Portrait de Makers #12 > Charlotte Perdriel

Créatrice des kits de couture et de broderie « Folie Douce Créations » et de la marque « Charlotte SEMENTA » maroquinerie professionnelle sublimée, Charlotte Perdriel a de l’or dans les mains, une créativité sans limites et une volonté de fer. Découvrez le portrait de cette jeune femme talentueuse qui puise son énergie en mordant la vie à pleines dents.

– Qui êtes-vous ?

Pour une fois, à cette question, je répondrais par : « Je suis une Bourguignonne avec un mélange d’origines italiennes et polonaises. Je suis mariée à un breton rencontré pendant une année d’étude au Québec. Grâce à lui, je suis devenue maman de deux petites filles. Je vis en Bretagne, je suis un peu comme une expat’ régionale ! »

Et je compléterais par : « Je suis quelqu’un qui s’est rendu compte il y a environ trois ans, d’avoir la chance d’être née et de faire partie de cette Vie. Nous avons tous cette chance d’apporter un petit plus à notre monde. Grâce à chacun de nous, les notions de progrès, de révolution, de changement, d’adaptabilité à un environnement existent… Nos enfants seront meilleurs que nous et ainsi de suite. On nous a transmis, partagé, fait découvrir des choses que l’on a pu s’approprier, faire évoluer et ainsi on a pu créer de nouveaux concepts, avoir de nouvelles idées… » J’ai un parcours dans le domaine créatif et des expériences dans la vente. En 2014, j’ai créé, de manière passionnée, un concept de kits de couture et de broderie. Grâce à ça, j’ai découvert le monde des Makers et à ce jour, je franchis l’étape de la création d’entreprise dans les métiers de l’artisanat d’art. Je me dirige vers la maroquinerie de luxe. Étant plus une « manuelle » qu’une « geek », j’élabore une gamme mixte de produits professionnels sublimés pour contenir les objets connectés avant que ces produits deviennent eux même connectés. Je suis aussi curieuse, organisée, faisant de mon mieux et toujours en train de faire quelque chose… »

– Vous avez créé le blog Folies Douces Créations sur lequel vous proposez des kits de couture et de broderie DIY. D’où vous viens cette passion et pourquoi ce blog ?

« J’ai toujours aimé les activités manuelles et les travaux d’aiguille. Quand j’étais petite, j’ai appris à l’école le patchwork et ma grand-mère m’a appris à coudre à la main des habits de poupées. J’ai appris le tricot avec des collègues pendant les pauses déjeuner en 2005.

En 2013, pendant un long temps de reconstruction personnelle, j’ai eu le besoin de me recentrer. Les activités comme la couture, les travaux d’aiguille, le tricot… J’en ai surtout profité pour apprendre à crocheter et à broder de manière autodidacte. J’ai aussi suivi quelques cours de Pascal Jaouen, un brodeur breton de renom.

J’avais besoin de partager et de montrer mes créations aux amis et à la famille se trouvant partout en France et à l’étranger. Au début, je n’étais pas très réseaux et surtout, j’avais une appréhension à partager sur Facebook. Pour moi, ce réseau était synonyme de partage de photos perso pouvant être utilisées à l’encontre d’une personne. Donc parallèlement, j’ai appris et apprivoisé ce média. J’ai découvert la richesse du partage entre internautes lorsque l’on a les mêmes passions. C’est comme ça que le blog Folies Douces Créations est né.

Grâce aux livres, aux magazines, aux tutos vidéo, j’ai pu pratiquer et apprendre les techniques liées aux aiguilles. J’ai trouvé ça facile et accessible à ceux qui souhaitaient s’investir dans ces activités. Il fallait que les explications soient claires. On peut coudre et broder avec seulement du fil et une aiguille et obtenir de beaux résultats. J’avais besoin de transmettre aux personnes intéressées ces savoirs et ses techniques accessibles. C’est comme une recette de Cyril Lignac : le plat est aussi beau et aussi bon que sur le visuel présenté.

Mon concept de kit a pris forme : apprendre la couture et la broderie en concevant un produit utile.

– Quels sont les ingrédients indispensables pour créer un kit de couture ou de broderie, et à qui s’adressent-ils ?

