer notre identité sous le nom de la Fabrique Chimérique !

Ce projet est vite devenu l’occasion de travailler en collaboration avec les habitants, des associations, des conteurs, des communes, médiathèques… On le travaille pour qu’il ait une dimension artistique, culturelle et sociale, voire même familiale, avec des projets de photos de famille sur mesure !

David: Je faisais de la photo depuis quelque temps déjà. Essentiellement du paysage et de l’abstrait. J’avais beau avoir de grands paysages devant moi, je trouvais toujours qu’il manquait quelque chose. Un soir on discutait tous les 3 de ce projet de mise en avant du patrimoine. On était assez d’accord sur le fait que la photo ou le dessin seul était trop « facile ». J’ai repensé à mes photos numériques ou il manquait ce quelque chose et j’ai demandé à Ronan s’il se sentait d’ajouter des éléments dessinés directement en numérique. Les premiers tests ont donc porté sur ce projet commun de mise en avant du patrimoine. Delphine a fait toutes les recherches sur le conte du petit chaperon rouge. C’est aussi elle qui fait la figuration. Les premiers shooting se sont déroulés  à la fin de l’hiver je crois, dans (et autour) de la commune de Saint-Pierre-de-Plesguen. On ne savait toujours pas si techniquement on allait pouvoir fusionner photos et dessins de manière convaincante. Le premier essai sur une photo était plutôt concluant, et on a fini par produire toute la série d’images du conte. Les premiers retours d’expo étaient très encourageants. Et comme Ronan vient de le dire, la suite a été lancée avec la commune de la Baussaine.

Mélangeant la photographie et le dessin à la tablette graphique vous créez des œuvres originales aux univers incroyables. Où puisez-vous l’inspiration ?

Nous avons pas mal de références en commun, que ce soit au cinéma, série, bandes dessinées, littérature, univers Vernien, steampunk, médiéval, fantasy, contes et légendes ! Mais aussi tout ce qui nous entoure, avec la richesse que l’on a sur notre région et territoire. De vieilles fermes, maisons, chapelles, manoirs tombent en ruine, ou d’autres ont eu la chance d’être superbement restaurés, autant de lieux qui méritent le coup d’œil et qui s’adaptent parfaitement à nos univers !

Lorsque vous travaillez sur une oeuvre, quelles peuvent-être les difficultés, les problématiques rencontrées ?

Premièrement, le sujet à montrer, faire le choix de ce qu’on souhaite mettre en valeur. Sur des contes que l’on travaille en 12 visuels, il faut faire des choix, on ne peut pas tout montrer !

Pendant les prises de vues, il faut anticiper l’espace dédié au dessin. Et c’est d’autant plus difficile lorsqu’il y a des figurants qui doivent interagir avec un personnage fictif qui sera dessiné après coup ! On anticipe en faisant des esquisses des lieux avec ce que l’on souhaiterait montrer avant de faire les prises photo et de placer les figurants. On perd moins de temps pendant les shooting photo, même si parfois de nouvelles idées arrivent au dernier moment.

Pour la partie illustration, le plus difficile a été de s’adapter à l’outil numérique, de réapprendre à dessiner avec une tablette. Avec ses avantages et ses inconvénients. L’insertion de l’illustration n’est pas évidente, il faut que les volumes, couleurs et lumières s’intègrent au mieux à la photo pour avoir un ensemble homogène. L’équilibre entre le volume dessiné et ce qui reste visible sur la photo est important également. Le sujet photographié, architecture ou paysage, est un écrin à la mise en scène, et l’illustration doit offrir ce côté décalé et fantastique que la photo ne peut rendre.

Et il y a le coût de réalisation. Toutes les communes n’ont pas les moyens de dépenser une part de leur budget dans ce genre de projet. Même s’il existe des aides régionales ou européennes, les dossiers peuvent être longs et compliqués à monter. D’autres n’ont pas vraiment idée de la somme de travail que ça demande. Il a une forme d’éducation de la création à transmettre.

Que représente pour vous le mouvement des Makers ?

Le mouvement des Makers est une superbe vitrine pour venir découvrir de nombreux talents qui créent des projets originaux voir insolites. Il permet aux exposants de rencontrer un public large qu’ils n’auraient peut-être pas eu la chance de rencontrer, mais aussi de nouer des contacts entre eux. Certaines de ses rencontres aboutissent même parfois à des projets ! C’est une opportunité rare d’associer plusieurs univers et talents, sur un moment riche en rencontres, permettant de nous faire connaître et partager nos passions.
La passion est sans doute ce qui représente le plus ce mouvement, la fierté de montrer ce que l’on peut réaliser et d’échanger avec les autres. Voir l’avenir positivement.

Les 20, 21 et 22 septembre prochain, vous aller participer à l’événement Fabrique! qui se tient à Rennes. Que vous inspire ce type d’événement et qu’allez-vous proposer aux visiteurs ?

Pour nous c’est une chance de pouvoir être exposés pour la 3e fois avec les Makers, après deux cessions à Nantes, à la foire expo et aux Machines de L’Ile qui a offert un cadre magique à l’événement. Nous sommes ravis de pouvoir montrer ce qui nous passionne et de le partager avec le public et les autres Makers. C’est une superbe opportunité pour nous faire connaitre et nous remercions chaleureusement l’équipe de nous inviter à nouveau pour y participer.

Pour la seconde fois, nous allons proposer un atelier photo aux visiteurs.
Ils seront costumés seuls ou en duo dans l’univers médiéval fantastique ou pirate et pris en photo par David. Ils pourront suivre notre démarche de travail avec le nettoyage et retouche photo, puis l’insertion d’élément    pré-dessinés par Ronan pour personnaliser le portrait ! La photo est gratuite et sera envoyée par mail aux participants. L’atelier dure de 30 à 45 minutes.

Jean-Marc Méléard
Nous serions ravis de connaître votre avis

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