Portrait de Makers #24 > Gille Monte Ruici

Sortis tout droit de l’imaginaire de leur créateur multitâches, les robots de Gille Monte Ruici sont assemblés, et conçus avec des matériaux hétéroclites en fin de vie ou de vieux appareils trouvés dans la rue ou chez Emmaüs. Mélangeant poésie, et esthétisme, il en sort des robots expressifs d’apparence humanoïde au look vintage.

Qui êtes-vous ?

Je suis un esprit adolescent hébergé dans une enveloppe corporelle un peu plus âgée… qui s’amuse à détourner et recycler des pièces métalliques pour créer des robots.

Comment la multinationale Gille Monte Ruici a vu le jour, et que signifie ce nom ?

Au sein de cette fameuse multinationale, composée de plusieurs filiales et nombreuses activités parallèles, j’exerce les rôles de manutentionnaire, concepteur, réalisateur, livreur, rédacteur, Directeur RD, comptable, responsable de la buvette et actionnaire majoritaire. Comme j’aime jongler avec les mots, Gille Monte Ruici est l’anagramme artistique de mon nom.

D’où vous vient cette passion pour les robots, la récupération, et l’upcycling ?

L’assemblage de robots s’est spontanément imposé, de par la nature des supports métalliques anguleux, combiné à mon goût pour ces personnages fascinants au look vintage. À titre personnel, je suis sensible à l’esthétique des robots de la seconde partie du XXe siècle : Robby, le géant de fer, Wall-E… C’est à la fois un amalgame de mystère de force, mais aussi d’esthétisme et de poésie. Le métal en tant que support est aisé à travailler, et procure une jolie patine. De plus en plus de produits de notre quotidien étant en plastique, ces assemblages utilisent des objets d’une époque plus ancienne qui marquent nos mémoires et véhiculent une part de nostalgie.

Vous fabriquez des robots, et telle une invasion ils sont nombreux. Combien en avez-vous construit ?

Précisément je ne sais pas, plus de 2OO. Une bonne moitié a été adoptée par des parents aimants et vaccinés contre le tétanos ! le reste squatte toutes les pièces de la maison et s’aère de temps à autre lors de salons ou de Maker Faire. Le psychologue qui me traite pour cette robomanie aiguë me rassure en m’expliquant qu’il s’agit d’une valeur sure ; dans tous les domaines, économiques, militaire, médical, divertissement et industriel ; l’avenir c’est le robot, j’ai juste pris un peu d’avance pour m’accoutumer à les côtoyer au quotidien !

Quel est votre processus de création ?

Ma cave (mon atelier) s’apparente à une quasi annexe de déchetterie, et résulte d’années de stockage de matériel hétéroclite en fin de vie ou de vieux appareils trouvés dans la rue ou chez Emmaüs. Sur la base de ces pièces disparates, que je détourne de leur usage initial, je cherche ensuite à donner une seconde vie artistique à ces assemblages. Des boitiers informatiques, perceuses, extincteurs, grille-pain, fers à repasser ou simples boites métalliques… deviennent alors de ludiques robots. En règle générale, je n’ai aucune idée préconçue, je fonctionne uniquement à l’instinct visuel sur une base de structure plutôt humanoïde. De l’aspect du matériel trouvé naîtra, un corps original, une tête étrange, ou une paire de bras. Soit la vision finale est immédiate, soit l’idée du potentiel nécessite maturation et surgira ultérieurement. L’assemblage est simple et à la portée de tous. J’utilise très peu d’outils : une perceuse avec des forets métal, une pince à rivets, une scie, une lime et de la visserie + boulons pour assembler les pièces. Aucune soudure n’est effectuée je fixe uniquement par perçage et vissage.

En moyenne, combien de temps faut-il pour réaliser une œuvre ?

En fait tout dépend des différentes pièces à trouver pour constituer une certaine harmonie d’ensemble, de forme ou de couleurs. Lorsque toutes les planètes s’alignent en 3 ou 4 heures un robot peut être assemblé. Quelquefois la patience est de règle, ainsi depuis plusieurs mois un tronc attend encore ses jambes dans l’atelier !

Si vous aviez un défi à relever, quel serait-il ?

Chaque composition d’un robot est un challenge, il faut non seulement trouver des matériaux compatibles, mais également aboutir à un ensemble harmonieux. Plus l’élément recyclé semble improbable à réagencer ; plus la satisfaction est importante lorsque l’on aboutit à un beau robot expressif, et comme chaque pièce est unique l’imagination et l’invention sont sans cesse renouvelées.

Vous souhaitez rencontrer Gille Monte Ruici, et découvrir ses robots ? Rendez-vous du 20 septembre au 16 octobre pour l’exposition l’Art d’en jouer qui se tiendra à l’Espace Art et Liberté de Charenton-Le-Pont.

Jean-Marc Méléard
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