Les ingrédients composant un kit de couture et de broderie sont d’abord une sélection de tissus à motifs associés avec le plus grand soin à des tissus unis ou à motifs. Pour avoir un résultat visuel cohérent et original et au goût de chacun, il est important de faire attention à la taille des motifs et aux mariages des couleurs. Le fil de broderie est de marque DMC. C’est une marque connue du grand public et utilisée aussi par les professionnels pour la qualité de son fil. L’aiguille à broder accompagnant le kit est aussi de cette marque. Enfin, un tuto sur papier avec photo accompagne le projet et l’explique étape par étape. Des dessins illustrent l’apprentissage des points de couture et de broderie à exécuter. L’objectif est que chaque utilisateur puisse aller jusqu’au bout, prendre du plaisir et s’approprier ces techniques.
Une fois celles-ci acquises, l’utilisateur pourra se dire : « Super ! Maintenant que je connais ces points de couture et broderie, je pourrai aussi réutiliser ce tuto et ces techniques avec du tissu récupéré chez moi et en refaire un ! »

Pour réaliser un projet, on a tout à disposition chez soi. Et on n’a surtout pas besoin de machine à coudre, car tous les projets sont à coudre à la main !
Le reste vient de nous. Il faut l’envie de faire et d’apprendre. Une fois l’envie, il faut être patient. Apprendre des techniques nouvelles demande du temps. Pour comprendre et acquérir un geste, il faut faire, faire, parfois défaire et refaire… Ce n’est pas un kit qui peut être réaliser (et consommé) en une heure. Les tissus sont à redécouper aux dimensions indiquées : des carrés ou des rectangles. Les trous ne sont pas préfaits… C’est comme une imprimante 3D, pour la comprendre, le mieux est de la monter soi-même avec l’aide du fabricant. Ici c’est pareil et on en retire une satisfaction immense. On est fier de l’ouvrage accompli. Avec mes projets, c’est plus que de la décoration, car on peut les utiliser après..

Ses projets sont accessibles à toutes personnes ayant l’envie d’apprendre et de faire de ses mains. Même les enfants ayant des aptitudes manuelles, accompagnés d’un adulte, peuvent réaliser un projet !

– Communiquer, partager, transmettre, faire évoluer, découvrir, progresser sont quelques mots qui vous correspondent. Comment avez-vous découvert le mouvement des Makers et quel est votre ressenti sur cette communauté ?

Une affiche attractive dans Rennes suscitant ma curiosité, une balade dominicale en famille intéressée à Saint Malo et me voici en visite à la Mini Maker Faire de Saint Malo en 2016.
Là bas, mes filles ont fait de la soudure, ont manipulé des scies, ont fabriqué des lampes, ont gouté des mini œufs aux plats au gout de mangue et de pannacotta… On a compris les interactions entre collègues et l’esprit d’équipe en jouant au Lego avec Damien de Briques 24, on s’est fait prendre en photo en criant le plus fort possible grâce à Gilles de Gueulomaton… Tout ça m’a parlé… C’était une communauté tellement ouverte aux échanges… partageuse de savoir… généreuse… Mon intérêt pour le monde des Makers s’est alors ancré en moi.

Les valeurs transmises par ces personnes sont tellement aux antipodes de celles vues durant mes années d’études et professionnelles… J’ai été formé au design produit, au design d’espace et au stylisme d’accessoires de mode. Toutes les idées, les créations sont cachées, préservées, brevetées, déposées avant toute communication ou diffusion… C’est un monde où les notions de concurrence, de copie, de contrefaçon sont omniprésentes.

En discutant avec les Makers, en voyant qu’ils parlaient ouvertement de leurs idées, de leurs recherches, de leurs avancées, j’ai rencontré un autre monde. Ils ont tout compris. En partageant leurs savoirs, leurs découvertes, leurs passions, ils nous emmènent vers des choses meilleures. Tout est positif dans leurs créations. Ils font évoluer les gens, ils prennent soin de la planète, ils se font plaisir en construisant, inventant, reliant des choses parfois improbables entre elles. Par exemple : faire de la musique avec des bouts de bois et des circuits électroniques…

Je sais aussi que si on regroupe certains styles de Makers ensemble il y aura aussi cette notion de concurrence… mais je l’ai ressentie moins forte que dans le monde de la création.

Une dernière chose aussi, être un Maker c’est aussi innover en réutilisant, en transformant des techniques, des outils, des produits pas seulement liés à l’électronique, au numérique, à l’imprimante 3D… Être innovant c’est aussi utiliser du vécu pour faire du neuf et utiliser ses mains. Car pour faire un robot, il faut d’abord une bonne dextérité manuelle… Pour moi, être Maker n’est pas synonyme de Geek, mais est synonyme de Faiseur, comme bonheur.

– Depuis peu, vous avez suivi une formation pour devenir « Artisan Créateur en Maroquinerie » qui s’est achevée en décembre 2017. Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur votre expérience et l’apprentissage de ce métier ?

J’ai choisi de suivre pendant 10 mois une formation professionnelle pour devenir Artisan Créateur en Maroquinerie à Cholet. Ma famille a accepté ce choix, car je devais partir à la semaine. Je me suis décidée au bout de deux ans après avoir réalisé n’avoir qu’une vie. Je me suis orientée dans un secteur qui me plaisait et surtout, là où j’avais des facilités. J’ai des aptitudes dans la création, la confection artisanale, la gestion de séries et la vente… Les retombées positives de mes kits de couture et de broderie m’ont fait réaliser que j’étais capable et prête à voler de mes propres ailes. Ce n’est pas facile de trouver le courage de s’éloigner pendant un an de ses enfants et de son mari. J’avais un objectif, celui d’acquérir les bases du patronage en maroquinerie. J’avais besoin d’avoir des conseils de professionnels. Apprendre en autodidacte est très bien, je le conseille à tout le monde. Apprendre par les professionnels et d’eux est aussi une richesse humaine que les textes et les images ne peuvent donner. Les relations humaines, les échanges d’idées et de points de vue, les transmissions de gestes sont importants aussi dans l’apprentissage d’un métier. Tous les formateurs nous ont transmis leur passion, ils ont partagé leur savoir sans retenue. Avec leurs bases, ils nous encourageaient à faire mieux qu’eux, à nous dépasser.

Pendant ces mois de formations, je me suis adaptée à un nouvel environnement, à de nouvelles personnes côtoyées chaque jour, à un programme cadré, à des formateurs investis et passionnés s’adaptant eux aussi à un management dépendant des décisions politiques. La formation fut riche, intense, rapide et longue à la fois. On aurait aimer apprendre plus, toujours plus… C’est comme l’expression « l’appétit vient en mangeant », « plus tu apprends et plus tu as envie d’apprendre plus… » C’était passionnant. Pour une fois, je me suis sentie vraiment à l’aise dans un domaine, c’était facile pour moi.

Pour les compétences nécessaires à l’apprentissage de ce métier, on trouve la dextérité, la rapidité d’exécution, la minutie, la justesse, l’exigence du travail bien fait, la patience, la créativité. La vision en 2D et 3D : du dessin au volume, la compréhension et la rédaction de gammes opératoire (= les tutos dans le monde du DIY), la vente, la communication, l’aménagement d’un stand sont aussi importants. Toutes celles-ci ont été acquises avant la formation grâce à mes activités de création, de vente et de formation sur les événements des Makers et sur les marchés de créateurs.

La formation suivie est qualifiante. Je me suis inscrite en candidat libre pour passer un CAP en maroquinerie. Ainsi, j’ai passé parallèlement les épreuves en juin et j’ai obtenu le diplôme certifiant de mes compétences. En formation, j’ai pu profiter des machines professionnelles, réaliser des prototypes de sacs et m’exercer sur des matières nobles. Le cuir est une matière exceptionnelle et sensuelle. Je suis tombée amoureuse du cuir il y a une quinzaine d’années et cet amour pour cette matière a perduré. Une peausserie de cuir a une histoire, elle est unique. Je pourrais en parler des heures… En as-tu, en avez vous déjà touché ?

– 2018 est un départ vers de nouveaux horizons, quelles sont les prochaines étapes ?

Tout en continuant à m’ouvrir l’esprit et développer ma curiosité sur l’innovation et notre monde de demain, les prochaines étapes pour 2018 sont…

1— Retrouver et peaufiner mon blog sur Facebook Folie Douce Créations mit en parenthèse pendant ma formation à Cholet. Continuer en douceur mon activité de kits de manière passionnée. J’espère aussi participer à un événement de Makers.

2— Mettre à jour sur le blog commencé pendant ma formation. J’avoue, il était difficile pour moi d’écrire pendant la formation. Il me fallait du recul sur ce que je vivais. S’adapter à un nouveau rythme, une nouvelle ville, de nouveaux collègues, continuer son rôle de maman et d’épouse à distance, gérer ma fatigabilité demande beaucoup d’énergie. Il a fallu mettre des priorités. http://charlotteperdriel.fr

3— M’immatriculer pour créer mon entreprise de maroquinerie sous le nom de Charlotte Sementa. Définir mon modèle économique pour en vivre et faire perdurer cette nouvelle entreprise. Trouver la bonne agence pour fonder mon site e-commerce…

Ma première date importante de 2018 : les 7 et 8 avril. Je vais exposer aux Journées Européennes des Métiers d’Arts à Mordelles (35). #JEMA2018

Au plaisir de vous rencontrer…

Jean-Marc Méléard
Nous serions ravis de connaître votre avis

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